La Chrétienté?
Lex orandi/Lex credendi
(Rom.10/13-17. Ss.Augustin et Célestin)
En effet, la question se pose de savoir, parmi toutes les communautés ecclésiales qui se réclament du Christ, quel est le principe catholique les unissant en une même catégorie? A notre avis, c’est l’axiome liturgique lex orandi/lex credendi, formulé par saint Célestin, employé par saint Augustin, concrétisé par l’Église entière, arméniens, romains, anglicans, luthériens, coptes, réformés, baptistes, méthodistes et byzantins, au sacrement universel de la foi chrétienne, le saint baptême. Or, s’il est avéré que le baptême est le lien ultime de l’identité chrétienne, alors force est d’admettre les ingrédients constitutifs qui l’autorisent, soit le Canon scripturaire et le Symbole, inaltéré, de Nicée-Constantinople. A telle enseigne, que trois synodes ont prohibé la plus infime altération du texte du Symbole de Foi, les conciles œcuméniques d’Éphèse, en 431, de Chalcédoine, en 451, et le troisième de Constantinople, en 681. Quant au canon biblique, bien que des variations existent au sujet de son extension, tous s’accordent pour tenir au moins soixante-six livres comme canoniques, tel que le Quini-sexte de 692 l’a établi.
Alors, pourquoi une telle division, puisque le Credo a été réputé irréformable? Parce que, le libellé de sa foi comporte quatre énoncés problématiques, s’articulant selon un mode dialectique, celui de l’un et du multiple : Un Dieu/trois Personnes, un Seigneur/deux natures, un Baptême/des péchés, une Église/des communautés. Pour résorber ces impasses doctrinales, plusieurs conciles furent convoqués, certains postulats furent avancés, succession apostolique/épiscopale, infaillibilité pontificale ou libre-examen. Or, toutes ces avenues se sont avérées aporétiques. L’interrogation rebondit, donc, de savoir comment résoudre ces nœuds dogmatiques, tout en évitant le fractionnement confessionnel?
A notre avis, une juste considération du Symbole pourrait nous fournir aisément la clé de l’intrigue. Car, à y regarder de près, on s’aperçoit que l’article pascal du Credo, article fondateur de la Foi, selon I Cor.15, précise que ce miracle ne peut être cru, qu’en tant que conforme aux Écritures canoniques. A combien plus forte raison, tout la tradition de l’Église doit-elle s’y soumettre, à commencer par le Symbole catholique? A ce titre, le fameux précepte Sola scriptura ne peut-il se comprendre qu’à l’intérieur du Credo, qu’il ne peut contester sans s’abolir, en tant que norme ultime et non unique de la doctrine chrétienne.
Certes, le Credo est scripturairement établi, dont la durée atteste la validité, d’après Hé.13/8-9, II Pie.1/19-21, Eph.4/4-7, Jd.3 ou Ac.5/33-42, entre autres. Néanmoins, pourquoi ne pas proclamer la suffisance de cet exposé de foi, sans plus, puisque validé par la durée et la scripturalité? Parce qu’une définition de foi n’est pas un axiome mathématique, emprisonné dans la finitude de l’ « être-pour-la-mort » heideggerien, mais, au contraire, un tremplin vers l’éternité, l’infini de Dieu, au moyen de la prière, dont il circonscrit les paramètres, afin d’éviter l’errance, l’erreur ou l’hérésie, qui nous feraient manquer le but de toute invocation: Dieu et son salut, selon Rom.10/13, Ac.4/12 ou Jn.17/1 etc…
Par conséquent, une fois la validité du Credo, clôture de la prière, selon le principe liturgique lex orandi/lex credendi, établie par la durée, ou la tradition, alors toutes ses virtualités doivent-elles être précisées, conformément aux Écritures, si nous voulons lever tous les obstacles au salut.
C’est pourquoi, à propos de Dieu, l’Église énonça-t-elle le dogme de la très sainte Trinité, aux conciles de Nicée, en 325, et de Constantinople, en 381. Ensuite, en ce qui concerne le Christ, ce fut au tour des conciles d’Éphèse, en 431, de Chalcédoine, en 451, des deuxième et troisième de Constantinople, respectivement en 553 et en 681, de préciser les arcanes du mystère de l’Incarnation. Plus tard, puisque le Saint-Esprit agit quand il lui plaît, selon Jn.3/8 et II Tim.2/9, on procéda à l’approfondissement de la doctrine baptismale, à la diète d’Augsbourg, en 1530, avec la notion du sola fide. Enfin, la question herméneutique de l’Église reçu sa résolution, avec la concorde de Wittenberg, en 1536, par la doctrine de la manducatio indignorum, laquelle, parce qu’affirmant la présence réelle, lors de la synaxe eucharistique, sut river au socle de l’être tout l’édifice de la théologie.
De sorte qu’à la fin de cette note, nous croyons avoir dégagé l’ « Esprit de la Foi », qui devrait réunir toutes les dénominations chrétiennes. C’est le Symbole, inaltéré, de Nicée-Constantinople, tel que précisé entre 325 et 1536, conformément aux Écritures canoniques, unique concrétisation cohérente du principe liturgique lex orandi/lex credendi. Ainsi, en sera-t-il fini des diktats du papisme, des ukases de l’épiscopalisme ou des élucubrations du libre-examen. Une seule Église chrétienne est en marche, que rien ne pourra arrêter, selon la foi synodale d’un seul Credo, authentiquement catholique.
Alain Rioux
M.A. philosophie