Signification de "Et avec votre esprit"

Que signifie le répons "Et avec votre esprit" ?

Cher Olivier

Je pense que ce que vous citez se sont les paroles de la fin de la messe: 'Le Seigneur soit avec vous', et nous répondons 'et avec votre esprit'.

En portugais la traduction littérale de ce que nous répondons est: 'Il est au milieu de nous'. Apperemment bien différente et plus logique. Et moi aussi je me suis demandé ce que peut bien dire ce 'et avec votre esprit'. Si la source à partir de laquelle les traducions sont faites est la même et je pense que c'est vrai, je dirais que le 'et avec votre esprit' est plus proche du latin. Le 'Dominus vobiscum, et cum spiritu tuo', je m'en souviens encore.

Peut-être que Dominique pourra nous aider.

Cher Olivier JC

Citation :

Que signifie le répons "Et avec votre esprit" ?

Et avec le Feu d'Amour, le Seigneur avec nous, étant la Lumière de Connaissance, animée par le Saint Esprit, le soufle brûlant d'Amour.

Qu'en pensez-vous?
amitiés
Christian

J'en pense que vu que le répons s'adresse au prêtre et qu'il n'y a pas de majuscule à esprit, c'est de l'esprit du prêtre qu'il s'agit.
Est-ce là la marque de sa qualité de chef de la communauté ? La commuanuté ne fait qu'un dans le Christ, avec le prêtre comme représentant le Christ-tête. Il s'agit de l'esprit du prêtre, non en tant qu'homme, mais en tant qu'homme ordonné, en tant que prêtre.

A votre avis ?

Est-ce que ça voudrait pas dire simplement : "Et avec toi aussi." ?

Citation :

Il s'agit de l'esprit du prêtre, non en tant qu'homme, mais en tant qu'homme ordonné, en tant que prêtre.

A votre avis ?

S'il s'agit du prêtre ordonné, il s'agit bien de Jésus Christ et donc de l'Esprit Saint qui nous envoie dans le monde en début de semaine
Christian

lagaillette a écrit:

Est-ce que ça voudrait pas dire simplement : "Et avec toi aussi." ?

OUI.C'EST CELA QUE CELA VEUT DIRE.
C'EST EXACTEMENT CELA.
DANS LE MILLE, LAGAILLETTE.

''Que l' amour de Dieu le Père, la Grâce de Jésus-Christ Notre Seigneur et la communion de l' Esprit Saint soit toujours avec vous''

''Et avec votre esprit!''

C'est une réponse qu'on doit dire à la messe, suite à la formule , pour signifier qu'on s'engage, en quelque sorte à bénir le prochain, c'est à dire tout le monde, en fait et à souhaiter que ce qui est commun à tout être humain: l' esprit, soit uni à l'Esprit de Dieu à l' Esprit Saint.


C'est un rappel du devoir de bénédiction , une formule propre au Christianisme.

Sachant qu'à la messe, on n'est pas censé connaître la personne qui se trouve à côté de nous, bien qu'elle soit censée être chrétien(ne) comme nous, puiqu'elle se trouve à la messe.
Mais selon moi, cette formule est un rappel du devoir de bénédiction qui incombe à tout disciple du Christ ou qui se dit tel(le).

Mais les juifs utilisent d'autres formes pour bénir le prochain '' Shalom'' , les musulmans (dans les pays de langue arabe) '' salaamat''
Les bouddhistes ont coutume de joindre les mains et de s'incliner devant la personne.

L'essentiel est de toujours bénir le prochain.


''Bénissez, ne maudissez pas''

Saint Paul.

Camelia

C'est vraie, chère CaméliaSoleil,

Et cette expression est ainsi passée dans le français à cause de l'histoire de ces textes liturgiques qui remonte aux tous débuts de l'Eglise.

En termes modernes, voilà ce qu'on pourrait dire.

Citation :

Le prêtre: "Je vous souhaite d'être en communion avec le Seigneur"

Les fidèles: A vous de même, et qu'il ne quitte pas vos pensées."

Mais Dominique, qui est latiniste, va nous aider. Je lui écris.

bonjour,

je n'ai rien de plus à dire que Lagaillette et Camélia .
"et avec votre esprit" est la traduction littérale (à part le vouvoiement qui n'existe pas en latin) de "et cum spiritu tuo".

