Communiqué de la Fondation Jérôme Le Jeune
« Le diagnostic prénatal est formidable pour détecter des problèmes et anticiper des soins. Mais s'il ne sert qu'à éliminer les trisomiques, ça ne va pas.
C'est entrer dans une société eugéniste où les plus faibles n'ont plus leur place. »
Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris et médecin :
Le Quotidien : comment qualifieriez-vous les évolutions de la médecine et, en parallèle, celles de la bioéthique ?
Mgr MICHEL AUPETIT : La médecine évolue et c’est important : plus on a de moyens à disposition, mieux l’on peut soigner les patients. La question bioéthique est : que fait-on de ce progrès technique ?
J'ai peur que nous pratiquions une médecine à l'anglo-saxonne, fondée sur le contrat, et non plus une médecine fondée sur la relation de confiance entre le médecin et le patient, qui est pourtant la tradition médicale française.
Je crois beaucoup à cette médecine fondée sur la confiance : la confiance fait partie prenante du soin
L’homme n’est pas seulement une mécanique ou un complexe moléculaire ou chimique ; c’est aussi une personne qui entre en relation.
Et cette relation fonde le soin, l’accompagnement et la thérapie.
Ce glissement vers le contrat m’inquiète. Je crois à la rencontre de deux libertés : le patient doit avoir la liberté de choisir son médecin ; et le médecin, sauf urgence, n’a pas l’obligation de répondre à tous les desiderata des patients.
C’est le pacte fondateur de la médecine. Le corps médical est dans une situation difficile.
Aujourd’hui, il tend à être considéré comme un prestataire de service.
Et ça c’est terrible. « C’est possible, donc je vous le demande » :
face à de telles sollicitations, le médecin a-t-il encore une latitude pour réfléchir, ou est-il simplement là pour exécuter des ordres ?
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