- Curbud a écrit:
- « Le hasard, ce sont les lois que nous ne connaissons pas! »
Émile Borel
Tout depend de ce qu'on met derrière le mot "loi", cher Curbud.
Voilà un post sur la synchronicité, écrit sur un autre topic.
Bonne lecture ;)
La synchronicité (episode pilote, lol)Le principe de causalité, selon lequel « tout événement a une cause », fonde l'idée du déterminisme naturel qui est au cœur de la science moderne. David Hume est réputé avoir affirmé que la causalité est le ciment de l'univers.
Il apparaît que, dans la nature, de nombreux phénomènes ne répondent pas à cette loi. Sont-ils à exclure du champ de la science, et donc de nos centres d'intérêt ? Ce type d'événement est-il réellement un
hasard ? Du
hasard , on présuppose par habitude et comme allant de soi qu'il est accessible à l'explication causale, et que si on le nomme
"hasard" ou "coïncidence", c'est simplement parce que l'on n'a pas, ou pas encore, découvert la causalité qui le régit.
De quoi s'agit-il alors ? Le concept de synchronicité est né de la réflexion du psychanalyste suisse C. G. Jung avec le physicien Wolfgang Pauli, l'un des pères de la Mécanique Quantique.
La synchronicité se manifeste lorsqu'il y a, dans le temps,
coïncidence signifiante entre un phénomène qui apparaît dans le monde extérieur et la pensée subjective de l'être humain qui assiste au phénomène. On est tenté de soupçonner qu'il pourrait s'agir dans ce cas d'une coïncidence significative, c'est-à-dire de l'ordre du sens.
Par exemple, alors que je suis en train de penser à une personne, le prénom de cette personne est prononcé par une tierce personne qui se trouve à ce moment là à côté de moi, une personne avec laquelle je n'ai rien à voir, une personne qui est là "par hasard ». La précision d'une telle coïncidence signifiante, son intensité, et la fréquence de son apparition, montrent que les coïncidences signifiantes ne sont pas dues au
hasard . Considérant que ces phénomènes ne sont pas dus au
hasard , on peut déduire qu'ils défient la causalité, c'est-à-dire le rapport de cause à effet. Ils sont a-causals. Il suppose que l’événement est ordonné comme s’il était le rêve d’une « conscience supérieure, plus vaste, inconnaissable ».
Il est difficile d'admettre le monde de la synchronicité pour nos esprits occidentaux nourris par l'idée de causalité, mais la synchronicité n'est pas plus énigmatique ou plus mystérieuse que les discontinuités en physique.
En 1929, lors d'un cours à un groupe d'étudiants, Jung déclara : " Le synchronisme est le préjugé de l'Orient, la causalité est le préjugé moderne de l'Occident. J’ai représenté la synchronicité comme une relativité de l’espace et du temps, placée sous la détermination du psychisme ».
Les phénomènes de synchronicité semble reposer sur un fondement
archétypique : quelque incompréhensible que ça puisse paraître, on peut supposer qu’il y a dans l’inconscient quelque chose comme un savoir a priori, inexplicable par la causalité concernant des faits qui ne peuvent pas encore être sus par la conscience.
Pause Pub A titre personnel, c’est un sujet qui m’interpelle, il y a des aspects auxquels j’adhère, d’autres qui me semblent un peu obscures… L'attachement à la synchronicité me semble d’abord relié à un chemin personnel… on lui fait foi, ou non, surtout elle ne s’impose pas.
Ce poste n’exprime pas mon opinion sur la synchronicité, mais une synthèse sur le sujet… Episode final Selon Jung, la synchronicité serait crée par
l’inconscient collectif, un champ psychique infini où le présent et l’avenir existent simultanément. L'inconscient serait ainsi un champ beaucoup plus vaste que ce qu'a pu découvrir Freud, il aurait selon Jung une portée collective. Il serait la mémoire de toute l’humanité et l’âme de l’univers, une supra conscience cosmique qui mettrait le sujet en relation avec un plan d’information universel.
Les objets qu’il contient ont été appelés par Jung
les archétypes. Voici quelques exemples d’archétypes : Dieu (ou le père), l’anima (figure féminine que l’on trouve chez l’homme, l’animus chez la femme), le héros.
Un archétype n’est pas à proprement parler un symbole. Mais les symboles sont souvent, dans les rêves par exemple, une forme vivante d’un ou plusieurs archétypes.
La synchronicité pourrait correspondre à :
- La coïncidence dans le temps de plusieurs événements sans relation causale et ayant le même contenu significatif
- Des actes créatifs
- Synchronicité familiale
- Retrosynchronicité sous forme de cycles et rythmes historiques
Dans une synchronicité, tout se passe comme si un sens inconscient essayait de nous trouver et s'imposait à nous. La synchronicité incite à nous ouvrir à l'autre et à la portée symbolique de certains événements.
Nous avons tous un jour croisé quelqu’un qui a modifié notre destinée. Comme si dans ces moments charnières, l'inconscient nous conviait à des rendez-vous avec nous-même par le biais d'un être, ou même d'un livre qui fait écho à des préoccupations du moment. De notre point de vue, cette rencontre nous apparaît comme le fruit du hasard , mais au niveau collectif de l'inconscient, elle révèle bien souvent un nécessaire détour vers le centre de nous-même..
En guise de conclusion L'intérêt de la synchronicité réside dans la possibilité de construire un pont reliant les mondes de l'esprit et de la matière,
et ceux de la physique et de la psyché ;) .
La chose la plus impressionnante qu’on puisse retenir du phénomène synchronistique est le fait que la dualité esprit - matière semble être éliminée. On peut supposer que pour un individu vivant dans la conscience de l’unité, la synchronicité serait l’état naturel et, à l’inverse, la perception de la séparation une sorte d’amnésie ou de l’ignorance.
Jung a même utilisé le terme de
numineux pour designer cette perception quasi-mystique que l’on rencontre dans la synchronicité et il essaye de montrer qu’entre le Sacré et les expériences de synchronicité, il n’y a pas de différence de nature, mais plutôt de degré. On y découvre de plus, l’indication d’une unité ultime de toutes les existences individuelles réunies dans
l’Unus mundus.
Le dossier scientifique n’est pas clos et nourrit des débats passionnés. Mais l’impossibilité de démontrer scientifiquement cette théorie, ne l’empêche pas de fonctionner.