Et c'est exact : je peux en parler en connaissance de cause, je fais partie de l'équipe St Vincent de Paul qui héberge les sdf, venant d'eux-mêmes ou signalés par des personnes, souvent anonymes.
Ces sdf savent, en arrivant au local St Vincent de Paul, qu'ils ne peuvent pas avoir d'alcool, fumer à l'intérieur et... gros problème : nous n'acceptons pas les chiens.
Ils ont un bon repas, la possibilité de prendre une douche, de pouvoir parler aussi au permanent de nuit, mais malheureusement, ils doivent quitter les lieux tôt le matin, avant 9h, après le petit déjeuner.
La raison est toute bête, il faut nettoyer les locaux du haut en bas et si l'on veut être accueillants, il faut aussi se réserver des heures de repos.
Nous sommes trop peu nombreux : les jeunes ne sont pas légion à faire du bénévolat. Donc, ce sont des retraités qui assurent et le responsable a 81 ans, sa femme la maladie d'Alzheimer.
Il y a aussi maintenant le problème de la mixité : il y a encore 10 ans, les Ursulines mettaient un étage de leur couvent à disposition des femmes sdf, mais elles ont quitté la région, la congrégation n'ayant pas pu assurer les travaux pour être aux normes.
St Vincent de Paul accueille maintenant une vingtaine de sdf tous les soirs, hommes et femmes et le permanent de nuit est bien occupé à devoir veiller à ce que chacun soit bien dans sa chambre et pas dans celle du (ou de la) voisin-e).
Il nous arrive aussi des malades que l'on envoie à l'hôpital où ils passent la nuit, ou bien d'eux-mêmes vont aussi aux urgences directement.
Alors j'imagine bien que Paris ait le même problème : les sdf que j'appelle "des pros" car ce sont eux qui l'ont décidé, se sentent à l'étroit, n'acceptent pas les règles imposées.
Nous en avons plus qui viennent seulement pour prendre une douche ou manger et... qui retournent à la rue dormir avec leurs chiens.
D'où viennent ces jeunes pour la plupart ? ils ont quitté la maison familiale et ont pris la route, croyant à la liberté... La famille ne s'en préoccupe plus, sauf en cas d'accident comme c'est déjà arrivé : ils squattent un immeuble vide et y mettent le feu involontairement. Là, s'il y a un blessé (et il y a déjà eu morts aussi), les familles portent plainte contre... la ville... le propriétaire de la maison squattée.
Mais le propriétaire ne peut pas non plus les mettre dehors l'hiver : c'est un cercle vicieux sont on ne s'en sort pas..
Si bien que beaucoup de villes bouchent les portes et les fenêtres ou demandent aux propriétaires de le faire.
Rien n'est simple et il faut être dedans pour s'en rendre compte.