Foi, handicap et bipolarité.

Bonjour ,

Je suis embarrassée par une question très douloureuse.
Je suis bipolaire (on disait maniaco-dépressive autrefois) maladie qui consiste - je simplifie- à passer très vite d'une exaltation démesurée à une dépression très profonde, en très peu de temps. Grâce au traitement, je suis bien stabilisée, mais ma vie de foi souffre de ces variations d'humeur très imprévisibles. Comme beaucoup de personnes souffrant de ce mal, j'ai une foi profonde, et la religion tient une grande place dans ma vie. Le danger peut même être qu'un excès de ferveur me fasse basculer.
Mais ce n'est pas pour cela que je vous demande de l'aide. Les bipolaires ont du mal à rester stables, et leur foi est souvent chaotique et tourmentée. C'est mon cas. Je prie beaucoup seule, le soir, mais j'ai du mal à me joindre à des réunions collectives, à aller à la messe. la volonté ne peut rien. Je ne sais pas bien expliquer, mais beaucoup de bipolaires ont tendance à se replier un peu sur eux-mêmes, sans être asociaux.Je crois que c'est parce que nous sommes hypersensibles et souvent blessés par la réalité.Chaque détail nous porte au coeur comme un coup de poignard. Un médecin saurait mieux vous en parler.
Alors, je voudrais savoir ce que l'Eglise peut proposer d'un peu adapté aux bipolaires . Nous ne sommes pas , en général, assidus aux offices. Notre foi est souvent malmenée et en proie aux doutes. Et si je peux parler au nom de tous, en bref, nous nous sentons seuls et abandonnés.
Peut-être que d'autres handicapés pourraient se joindre à moi pour apporter leur témoignage et contribuer à tous nous aider à vivre mieux notre foi, malgré les difficultés...

Coeurdemarie.

Je connais un chrétien comme toi, il prend je crois un traitement à base de lithium...
Il a parfois tenté d’arrêter son traitement, mais cela le ramène dans ses excès.
Par contre, du moment qu'il suit bien son traitement, cela ne semble pas l'affecter particulièrement. Il est marié et a 3 petites filles.
Il est là tous les dimanche, je pense que sa femme doit être un élément stabilisateur pour lui et probablement motivant pour venir au culte.
Je n'ai pas le sentiment qu'il se sente handicapé.
Nous sommes tous différents psychologiquement parlant et la normalisation de la société n'est qu'apparente.
Extraverti, introverti, timide, exubérant... Sans être pathologique on a tous nos hauts et nos bas , nos faiblesses chroniques.

Je pense que tu peux essayer d'utiliser ce qui te semble une malédiction dans le domaine de l'art par exemple... L'écriture peut être ??

Je vais prier pour que tu trouve une oreille attentive à ton problème, un chrétien qui devienne ton ami et puisse t'aider et te comprendre, le fait d'être épaulé, cela sera plus facile pour toi d'aller à l'église.

En Jésus Christ,

Bonjour Fox,

Je veux bien que vous connaissiez un bipolaire parfaitement stabilisé dans sa foi et qui va régulièrement à la messe. Mais, par pitié, ne généralisez pas: ce serait méconnaître la souffrance d'un grand nombre de bipolaires dont la foi est affectée par cette maladie.
Si je pose la question, c'est que le problème existe.
Je vous serais reconnaissante de ne pas l'évacuer. Il existe au moins un dossier " Bipolarité, psychiatrie et foi " qui confirme ce que je vous dis.(tapez ce titre sur google,excusez -moi, mais je n'ai pas le lien/ c'est un fichier pdf)
Ma souffrance vient surtout de ce que je n'arrive pas à répondre aux attentes de l'Eglise concernant les croyants. Pour les handicapés mentaux ,comme les trisomiques, il existe des associations qui les soutiennent et leur offrent la possibililié d'être enfants de Dieu, selon leurs moyens. Les bipolaires, eux, sont malades mais leur intelligence est intacte et certains ont poursuivi avec succès leurs études. On ne sait pas qu'ils existent.
Je crois que vous confondez la bipolarité et la simple cyclothymie. La bipolarité est une grave maladie, la seconde maladie mortelle après le cancer, en raison des suicides fréquents. Les effets secondaires des médicaments, qui ne se réduisent pas au seul lithium, peuvent assommer complètement un malade et l'empêcher de mener une vie normale , ou procurent une fatigue intense, difficile à imaginer si on ne l'a pas vécue. Parfois les bipolaires ont du mal à se tenir debout, souffrent d'une soif intense, de maux de tête intolérables,etc.
Je crois que votre ami ne vous raconte pas les ennuis qu'il rencontre dans sa vie quotidienne du fait de sa bipolarité;
Quant à moi, je vis seule.

