La Chine confrontée à de violents accès de protestation Incidents le 12 juin 2011 à Xintang
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PEKIN (AFP) -
La Chine a été secouée par de violents accès de protestation ces
dernières semaines l'ayant obligée à déployer sa police en masse, des
poussées de fièvre qui illustrent le ressentiment croissant d'une grande
partie de la population à l'égard du pouvoir.
Donnant une image
opposée à la "société harmonieuse" prônée à longueur de discours par le
président Hu Jintao, les mouvements de grogne ont surtout ciblé les
autorités locales chinoises -- accusées de corruption, d'abus de
pouvoir, d'expropriations illégales -- à un moment ou Pékin s'inquiète
des soulèvements populaires dans le monde arabe.
"Il y a tant de
catégories sociales gagnées par la colère. Il existe un contexte global
de tensions entre le gouvernement et la population", confirme Zheng
Yongnian (Université nationale de Singapour).
La région
cantonaise (sud) a connu la semaine dernière de violents incidents à la
suite d'une altercation entre un couple de travailleurs migrants, des
vendeurs ambulants, et des membres des forces de sécurité. Une foule de
centaines de personnes en colère a jeté des briques et des bouteilles
sur des policiers, selon l'agence de presse officielle Chine nouvelle.
Policiers déployés le 13 juin 2011 à Xingrang
© AFP Apple Daily
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La manifestation a été dispersée
par la police, qui a fermé les routes à la circulation, et 25 personnes
ont été arrêtées. Des centaines de policiers ont été déployés, ainsi
que des blindés.
La situation dans
cette région de Xintang restait tendue mercredi avec de nombreuses
patrouilles des forces de l'ordre, selon un employé d'hôtel joint par
téléphone par l'AFP.
Des centaines
d'habitants ont par ailleurs affronté les policiers la semaine dernière
dans une autre ville de la province du Guangdong, après qu'un ouvrier a
été blessé à l'arme blanche, en raison d'un conflit salarial.
Des heurts ont
aussi opposé plus de 1.500 personnes à la police jeudi à Lichuan, dans
la province du Hubei (centre), pendant une manifestation de protestation
contre la mort en garde à vue d'un élu local. "Des problèmes locaux ont
tendance à dégénérer en raison de l'inquiétude croissante causée par
d'autres questions comme l'inflation", explique à l'AFP Russell
Leigh-Moses, analyste installé à Pékin.
"Une fois que vous
avez institué la stabilité (sociale) comme priorité absolue, les
responsables gouvernementaux auront recours à toutes sortes de moyens, y
compris la violence, contre les manifestants. Cela ne peut que faire
empirer les choses", souligne M. Zheng. Face aux carences du système
judiciaire, des Chinois se retrouvent souvent poussés à des actions
violentes pour exprimer en dernier ressort leur désespoir, a-t-il
affirmé.
Un marché le 14 juin 2011 à Huaibei
© AFP
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L'inflation en Chine a atteint
en mai son plus haut niveau en près de trois ans, et la hausse des prix
est potentiellement explosive. De nombreuses catégories de Chinois
subissent de plein fouet l'envolée des prix, notamment les paysans, les
retraités et les ouvriers migrants.
La sécheresse et
les inondations qui ont frappé ces dernières semaines des régions du
centre et du sud de la Chine ont aggravé la crise.
En avril, les
chauffeurs de poids lourds du port de Shanghai - le plus grand port de
conteneurs au monde - s'étaient mis en grève plusieurs jours d'affilée,
pour protester contre la baisse de leur pouvoir d'achat et la hausse du
coût du gazole.
Et le mois
dernier, la région autonome chinoise de Mongolie intérieure a vu des
manifestations sans précédent de Mongols contre la surexploitation de
leurs ressources minières ou la marginalisation de leur culture. Pékin,
après avoir déployé de très importantes forces de l'ordre, a été forcé
d'annoncer une refonte de l'industrie minière dans la zone.
Le Premier
ministre, Wen Jiabao, "a de façon répétée insisté sur l'importance des
réformes politiques, mais rien ne se passe", conclut Zheng Yongnian.