Génétique : des fécondations entre trois gamètes rendues possibles
maxisciences.com, dimanche 25 avril
Grande-Bretagne – Une dizaine d’embryons issus de trois gamètes de trois parents différents ont été conçus par des scientifiques britanniques. Il s'agit d'une première mondiale. Cette innovation permettrait de venir à bout de certaines mitochondropathies, mais soulève cependant d’importantes questions éthiques, notamment celle du clonage.
Durant l’expérience, qui a eu lieu à l’université de Newcastle upon Tyne, des embryons ont pu être formés à partir de trois gamètes : deux ovules et un spermatozoïde. Le but n’était pas une simple expérimentation, mais bien la découverte d'une technique permettant de soigner les maladies mitochondriales.
Les mitochondries sont des structures situées à l’intérieur même des cellules. Elles fournissent de l’énergie permettant à la cellule de fonctionner. Elles possèdent leur propre ADN, lequel n'est transmis que par la mère au moment de la fécondation. Lorsque cette dernière transmet un ADN mitochondrial anormal à l’embryon, les risques de fausses couches sont très élevés. Lorsque le fœtus parvient tout de même à se développer, voire à naître, il peut être atteint de nombreuses maladies mitochondriales. Les affections les plus fréquentes sont un ptosis (chute de la paupière supérieure), des myopathies, un diabète, une démence, de l’épilepsie, une cécité…
Un bébé sur 6.500 souffre d’une maladie mitochondriale. La plupart de ces nourrissons meure quelques heures après la naissance. Aujourd'hui, le transfert de l’ADN mitochondrial d’un "troisième parent" saine pourrait empêcher cet état de fait.
Les scientifiques utilisent la technique de la Fiv (fécondation in vitro). Tout d’abord, les gamètes d’un premier couple, sain, entrent en fusion. Les scientifiques prélèvent alors l’ADN nucléaire, c’est-à-dire les gènes provenant du spermatozoïde et de l’ovule, afin de ne garder que le matériel mitochondrial de la mère. L’ADN du père n’intervient aucunement par la suite : la technique ne fait donc intervenir que trois "parents", même si quatre personnes sont impliquées.
L’ADN nucléaire issu de la fécondation du couple non sain, bénéficiaire de la manipulation, est ensuite injecté avec le matériel mitochondrial de la mère saine. On obtient ainsi un embryon sain, renfermant les gènes du couple souhaitant un enfant.
Pour des questions d’éthique, les embryons surnuméraires ayant survécu ont été détruits au bout de six jours. Leur implantation dans un utérus humain est interdite. Cette découverte, bien qu’elle puisse bouleverser la vie de nombreux couples privés de paternité, remet au goût du jour certaines questions de bioéthique, comme celle du clonage.