Chère CoeurdeMarie,
L'Eglise ne propose à ma connaissance rien de spécifique pour vous. Mais mon conseil est le suivant : il vous faudrait un père spirituel personnel, bon et sage, connaissant la nature de votre souffrance, et qui saurait adapté la pratique religieuse à votre cas. Ce père spirituel peut être une femme, un laïc. Ce n'est pas un problème à notre époque où les prêtres se font rares.

Bonjour coeurdemarie,
J'ai un ami comme vous, lui est équilibré il ne faut surtout pas arrêter votre traitement.
Cet ami a une baisse de régime environ deux fois par ans,
Courage House.

Bonsoir Coeurdemarie
J'ai une amie aussi qui est bipolaire, avec beaucoup de haut et de bas ! elle est enseignante. Son traitement est très, très difficile à cause des effets secondaires : par exemple, elle ne peut pas aller au soleil (à cause du lithium je pense).
Comme toi, elle s'est sentie mal à l'aise et même rejetée parfois au niveau de la paroisse.
C'est en allant prier et à la messe dans une communauté de religieuses qu'elle a pû se sentir un peu mieux. Elle y va quand elle peut et a aussi réussi à partager avec elles.
Voilà. Peut-être que cela peut t'aider ? Arnaud te conseille un père spirituel : tu peux peut-être trouver cela au sein d'une communauté religieuse ?
Bon courage.

Il y a des groupes d'église mais autour du handicap mental ou physique.
Faut voir s'il y en a dans ta région.
En fait donner un coup de fil au diocèse en même temps que demander à quelqu'un de ta paroisse de faire des recherches parallèles dans un agenda des regroupements de fidèles,associations. diocésaines etc...

Bonjour ou bonsoir coeurdemarie

Je te propose un lien qui pourrait t'aider.

http://agape.imadiff.net/agape/retraite-agape.html
Aller sur le programme Agapè.

Pour en avoir fait une, il y a très peu d'années, cela m'a beaucoup apporté.
(c'est un apostolat au sein de l'Eglise Catholique)
Tu ne seras pas toute seule, il y aura un accompagnateur ou accompagnatrice qui sera là pour toi, lors de cette session.
Si tu désires plus de renseignements, je te les transmettrais par MP.

Je prie pour toi en te confiant à Marie.

Oui, merci, je retiens la suggestion de vivre la messe en communauté: c'est déjà moins stressant et fatigant que de la vivre avec tous à l'Eglise. Pour le soutien spirituel, il y a une maison des petites soeurs des pauvres, à côté de chez moi,et je sais qu'il s'y trouve des religieux et religieuses : je vais demander.
Je suis enseignante moi-même ,je fais ma rentrée vendredi, et justement,je consacre tous mes efforts à faire mon métier avec compétence et comme n'importe quelle autre, si bien que j'arrive le week-end complètement épuisée, d'autant que j'ai eu à lutter tout la semaine contre les effets secondaires des médicaments souvent forts.Même stabilisée depuis 20 ans, et mettant un point d'honneur à ne jamais poser d' arrêt de travail, je ressens énormément de fatigue et ma vie en Eglise s'en ressent.

Merci à ceux qui se sont montrés bienveillants.

coeurdemarie a écrit:

