Citation de Grégoire Palamas sur la (vision béatifique): n'est pas un acte de l'intelligence

« La contemplation de cette lumière est une union, bien qu’elle ne dure pas chez les imparfaits. Mais l’union avec la lumière est-elle autre chose qu’une vision ? Et puisqu’elle s’accomplit avec l’arrêt de l’activité intellectuelle, comment s’accomplirait-elle, sinon par l’Esprit ? Car c’est dans la lumière qu’apparaît la lumière et c’est dans une lumière semblable que se trouve la faculté visuelle ; puisque cette faculté n’a d’autre moyen d’agir, ayant quitté tous les autres êtres, c’est qu’elle devient elle-même tout entière lumière et s’assimile à ce qu’elle voit ; elle s’y unit sans mélange, étant lumière. Si elle se regarde elle-même, elle voit la lumière ; si elle regarde l’objet de sa vision, c’est aussi de la lumière ; et si elle regarde le moyen qu’elle emploie pour voir, c’est là encore de la lumière ; c’est cela l’union : que tout cela soit un, de sorte que celui qui voit n’en puisse distinguer ni le moyen, ni le but, ni l’essence, mais qu’il ait seulement conscience d’être lumière et de voir une lumière distincte de toute créature » (trad. J. Meyendorff, Triades 2, 3, 36).

Cher Scholasate,

Il est bizarre de dire que la vision béatifique s’accomplit avec l’arrêt de l’activité intellectuelle et qu'elle s'accomplit par l’Esprit Saint.
Il faut les deux !


En effet, Il faut quelqu'un qui reçoit (l'homme). et quelqu'un qui est vu (Dieu).

Oui mais l'homme n'est-il pas en quelque sorte divinisé dans la vision béatifique ? Ainsi l'expression "arret de l'activité intellectuelle" signifierait le dépassement radical de nos facultés naturelles par une capacité surnaturelle donnée par Dieu pour le voir.

Antoine

Le texte ne dit pas que l'Esprit est l'Esprit saint. Il y a en grec un vocabulaire beaucoup plus subtil qu'en latin, et c'est pour moi une source de problèmes, quand on dit, par exemple, que le Fils est l'Intelligence, etc. Le mot grec nouss (sans doute utilisé ici pour Esprit), et non pneuma, signifie une faculté de notre esprit créé, mais une faculté capable de voir Dieu non dans son "essence" mais dans ses "énergies", où Dieu est vraiment lui-même, mais en tant qu'adapté à notre faculté de le "voir". Où il ne s'agit plus de vision, mais du jaillissement de nous-même hors de nous-même, autant que Dieu jaillit hors de lui-même pour se porter à notre rencontre, sans être différent de lui-même et cependant "petit", "humble", ...
Je trouve ce vocabulaire philosophique non seulement beaucoup plus adapté au problème théologique en question, mais aussi beaucoup plus adapté à la culture "existentialitste" contemporaine. C'est peut-être beaucoup demandé quand on doit déjà convaincre le troupeau des intégristes que la mort n'est pas ce qu'on leur a toujours appris, mais qu'elle se réalise dans une certaine durée... Bon courage !

AntoineG a écrit:

Oui mais l'homme n'est-il pas en quelque sorte divinisé dans la vision béatifique ? Ainsi l'expression "arret de l'activité intellectuelle" signifierait le dépassement radical de nos facultés naturelles par une capacité surnaturelle donnée par Dieu pour le voir.

Antoine

Etre divinisé, faire une seule chair avec Dieu, c'est le langage der l'amour.

Mais Dieu fait cette alliance sans détruire en rien notre nature. C'est un peu comme dans le mariage : on fait une seule chair (= langage de l'amour), mais on reste deux (réalité de l'être).

scholasate a écrit:

Le texte ne dit pas que l'Esprit est l'Esprit saint. Il y a en grec un vocabulaire beaucoup plus subtil qu'en latin, et c'est pour moi une source de problèmes, quand on dit, par exemple, que le Fils est l'Intelligence, etc. Le mot grec nouss (sans doute utilisé ici pour Esprit), et non pneuma, signifie une faculté de notre esprit créé, mais une faculté capable de voir Dieu non dans son "essence" mais dans ses "énergies", où Dieu est vraiment lui-même, mais en tant qu'adapté à notre faculté de le "voir". Où il ne s'agit plus de vision, mais du jaillissement de nous-même hors de nous-même, autant que Dieu jaillit hors de lui-même pour se porter à notre rencontre, sans être différent de lui-même et cependant "petit", "humble", ...
Je trouve ce vocabulaire philosophique non seulement beaucoup plus adapté au problème théologique en question, mais aussi beaucoup plus adapté à la culture "existentialitste" contemporaine. C'est peut-être beaucoup demandé quand on doit déjà convaincre le troupeau des intégristes que la mort n'est pas ce qu'on leur a toujours appris, mais qu'elle se réalise dans une certaine durée... Bon courage !

Il faudrait enlever la majuscule au mot Esprit.

Dans ce cas, je suis d'accord : C'est l'esprit humain tout entier qui aime (volonté), voit (intelligence)et "possède" (volonté) Dieu. Et l'essence même de l'âme est d'abord surélevée par une grâce ENTITATIVE (= DANS SON ÊTRE) qu'on appelle la lumière de gloire.