Mettre fin à l'esclavage de la misère Modifié le 17/10/2017 à 05:38 | Publié le 17/10/2017 à 05:36
- Lutter contre la misère est l'une des tâches les plus urgentes et les plus impérieuses de notre époque. | AFP
Jeanne Emmanuelle HUTIN
Lutter contre la misère est l'une des tâches les plus urgentes et les plus impérieuses de notre époque. Car aujourd'hui, « le pas des mendiants » fait « trembler la terre » comme l'annonçait l'écrivain Georges Bernanos.
D'innombrables personnes sont en marche vers l'oasis Europe. D'Afrique, du Moyen-Orient, d'Asie, elles fuient la guerre, la faim, la persécution, le sous-développement. Elles risquent leur vie et espèrent surtout pour leurs enfants un avenir meilleur, la paix, la sécurité.
Mais, derrière ces migrations dont nous ne voyons d'Europe qu'une infime partie, se trouve la masse des abandonnés. Masse silencieuse, portant le fardeau du jour et la peur non moins écrasante de la nuit. Masse oubliée dans les bidonvilles puants, dans les campagnes arides et poussiéreuses. Masse livrée aux esclavages de la misère.
En cette 30e Journée mondiale du refus de la misère, il faut entendre à nouveau comme une invitation pressante, l'appel jadis lancé par le père Joseph Wresinski, fondateur d'ATD Quart Monde :
« La misère n'est pas une fatalité. Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l'homme sont violés. S'unir pour les faire respecter est un devoir sacré. »Éliminer la misère est à notre portée. Déjà, en trente-quatre ans, la proportion de personnes extrêmement pauvres, vivant avec moins de 1,90 $ par jour, a considérablement diminué. Elle est passée de 42 % en 1981 à moins de 10 % en 2015.
C'est bien le signe qu'il est possible de venir à bout de ce fléau et qu'il convient de redoubler d'efforts pour y parvenir. En particulier pour éradiquer la faim dont souffrent encore deux milliards de personnes dans le monde !
« Osez bâtir avec les plus pauvres »
La lutte contre l'extrême pauvreté est devenue un objectif mondial. En 2015, dans la suite des engagements pour le millénaire, cent quatre-vingt-treize chefs d'État se sont engagés à
« éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde ». Pour y parvenir, sous l'égide des Nations Unies, ils se sont mis d'accord pour atteindre les dix-sept objectifs pour le développement durable d'ici à 2030.
C'est dans... treize ans, alors que la misère elle, n'attend pas pour frapper chaque jour. Pour remporter ce combat, il faut donc un nouvel état d'esprit :
« S'unir et s'associer avec les populations les plus pauvres. Car elles sont les premières à résister à la misère et à la combattre, jour après jour », explique Sophie Maréchal de ATD Quart Monde.
Cette alliance indispensable suppose de
« faire avec » elles, de leur donner
« la possibilité de montrer le meilleur d'elles-mêmes, ce dont elles sont capables » et ce qu'elles
« peuvent apporter à la société », écrit Moraene Roberts
(1).
Construire les projets de développement avec les personnes concernées est gage de réussite et cela, de plus, renoue le lien social. Pour preuve, en France, le succès des
« territoires zéro chômage de longue durée ».
Et dans les pays en développement, l'essor de l'agro-écologie qui permet aux communautés villageoises de s'organiser, de rester sur leurs terres et de s'y développer.
Éradiquer la misère ne peut se faire qu'avec ceux qui en souffrent. L'appel d'ATD Quart Monde qui résonne en ce jour est plus que jamais d'actualité :
« Nous avons tous le même avenir. Pour penser et construire ensemble un monde de paix qui ne laisse personne de côté, osez bâtir avec les pauvres. »(1) « La dignité de donner » Les Études - octobre 2017 « Repenser la misère avec ATD Quart Monde. »- Spoiler:
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