Bonjour Fox,

Je veux bien que vous connaissiez un bipolaire parfaitement stabilisé dans sa foi et qui va régulièrement à la messe. Mais, par pitié, ne généralisez pas: ce serait méconnaître la souffrance d'un grand nombre de bipolaires dont la foi est affectée par cette maladie.
Si je pose la question, c'est que le problème existe.
Je vous serais reconnaissante de ne pas l'évacuer. Il existe au moins un dossier " Bipolarité, psychiatrie et foi " qui confirme ce que je vous dis.(tapez ce titre sur google,excusez -moi, mais je n'ai pas le lien/ c'est un fichier pdf)
Ma souffrance vient surtout de ce que je n'arrive pas à répondre aux attentes de l'Eglise concernant les croyants. Pour les handicapés mentaux ,comme les trisomiques, il existe des associations qui les soutiennent et leur offrent la possibililié d'être enfants de Dieu, selon leurs moyens. Les bipolaires, eux, sont malades mais leur intelligence est intacte et certains ont poursuivi avec succès leurs études. On ne sait pas qu'ils existent.
Je crois que vous confondez la bipolarité et la simple cyclothymie. La bipolarité est une grave maladie, la seconde maladie mortelle après le cancer, en raison des suicides fréquents. Les effets secondaires des médicaments, qui ne se réduisent pas au seul lithium, peuvent assommer complètement un malade et l'empêcher de mener une vie normale , ou procurent une fatigue intense, difficile à imaginer si on ne l'a pas vécue. Parfois les bipolaires ont du mal à se tenir debout, souffrent d'une soif intense, de maux de tête intolérables,etc.
Je crois que votre ami ne vous raconte pas les ennuis qu'il rencontre dans sa vie quotidienne du fait de sa bipolarité;
Quant à moi, je vis seule.

Bonjour,

Je ne souhaitais pas évacuer le problème, et je connais cette maladie, je voulais vous encourager c'est tout (on peut fonder une famille et vivre sa foi malgré cette maladie, cette maladie comme beaucoup de maladie mentale donne des dons singuliers pour l'art...) ce n'est pas une fatalité quoique ce soit difficile à vivre. (et sans aucun doute, seul vous, le savez)
Le conseil d'Arnaud est surement le bon.

Bonne journée

Merci Fox, mais j'ai 53 ans et j'ai renoncé à fonder une famille dès l'âge de 23 ans parce que dans les années 80, mes médecins me l'ont formellement déconseillé : la bipolarité est en grande partie génétique, et peut rendre difficile la cohabitation avec quelqu'un ainsi que la responsabilité d'un foyer, à cause des fluctuations d'humeur gravissimes et des hospitalisations . Ils ne se seraient pas permis de me conseiller si à l'époque j'avais eu un petit ami , mais je n'en avais pas, et je croyais déjà que je pouvais vivre heureuse en Dieu, grâce à ma foi.
De nos jours, les médecins sont moins alarmistes.
Mais rassurez-vous, je suis heureuse sans enfants et sans mari. Rien n'est impossible à Dieu.

coeurdemarie,
je vous avoue que, n'ayant pas trop de réponse à votre cas, je ne puis que vous assurer de nos prières en famille pour vous !

Unis en Jésus-Christ et Seigneur.

Le problème, Spidle, c'est que si vous voulez suivre le Christ, Il mettra sur votre route plein de "cas sans réponse" dans mon genre et dans d'autres genres , et que, si vous pouvez effectivement parfois les porter dans votre prière, le Christ vous demandera certainement de vous investir bien plus et de ne pas vous désengager trop vite.
L'ennuyeux avec les "cas sans réponse", c'est qu'ils vous tirent longtemps par le manteau pour que vous leur donniez une réponse ou les "miettes".
Mais vous avez de la chance: je prépare ma rentrée et j'ai un peu pitié de vos 27 ans.

Coeurdemarie, oui, allez voir les Petites Soeurs des Pauvres : elles sont très écoutantes et accueillantes.
Tenez nous au courant.

coeurdemarie a écrit:

Le problème, Spidle, c'est que si vous voulez suivre le Christ, Il mettra sur votre route plein de "cas sans réponse" dans mon genre et dans d'autres genres , et que, si vous pouvez effectivement parfois les porter dans votre prière, le Christ vous demandera certainement de vous investir bien plus et de ne pas vous désengager trop vite.
L'ennuyeux avec les "cas sans réponse", c'est qu'ils vous tirent longtemps par le manteau pour que vous leur donniez une réponse ou les "miettes".
Mais vous avez de la chance: je prépare ma rentrée et j'ai un peu pitié de vos 27 ans.

Croyez-bien que je suis ien loin de me désengager.
Et pourtant, face au handicap, je ne saurait avoir réponse à tout.

Du "bas" de mes 27 ans, j'ai vu beaucoup de souffrance autour de moi, et en ai eu très peu moi-même. Alors bien souvent, la prière est ce qui me reste quand je n'ai plus de réponse.