La notion d'esprit est fondamentale dans notre vie spirituelle. C'est cette partie que les Pères de l'Eglise appellent de manière plus propre (en se référant aux paroles de l'Ecriture): "l'Image et la Ressemblance".
Toujours selon eux, l'être humain (qui est créé à l'image et à la ressemblance de Dieu), quand il s'éloigne de Dieu ou sort de sa communion, il perd la ressemblance mais garde l'image.
Prenons un exemple: l'esprit serait comme la pâte à modeler. "L'image" est la pâte elle-même, sa capacité, de par sa nature, telle qu'elle est créée par Dieu, d'entrer en relation directe, immédiate (sans médiation) avec la Nature divine. La "ressemblance" serait la forme que prend la pâte à modeler. Si nous aimons les créatures de manière idolâtre, alors notre esprit prend la "forme", la "beauté" de ces créatures. Si par contre nous aimons Dieu (culte de latrie), notre esprit revêt lentement la "forme" ("forme sans forme" dira saint Jean de la Croix, car Incréée, difficile à décrire) de Dieu lui-même, sa beauté! De fait c'est Dieu qui imprime sa beauté en nous, dans cette partie la plus profonde de notre être, notre esprit.
Si nous sommes comme une montagne, le sommet de notre être (notre esprit) est au delà des nuages et peut voir le Soleil (Dieu). Par contre le corps et l'âme, sont en dessous des nuages.
Le Christ dit qu'il est nécessaire de faire renaître cette partie de notre être afin de pouvoir "voir" le Royaume, ou Dieu. C'est par le développement de la Semence du Baptême, que cette parti de notre être reprend, pas à pas, la Forme divine perdue, la Ressemblance.

Saint Paul dit: 1 Thessaloniciens 5,23 : "Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers; que tout votre être, l'esprit et l'âme et le corps soit conservé sans reproche à l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ."
Un autre verset montre la distinction entre l'esprit et l'âme est Hébreux 4,12: "Car la parole de Dieu est vivante et efficace, et plus pénétrante qu'aucune épée à deux tranchants; et elle atteint jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit."
Ou encore: Jn 3,6: "Ce qui est né de l'Esprit est esprit."
Enfin: "Heureux les pauvres en esprit" (Mt 5,3).

C'est cet "esprit" auquel on se réfère durant les prières publiques de l'Eglise ("et avec votre esprit"). Cet esprit est cette partie de la montagne, de notre être qui se situe "au delà des nuages", dans le "supra-conscient". C'est pour cela que nous parlons souvent de "foi", car ce qui voit en nous c'est l'âme, l'intelligence, la conscience – et l'âme par définition ne peut voir directement Dieu car elle est trop petite. Ce qui n'est pas le cas de notre esprit. De fait, l'esprit est bien plus élevé, et est touché par Dieu directement. L'âme elle, n'est touchée que par les Paroles qui sont Esprit et Vie. L'esprit en fait c'est "le cœur" au sens biblique, la partie la plus profonde de notre être et qui entre en contact direct avec Dieu. Partie mystérieuse, "à moitié morte" au départ comme cet homme de la parabole du Bon Samaritain, et qui est renouvelée, pas à pas, au fil de notre écoute de la Parole et surtout au fil de notre immersion en Dieu, par la Communion Eucharistique et par la Prière du Cœur qui en est le prolongement durant la journée.
C'est pour cela aussi que le prêtre, avant d'entrer dans la partie la plus profonde du Mystère de Dieu dans la Messe dit: "Elevons notre cœur". Et nous répondons: "nous le tournons vers le Seigneur". C'est ce "cœur", ou "esprit" dont il s'agit dans la Contemplation, qu'est la seconde partie de la Messe, la liturgie Eucharistique, cette entrée dans la Circulation divine, où le Ciel s'ouvre de manière particulièrement forte (nous rejoignons les Anges et les Saints dans leur louange et dans leur adoration).
C'est pour cette raison que l'esprit du Prêtre et le Nôtre, sont immergés dans une profonde contemplation, immergés en Dieu, ravis et béats dans cette LumièreAmoureuse qui les prend en Elle. C'est surtout à ce niveau que la seconde partie de la Messe se place. C'est pour toutes ces raisons (et bien d'autres) que le dialogue entre le prêtre et les fidèles vise à éveiller notre attention à cette réalité profonde, bien plus réelle et bien plus importante: notre esprit est en contact, d'esprit à esprit ( "bouche à bouche" Nb 12,8 ), avec Dieu.
Le fidèle - et le Prêtre bien sûr (puisqu'il est un fidèle) - se donnent au Seigneur et plongent leur cœur dans son Amour qui se donne à nous.
C'est ainsi que toute prière dialoguée en présence d'un prêtre (ou d'un Diacre etc..) commence:
- Le Seigneur soit avec vous (c'est à dire: avec votre esprit).
- Et avec votre esprit.

