Histoire d'embêter Arnaud:
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Contribution : n° 40
Date: 06/04/2012
Nom: Action Familiale et Scolaire.
Sujet: Sommes-nous sûrs de connaître le troisième secret de Fatima ?
SOMMES-NOUS SÛRS DE CONNAÎTRE
LE TROISIÈME SECRET DE FATIMA ?
LivreEn janvier 2012 est paru en librairie un livre de Joseph de Belfont intitulé : « Mystères et vérités cachées sur le troisième secret de Fatima ». N'est-ce qu'une étude de plus sur ce que l'on appelle communément le troisième secret et qui n'est en réalité que la troisième partie de l'unique secret confié par la Sainte Vierge à trois petits bergers le 13 juillet 1917 ? Il nous semble que non.
Nous nous permettons de recommander la lecture de son étude pour les raisons suivantes : étonné de voir les discussions autour de l'authenticité du texte du secret diffusé le 26 juin 2000 par le Vatican, et non convaincu par les arguments autant des tenants de l'authenticité que de ses opposants, l'auteur a voulu faire sa propre analyse et il expose dans son livre le fruit de son travail. Son objectif est d'essayer de trouver une réponse aux questions suivantes : le texte diffusé par le Vatican est-il vraiment l'intégralité de la troisième partie du secret de Fatima ? Ou n'en est-il qu'une partie ? Ou bien est-ce un texte complètement étranger à Fatima ?
L'intérêt de cette étude est de comparer les trois hypothèses possibles. Celles-ci ont été défendues par divers auteurs, tous dignes de crédit, le Vatican défendant comme il se doit la thèse de l'authenticité. Mais dans les publications faites jusque-là, chaque auteur défendait son point de vue, sans toujours répondre aux arguments opposés avancés par les tenants des autres thèses.
Joseph de Belfont quant à lui a cherché à comparer les hypothèses sans en privilégier une a priori. Pour cela, il a réuni les arguments des uns et des autres pour les opposer et essayer de voir quelle est la solution la plus vraisemblable. Pour ne privilégier aucune des trois hypothèses, il appelle "secret officiel" le texte diffusé par le Vatican le 26 juin 2000, et il cherche à savoir si ce texte est l'authentique secret écrit par sœur Lucie en janvier 1944, ou une partie seulement, voire un texte complètement différent.
Avant d'aborder l'analyse des différentes thèses en présence, l'auteur commence par présenter une synthèse du message de Fatima. En effet, le troisième secret n'étant qu'une partie d'un unique secret, pour bien en comprendre le sens, il est indispensable de bien avoir présent à l'esprit ce que contient le reste du message. Pour cela, l'auteur fait la synthèse de toutes les paroles que Notre-Dame ou Notre-Seigneur confièrent à sœur Lucie, non pas seulement au cours des apparitions de Fatima, mais aussi au cours de celles de Pontevedra et de Tuy. Il montre l'extraordinaire unité du message délivré entre 1917 et 1930. Il en fait une synthèse très claire, résumant en six points ses grandes caractéristiques :
- la prière et les sacrifices pour la conversion des pécheurs ;
- la récitation quotidienne du chapelet ;
- la dévotion au Cœur Immaculé de Marie ;
- Marie Médiatrice de toutes grâces ;
- les fins dernières ;
- les prophéties.
A elle seule, cette partie justifierait la lecture de ce livre. Car elle est un véritable précis sur l'histoire et le message de Fatima, à tel point que des amis ont conseillé à l'auteur de ne publier que cette partie pour avoir un ouvrage court et pratique sur Fatima et la dévotion au Cœur Immaculé de Marie.
En conclusion de cette première partie, Joseph de Belfont constate que le secret officiel n'a en apparence aucune relation avec le contenu du reste du message. En particulier, les quatre premiers points n'apparaissent absolument pas dans la vision alors qu'ils sont absolument omniprésents et de façon très claire dans toutes les autres parties du message.
Dans la deuxième partie, Joseph de Belfont analyse les réactions des papes vis-à-vis du secret en général et de sa troisième partie en particulier. Il constate une similitude d'attitude très surprenante entre tous les papes, depuis Pie XI jusqu'à Jean-Paul II. Tous semblent avoir eu une méfiance inexpliquée envers le secret, tant vis-à-vis de la troisième partie que des deux premières. Ainsi, si trois papes ont voulu faire la consécration de la Russie, aucun n'a respecté l'intégralité des six conditions fixées par la Sainte Vierge, conditions qui se trouvent dans la deuxième partie du secret et précisées par les apparitions de Pontevedra et Tuy. Aucun n'a approuvé, ni même simplement parlé de la dévotion des premiers samedis du mois. Certains ont même eu des phrases très surprenantes qui ne peuvent absolument pas s'expliquer par la simple lecture du secret officiel. Ainsi, Jean XXIII déclara que le troisième secret ne concernait pas son pontificat alors que la vision du secret officiel ne comprend aucun élément de date.
Cette partie historique est une excellente synthèse de la position des papes sur cette question et résume en quelques pages une série de détails, connus certes, mais qui n'avaient pas toujours été rapprochés. Il y est rappelé la coïncidence extraordinaire entre la première consécration de Pie XII, le 8 décembre 1942, et le revirement de la guerre de 1940, ainsi qu'entre les consécrations de Jean-Paul II en 1982 et 1984 et la chute du mur de Berlin.