Mais voyez-vous, beaucoup de gens apprécie de savoir qu'une personne prie pour elle, et c'est parfois la seule chose qu'on peut finir par proposer à une personne qu'on ne connait point, qui a beaucoup souffert, et à qui on parle de Jésus.

Je prierai donc pour vous, en vous souhaitant de trouver réponse à votre soif d'avoir une vie de foi ancrée dans le Christ, et la moins perturbée possible par votre handicap.

Le Seigneur voit les coeurs qui crient vers Lui. Il vous donnera des réponses, et ma prière va en ce sens, soyez en sûre...

Coeurdemarie, il y a aussi la Fraternité Catholique des malades, dont voici un lien :

http://www.diocese-annecy.fr/rubriques/haut/services-et-mouvements/sante/fraternite-chretienne-des-personnes-malades-et-handicapees-f-c-p-m-h/ms_document_view

Peut-être y en a t-il dans votre région ?

Bonjour coeurdemarie,

Je me permets de répondre à votre message, bien que nouveau sur ce forum. J'ai 38 ans et je souffre de PMD moi aussi depuis mon adolescence. Pour faire bref, j'ai traversé l'enfer sur terre à cause de cette terrible maladie, notamment des dépressions intenses qui m'ont conduit plusieurs fois au bord du suicide. Mais malgré cette vallée de larmes, je rends grâce à Dieu d'avoir toujours été à mes côtés, même et surtout quand je ne m'en rendais plus compte. Aujourd'hui, je continue mon chemin de guérison avec Lui, j'ai une adorable femme et deux merveilleux enfants que je pense épargnés par la maladie. Quant à ce que vous dites des difficultés de vivre la foi en église, je le comprends très bien et j'avoue que j'ai eu moi aussi d'énormes difficultés. Pendant 20 ans, bien que très croyant, j'ai été dans l'impossibilité de communier à la messe le dimanche, le fait de me retrouver parmi des "gens bien portants" était au dessus de mes forces et me rendait fou de rage. Maintenant, depuis quelques temps, je vis une nouvelle grâce, le Seigneur m'a donné l'envie et la capacité d'aller très régulièrement à la messe dominicale et le fait de partager l'Eucharistie avec mes frères et sœurs en Christ a créé chez moi déjà un premier miracle, un véritable sentiment d'appartenance à l’Église. Et se sentir avec les autres, ce n'est pas rien pour un PMD !

Voilà mon témoignage et où j'en suis pour l'instant. Gloire à Dieu et paix aux hommes et femmes de bonne volonté

sephirot2010 a écrit:

Bonjour coeurdemarie,

Je me permets de répondre à votre message, bien que nouveau sur ce forum. J'ai 38 ans et je souffre de PMD moi aussi depuis mon adolescence. Pour faire bref, j'ai traversé l'enfer sur terre à cause de cette terrible maladie, notamment des dépressions intenses qui m'ont conduit plusieurs fois au bord du suicide. Mais malgré cette vallée de larmes, je rends grâce à Dieu d'avoir toujours été à mes côtés, même et surtout quand je ne m'en rendais plus compte. Aujourd'hui, je continue mon chemin de guérison avec Lui, j'ai une adorable femme et deux merveilleux enfants que je pense épargnés par la maladie. Quant à ce que vous dites des difficultés de vivre la foi en église, je le comprends très bien et j'avoue que j'ai eu moi aussi d'énormes difficultés. Pendant 20 ans, bien que très croyant, j'ai été dans l'impossibilité de communier à la messe le dimanche, le fait de me retrouver parmi des "gens bien portants" était au dessus de mes forces et me rendait fou de rage. Maintenant, depuis quelques temps, je vis une nouvelle grâce, le Seigneur m'a donné l'envie et la capacité d'aller très régulièrement à la messe dominicale et le fait de partager l'Eucharistie avec mes frères et sœurs en Christ a créé chez moi déjà un premier miracle, un véritable sentiment d'appartenance à l’Église. Et se sentir avec les autres, ce n'est pas rien pour un PMD !

Voilà mon témoignage et où j'en suis pour l'instant. Gloire à Dieu et paix aux hommes et femmes de bonne volonté

Merci pour votre témoignage !

C'est fort sephirot et gentil pour coeurdemarie.
sephirot membre du forum depuis hier !!!!