La liturgie n'est pas centrale dans Vatican II. La réforme liturgique a seulement eu pour finalité d'inscrire le concile dans la prière quotidienne de l'Eglise. Cela fut fait maladroitement, et en résulta ce que nous connaissons.
L'essentiel de Vatican II, si l'on peut résumer un concile aussi riche de cette manière, c'est que l'Esprit Saint a fait savoir à l'Eglise qu'elle ne devait désormais plus se considérer comme "puissance de ce monde", ce qu'elle fut depuis Constantin, mais comme "lumière du monde", "grain de sénevé" ou encore "levain dans la pâte". Et que, de ce fait, son attitude et son discours devait gagner en humilité.
Concrètement...
Il s'agit de la revalorisation du rôle des évêques dans le gouvernement de leur Eglise locale et dans celui de l'Eglise universelle. On est encore loin du compte, mais le temps est aux mains de Dieu. En d'autres termes, regain d'humilité de la papauté (qui a commencé d'ailleurs bien avant le concile, lorsque les Etats pontificaux furent confisqués sous le ministère de Pie IX) et, si j'osais pousser la réflexion, engagement de l'Eglise sur un chemin devant la conduire à pouvoir se passer de la papauté un jour prochain, non pas par une chimérique démocratie ecclésiale, mais par l'approche de l'ultime accomplissement.
Il s'agit d'un regain d'humilité devant les divisions du christiannisme. C'est l'oeucuménisme. Parlant une seule langue, les hommes à Babel furent dispersés par Dieu et survint la multiplicité des langues. Pour briser l'orgueil que l'unité de l'Eglise menaçait de faire croître, Dieu en a permis la division. Aujourd'hui, alors que doit se constituer le "petit reste" de ceux qui resteront fidèles jusqu'au bout à la Volonté de Dieu, il convient que ces divisions soient résorbées et que les déchirures qui lézardent l'unique Corps du Christ soient guéries, en sorte que ce soit d'un seul coeur que monte la prière des saints, qui provoquera le retour tant espéré de Notre Seigneur.
Il s'agit d'un regain d'humilité devant les autres traditions religieuses. L'Eglise s'est plus ou moins crue le lieu du salut. Elle doit désormais se comprendre pour ce qu'elle est, à savoir l'annonciatrice et dispensatrice du salut, visiblement par les sacrement et invisiblement en tant que présence du Christ, unique médiateur, dans le monde.
Il s'agit d'un regain d'humilité devant les "frères aînés", les juifs, car il s'agit de préparer le jour de la conversion d'Israël, annonciatrice des deniers feux de ce monde.
Et quelques autres choses encore... A bien des égards, Vatican II est un concile que l'on pourrait qualifier d'eschatologique. C'est véritablement un des conciles les plus importants de l'histoire de l'Eglise, et il me semble que seul le concile de Jérusalem mérite d'être situé au-dessus, qui a ouvert les portes du Peuple de Dieu aux Gentils.