Le plus grand commandement

Méditation sur l'évangile du 23 octobre

Le plus grand commandement (Mt 22,34-40)


Apprenant qu'il avait fermé la bouche aux Sadducéens, les Pharisiens se réunirent en groupe, et l'un d'eux lui demanda pour l'embarrasser: "Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi?" Jésus lui dit: "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit: voilà le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. A ces deux commandements se rattache toute la Loi, ainsi que les Prophètes."


L’originalité de ce texte n’est pas que Jésus ait prononcé ces paroles que d’ailleurs tout Juif connaissait déjà, mais d’avoir placé sur le même plan l’Amour de Dieu et celui du prochain, d’avoir prêché l'amour inconditionné, notamment celui de l'ennemi et du pécheur. Certes dans l’ancien judaïsme l’Amour était le commandement de base et le fondement même de cette religion, mais celui-ci ne s’appliquait qu’aux membres du peuple juif et n’allait donc pas aussi loin que la voie dessinée par Jésus.

Donc pour Jésus cet Amour est à la fois amour de Dieu et amour des hommes. Il lie en une indissociable unité l’amour de Dieu et celui du prochain et réduit toutes les lois en ce double commandement.
Evidemment, il n’est pas question non plus de confondre l’amour de Dieu et l’amour des hommes. Quel homme, en effet, serait à ce point exempt de tout défaut et de tous péchés pour être aimé comme un Dieu ?

D’autre part, on ne peut aimer Dieu sans aimer les hommes. Et Dieu ne tient pas non plus à être aimé aux dépens des pauvres et des misérables et je ne peux non plus être charitable uniquement pour Dieu ou aimer mon prochain « à travers Dieu » comme à travers un vitrail.

Par contre Jésus me demande d’aimer mon prochain en Dieu, quel que soit cet aimé. Il me demande de l’aimer sans détour même s’il ne le mérite pas, aussi médiocre soit-il, car chacun possède ici bas une même dignité et une même valeur inestimable : en un mot, aucun homme sur la terre n’est plus précieux que son frère.

Ainsi cet « Amour du prochain », base de toutes les lois est justement la grande révélation des Evangiles : amour pour nos frères, pour ceux qui nous aiment mais aussi tous ceux qui nous haïssent, pour nos ennemis…… et c’est cet amour là que Dieu est venu prêcher sur la terre. Aussi l’apôtre écrit-il au Corinthiens : « Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je ne suis que l’airain sonore et la cymbale retentissante » et plus loin « Quand j’aurais le don de prophétie et que je saurais tous mystères et toutes gnoses, quand j’aurais assez de foi pour déplacer les montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien ».


(texte de l'association Pierre Valdès)
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Chère Dominique

Tout à fait d'accord!
Quand j'ai entendu l'homélie aujourd'hui, j'ai pensé à la discussion que nous avions eu avec Olivier et Arnaud qui soutenaient que le commandement N°1 est le plus important! ;)
Le prêtre a bien insisté sur le fait ques les 2 commandements, aimer Dieu et aimer son prochain et ses ennemis, sont indissociables!
Il disait aussi que dire qu'on aime Dieu c'était trop facile, alors qu'aimer ses ennemis ou ceux qui sont différents de nous est une vraie preuve de Charité.
Alors, qui avait raison?

Cher Louis,

La vérité est dans les deux:

1- Ils ne font qu'un.

2- Mais le premier (l'amour de Dieu) prouve qu'il est celui qui donne raison et force à l'autre.

Les tentatives de l'humanisme sans Dieu (une tentative d'aimer le prochain sans Dieu) prouvent que l'homme olui-même disparaît sans Dieu. C'est qu'il devient... relatif, mortel, passager...

C'est en tout cas ce que montre saint Thomas d'Aquin (IIa IIae La Charité).

Qu'en pensez-vous?

Cher Louis,

Ces deux commandements sont "semblables", et non pas interchangeables.
Ce pourquoi ils sont semblables, c'est parce que tout être humain est image de Dieu.
Ce que nous devons aimer chez notre prochain, et c'est en cela que les deux se rejoignent, c'est l'image de Dieu. Donc Dieu.

Ce pourquoi aussi Jésus ne dit pas qu'il faut aimer son prochain "de tout son coeur, de toute son âme et de toutes ses forces". Parce que l'image n'est jamais ressemblante (sauf, évidemment, en Jésus et Marie).

Le premier commandement reste donc premier. Qui pourra en effet aimer l'image de Dieu s'il n'aime pas Dieu ? Et réciproquement, qui donc pourra prétendre aimer Dieu s'il n'aime pas son image, c'est-à-dire les êtres humains.
L'amour du prochain, c'est comme ces oeuvres sans lesquelles la foi est morte. Comme vous le dites vous-même, l'amour du prochain est la preuve de l'amour de Dieu. Alors que l'inverse n'est pas vrai.

Autre façon d'aborder le sujet: Par "l'ordre de la charité", c'est-à-dire la liste ordonnée des biens que nous devons aimer.

Or saint Thomas met cet ordre là:
1- Dieu
2- Sa femme et ses enfants.
3- Ses amis
4- les personnes étrangères
5° etc.

Présenté comme cela, on pourrait se dire: "Donc saint Thomas pense qu'on doit pouvoir renier sa femme pour Dieu, trahir ses amis pour sauver sa femme etc."

Absolument pas.

