Pape François - Histoire d'une fidélité ratée
2016-03-03 L’Osservatore Romano
Se reconnaître pécheurs et être capables de demander pardon est le premier pas pour répondre avec clarté, sans tergiverser, à la question directe que Jésus adresse à chacun de nous: «Es-tu avec moi ou contre moi?». L’invitation à s'ouvrir de manière inconditionnée à la miséricorde de Dieu a été relancée par le Pape au cours de la Messe célébrée dans la matinée du jeudi 3 mars, dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe.
Au début de la première lecture, a immédiatement fait remarquer François, le prophète Jérémie (7, 23-28) «nous rappelle le pacte de Dieu avec son peuple: “Ecoutez ma voix, alors je serai votre Dieu et vous serez mon peuple. Suivez en tout la voie que je vous prescris pour votre bonheur”». C'est «un pacte de fidélité». Et «les deux lectures — a-t-il poursuivi — nous racontent une autre histoire: ce pacte a été rompu et aujourd'hui l'Eglise nous fait réfléchir sur l'histoire, nous pouvons l'appeler ainsi, d'une fidélité ratée». En réalité, «Dieu reste toujours fidèle, parce qu'il ne peut pas se renier lui-même», en revanche le peuple égrène les infidélités «l'une après l'autre: il est infidèle, il est resté infidèle!». L’«infidélité du peuple de Dieu», comme notre infidélité, «endurcit le cœur: ferme le cœur!»; et «elle ne laisse pas entrer la voix du Seigneur qui, comme un père plein d'amour, nous demande toujours de nous ouvrir à sa miséricorde et à son amour». Mais «quand le cœur est dur il ne comprend pas cela» a expliqué François. En effet, «la miséricorde de Dieu ne se comprend que si tu es capable d'ouvrir ton cœur, afin qu'il puisse entrer». Et «cela va de l'avant, va de l'avant: le cœur s'endurcit et nous voyons la même histoire» dans l'Evangile de Luc (11, 14-23) proposé aujourd'hui par la liturgie. «Il y avait ces personnes qui avaient étudié les Ecritures, les docteurs de la loi qui connaissaient la théologie, mais ils étaient très, très fermés. La foule était étonnée: l'étonnement! Car la foule suivait Jésus. Certains diront: “Mais elle le suivait pour être guérie, elle le suivait pour cela”».
La réalité, a fait remarquer François, était que les gens «avaient foi en Jésus! Ils avaient leur cœur ouvert: ils étaient imparfaits, pécheurs, mais leur cœur était ouvert». En revanche, «ces théologiens avaient une attitude fermée». Et «ils cherchaient toujours une explication pour ne pas comprendre le message de Jésus».
«Telle est l'histoire, l'histoire de cette fidélité ratée, — a dit François — l'histoire des cœurs fermés, des cœurs qui ne laissent pas entrer la miséricorde de Dieu, qui ont oublié le mot “pardon” — “Pardonne-moi Seigneur!” — simplement parce qu'ils ne se sentent pas pécheurs: ils se sentent les juges des autres». Et c'est «une longue histoire qui dure depuis des siècles».
«Cette fidélité ratée est expliquée par Jésus avec deux mots clairs, pour conclure le discours à propos de ces hypocrites: “Qui n'est pas avec moi est contre moi”». Le langage de Jésus, a redit le Pape, est «clair: ou tu es fidèle, avec le cœur ouvert, au Dieu qui est fidèle avec toi ou tu es contre Lui: “Qui n'est pas avec moi est contre moi!”». Mais en effet, a dit François, «il existe une issue: confesse-toi, pécheur!». Car «si tu dis “je suis pécheur”, ton cœur s'ouvre et la miséricorde de Dieu entre et tu commences à être fidèle». Avant de poursuivre la célébration, le Pape a invité à demander «au Seigneur la grâce de la fidélité».