L'analyse des deux consécrations faites par Jean-Paul II est présentée avec une grande objectivité et conduit à une conclusion très convaincante.
Mais en conclusion de cette partie, l'auteur constate que le texte diffusé le 26 juin 2000 n'apporte absolument aucune explication à l'attitude de méfiance qu'eurent les papes à son égard, ce qui fait que loin d'avoir résolu les questions soulevées, cette partie en a plutôt augmenté le nombre.
Joseph de Belfont s'est alors attaqué à l'analyse de l'important dossier joint au texte diffusé le 26 juin 2000, en augurant que beaucoup d'interrogations soulevées précédemment y trouveront une réponse.
Outre le texte du secret officiel et les deux premières parties du secret, ce dossier comprend quatre autres documents : une introduction de Mgr Bertone, l'allocution du cardinal Sodano le jour de la diffusion du secret, une lettre du pape Jean-Paul II à sœur Lucie et un commentaire théologique signé du cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
Malheureusement, loin d'apporter des réponses, Joseph de Belfont constate que ce dossier ne fait qu'épaissir la question. Il relève plusieurs incohérences entre les diverses pièces du dossier et l'histoire connue de Fatima. Au passage, il découvre des choses étonnantes. Par exemple, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi affirme qu'à Lourdes comme à Fatima, il n'y a pas eu d'apparition proprement dite de la Sainte Vierge, mais simplement une vision intérieure des voyants.
Dans tout le dossier officiel du Vatican, le message de Fatima est réduit à un appel à la prière et à la pénitence, sans aucune précision sur les prières ou les pénitences demandées, alors que le message de Fatima, comme l'auteur l'a expliqué dans la première partie, donne de nombreuses précisions sur les prières et les sacrifices demandés par Notre-Dame. Ainsi le but des prières et sacrifices demandés, à savoir la conversion des pécheurs, est totalement occulté. De même, la dévotion au Cœur Immaculé de Marie n'est pratiquement jamais évoquée dans le dossier et est limitée au fait de conformer notre cœur au "fiât de Marie".
Non satisfait des informations trouvées dans le dossier, Joseph de Belfont analyse alors quatre importantes interventions du Vatican en 2001 et 2007. Mais là aussi, ces interventions, loin d'apporter les éclaircissements nécessaires, ajoutent de nouvelles incohérences. Il découvre ainsi que le Vatican a fini par reconnaître l'existence de deux enveloppes contenant le secret, mais affirme sans en fournir la preuve que les deux enveloppes contiennent chacune le même texte. Et une nouvelle fois, l'auteur constate que les explications données autant par le dossier que par les interventions ultérieures ne fournissent aucune réponse aux questions soulevées par le secret officiel.
Les trois analyses précédentes, celle du message de Fatima, celle de la position des papes et celle du dossier du Vatican, n'ayant pas permis d'expliquer les incohérences entre le secret officiel et le reste du message, Joseph de Belfont analyse alors successivement les trois hypothèses en présence. Il part du principe que celle qui résoudra le plus de questions et présentera le moins d'incohérences avec l'histoire du secret sera la plus probable. Ainsi, il reprend tous les arguments avancés et les confronte à l'histoire de Fatima et au message. Sa conclusion est étonnante. Nous ne la révélerons pas pour ne pas déflorer l'intérêt que suscite la lecture de ce livre, car, comme le reconnaît l'auteur dans son introduction, le goût universel des hommes pour les énigmes est un stimulant pour la lecture. Et il n'a pas hésité à utiliser cet effet pour conduire le lecteur jusqu'à sa conclusion. Sa démonstration est convaincante, car il ne laisse rien au hasard et s'est efforcé de réunir, de la façon la plus exhaustive possible, tous les arguments des partisans ou détracteurs de la position du Vatican. Il fait toutefois remarquer que cette conclusion n'est pas nouvelle. En particulier, elle était déjà en filigrane dans les conclusions des meilleurs auteurs ayant écrit sur Fatima, bien avant la diffusion du secret officiel.
Pour terminer, Joseph de Belfont propose des actions concrètes et pertinentes, tant au plan spirituel que sur un plan pratique, pour remédier à la situation présente et mieux suivre les demandes de la Sainte Vierge. Ces propositions devraient satisfaire aussi bien les lecteurs convaincus par sa démonstration que ceux qui resteront sceptiques ou opposés.
Aussi, nous recommandons vivement la lecture de ce livre, ne serait-ce que pour avoir une meilleure connaissance du message de Fatima et de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Au demeurant, l'analyse des textes diffusés par le Vatican soulève des questions troublantes et les réflexions auxquelles elle conduit, autant sur l'avenir du monde que celui de l'Église, sont très intéressantes et méritent qu'on s'y arrête. Enfin, le schéma d'enquête en toile de fond maintient l'attention en alerte jusqu'à la conclusion, avec parfois des rebondissements inattendus à la suite des interventions du Vatican.
H. L.
Pour l'Action Familiale et Scolaire n° 217
38, avenue Niel — 75017 Paris
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