Il montre que, aimer Dieu qui aime infiniment notre femme, nos enfants, nos amis, l'étranger permet de comprendre qu'on ne peut être infidèle à sa femme, ses amis etc. Dieu fonde l'appel à la fidélité jusqu'à la mort.

Ainsi se trouvent justifiées, toutes ensemble ces deux phrase de l'évangile:

Citation :

"Celui qui aime son père sa mère plus que moi n'est pas digne de moi".

Mais aussi celle-là qui lui semble contraire :

Citation :

" Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites qui laissez vos vieux parents dans la misère en disant: Mon argent est consacré au Temple."

L'amour de Dieu FONDE, JUSTIFIE l'amour indéfectible du prochain.

Citation :

Or saint Thomas met cet ordre là:
1- Dieu
2- Sa femme et ses enfants.
3- Ses amis
4- les personnes étrangères
5° etc.

Cette théologie vient peut-être soutenir la schizophrènie de nombre de catholiques français qui disent aimer Dieu mais qui concrétement votent pour Lepen.

Qu'en pensez-vous?

Louis a écrit:

Citation :

Or saint Thomas met cet ordre là:
1- Dieu
2- Sa femme et ses enfants.
3- Ses amis
4- les personnes étrangères
5° etc.

Cette théologie vient peut-être soutenir la schizophrènie de nombre de catholiques français qui disent aimer Dieu mais qui concrétement votent pour Lepen.

Qu'en pensez-vous?

Je pense, Louis, que si vous dites qu'un catholique ne peut voter Dieu et aimer Le Pen, vous avez à vous expliquer. Vous semblez insinuer que ceux qui votent Le Pen n'aiment pas leur prochain : voter Le Pen, c'est voter pour son programme, pas forcément pour l'homme, qui tient des propos auxquels il y a de nombreuses objections à faire. Voter Le Pen, c'est voter pour un programme patriote que propose également le catholique Philippe de Villiers, qui n'arrive cependant pas à réunir assez de voix.

Cher Louis,

Cette théologie de saint Thomas doit être complètée. Il dit:


Or saint Thomas met cet ordre là:

Citation :

1- Dieu
2- Soi-même
2- Sas parents, sa femme et ses enfants.
3- Ses amis
4- les personnes étrangères
5° etc.

Cela ne veut pas dire que l'on doit s'aimer soi-même de manière EGOÏSTE plus que sa femme, mais que Dieu veut qu'on aime sa femme de la manière suivante: en étant prêt à ne pas la suivre si elle veut nous entrainer dans un péché mortel.

Cet ordre n'est pas un ordre de l'égoïsme mais de L'AMOUR.

En aimant Dieu le PREMIER, on aime sa femme en premier dans le concret de la vie piuisque c'est Dieu qui le veut.


De même, le fait que l'amour de l'étranger lointain soit APRES L'AMOUR DE SA FEMME veut dire qu'il faut aimer son prochain avant celui qui est lointain. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas aider l'étranger en détresse. Mais il est vrai qu'on ne l'aime pas en dormant avec lui (comme avec sa femme) mais en le soutenant matériellement.

Arnaud Dumouch a écrit:

Cet ordre n'est pas un ordre de l'égoïsme mais de L'AMOUR.

Cet ordre est surtout le résultat d'un esprit rationnel. Je n'y vois qu'une organisation sociale et un amour tout humain.

« Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jean 15, 13)

«Je vous donne un commandement nouveau, que vous vous aimiez l’un l’autre ;
comme je vous ai aimés, que vous aussi vous vous aimiez l’un l’autre.
À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous». (Jean 13:34)

Heureusement que Jésus n'avait pas lu Saint Thomas. ;)

Cette numérotation des degrés de Charité, ça fait un peu comptable. Aimer ses proches, c'est naturel (Arnaud, vous avez oublié les parents, ou est-ce St Thomas l'ingrat ?). Les païens le font aussi...

Le plus difficile reste : aimer ses ennemis, bénir ceux qui nous maudissent. C'est là la vraie différence entre Chrétiens et païens.

Arnaud Dumouch : De même, le fait que l'amour de l'étranger lointain soit APRES L'AMOUR DE SA FEMME veut dire qu'il faut aimer son prochain avant celui qui est lointain. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas aider l'étranger en détresse. Mais il est vrai qu'on ne l'aime pas en dormant avec lui (comme avec sa femme) mais en le soutenant matériellement.

lol, je ne suis pas en accord, votre argumentation nous est présentée. Je reste persuadée que nous confondons souvent les possibilités que nous avons concrètement d'exprimer l'amour de l'autre, avec ce qu'est l'amour lui même. Car il est bien évidemment que nous avons la facilité du plus proche en démonstration visible. Mais il est du principe même de l'amour qu'il ne supporte pas l'espace lui même. Il peut donc se ressentir à la fois à deux extremmitées de la planète. Effectivment dans ce monde d'apparence il est plus admissible qu'il puisse l'être aussi. Cela ne confirme en rien qu'il faille aimer son prochain avant celui qui est lointain. Disons que c'est d'une utilité terrestre qui arrange bien les choses...

Il faut lire ce qu'a écrit saint Thomas d'Aquin sur l'ordre de la charité (II-II, q. 26, sur le site p. 193).

L'ordre de la charité permet de règler dans le concret de sa vie des cas de conscience.

Exemple:

Mon fils qui se drogue a tué une petite vieille.

Dois je le dénoncer et le livrer à la Police ?

Reponse oui: car je dois aimer Dieu et mon fils SELON SON âme, avant ma paternité et mon fils SELON SA CHAIR.