- Elevons notre cœur (notre esprit)
- Nous le tournons vers le Seigneur.

Dans le Catéchisme de l'Eglise catholique il est question de la Prière du Cœur, appelée aussi "Oraison", ou "Oraison mentale". Ici, comme pour "esprit", "mentale" ne fait pas allusion au mental, ou à l'intelligence, ou à la conscience! "mental" est traduit du latin médiéval "mentalis" qui renvoie à "mens", c'est à dire esprit. Quand saint Augustin - ou saint Thomas par la suite - utilise le terme "mens", il fait allusion à la même chose que nous venons de voir plus haut: "l'esprit". Ça n'a rien à voir avec l'intelligence (l'âme consciente), mais avec le "mens".

Excusez la longueur. Je n'ai pas pu résister à mettre ma contribution, pour une question qui en fait soulève un point fondamental de notre vie spirituelle duquel presque tout découle, et sans lequel tout s'écroule. Cette réalité en nous n'est pas très connue, surtout du point de vue pratique! On ne sait pas "comment faire oraison", "comment faire la prière du cœur". Le regard du cœur, durant la Messe, n'est contemplatif qu'au "hasard d'une chance", et pourtant, ces choses s'apprennent, et pourraient devenir constantes.
Jean

Merci !

Oui cela donne envie d'en savoir plus, d'approfondir. Des conseils de lecture, des références pour prolonger cette réflexion sur l'esprit ?

Antoine

Oui cela donne envie d'en savoir plus, d'approfondir. Des conseils de lecture, des références pour prolonger cette réflexion sur l'esprit ?

Antoine

Oui cela donne envie d'en savoir plus, d'approfondir. Des conseils de lecture, des références pour prolonger cette réflexion sur l'esprit ?

Antoine

Eh ben, cher Antoine, vous avez vraiment envie d'en savoir plus !


M.

3 fois, c'est la Trinité

(ca va, je sors )

Duboscq a écrit:

Oui cela donne envie d'en savoir plus, d'approfondir. Des conseils de lecture, des références pour prolonger cette réflexion sur l'esprit ?

Antoine

En théologie, le mieux est de charger la première partie de la Somme de théologie sur http://docteurangelique.free.fr

Duboscq a écrit:

Oui cela donne envie d'en savoir plus, d'approfondir. Des conseils de lecture, des références pour prolonger cette réflexion sur l'esprit ?

Antoine

Pour la question de l'esprit dans la vie spirituelle:

Il est certain que celui qui l'a expliquée de manière abondante est saint Jean de la Croix. C'est partout dans ses oeuvres. Et c'est la base de son enseignement.
On ne peut pas se permettre le luxe de ne pas lire ses écrits, ça serait un grand apauvrissement.
On pourrait lire la Nuit Obscure Livre II. Mais pas que ça, car on se sentirait parachuté.
Si vous avez besoin de ses oeuvres en fichier, on pourrait voir cela ensemble. Mais j'imagine qu'Arnaud a cela aussi.
Sainte Thérèse d'Avila parle de la distinction entre l'esprit et l'âme surtout dans les Septièmes demeures! A lire.

Par contre pour les Pères de l'Eglise, il y a plusieurs études qui ont été faites sur "Image et ressemblance". Il est bon d'y revenir. Je peux chercher et vous donner les références. Je pense chez Clément d'Alexandrie et chez Grégoire de Nysse.
Il est évident que qui a accès au Dictionnaire de spiritualité peut le faire, et il aura matière abondante. Il y a aussi le Nous grec (qui est plus ou moins la même notion), mais c'est mieux dans un premier temps de ne pas se perdre dans ces considérations.
Si vous le voulez, je pourrais vous préparer un texte sur la question.
N'hésitez pas à revenir sur la question.
A plus
Jean

PS Remarque Théologique: saint Thomas d'Aquin, quand il étudie par exemple la Passion de Notre Seigneur, il dit que le Christ est à la fois Viator et comprehensor, qu'il est à la foi contemplateur de Dieu et souffrant. Et la notion de "mens" ici est capitale pour bien comprendre! C'est complexe, mais passionnant, car ça éclaire la Passion du Seigneur, mais aussi les autres passions participées, comme celle de Thérèse de l'Enfant Jésus.
Comme vous le voyez, c'est une notion capitale, partout.

Merci à vous deux

Trois fois bien sûr

Ca fait donc six

Antoine