Je m'interroge sur la pertinence de la question de la sépulture comme
élément spirituel. En effet je me demande si le simple fait d’enterrer un mort
peut suffire à dénoter la présence d’esprit. Ce qui peut dénoter la présence de
l’esprit, de l’intelligence et de la conscience, ce serait ce qui motive la
sépulture. Or rien ne dit que le fait d’enterrer un mort, avec des fleurs, est
la marque d’une croyance en une vie après la mort, et donc de la présence
effective d’un esprit. Peut-être n’est-ce que la manifestation d’un psychisme de
très haut degré refusant, par exemple, que le corps puisse être la proie d’un
charognard. On sait que certains animaux ont des sortes de « rites » autour de
leurs morts : les hippopotames, notamment. Il me semble qu’il faut éviter de
faire de l’anthropomorphisme : il doit « simplement » y avoir une explication au
niveau du psychisme.
Nous sommes focalisés sur le rite funéraire, mais il y a
des rites amoureux dans la nature tout bonnement stupéfiants. J’ai vu récemment
un reportage dans lequel on voyait une espèce de moineau des îles qui bâtit une
tour en brindilles d’un mètre de haut pour séduire sa femelle ! Cette tour ne
sert pas de nid, ni quoi que ce soit : elle sert seulement à impressionner. En
outre d’autres oiseaux construisent des sortes de petites cabanes et y entassent
des pétales de fleur et des morceaux de coquillages selon leurs couleurs, pour
attirer les femelles. C’est si stupéfiant que les premiers explorateurs
occidentaux qui tombèrent sur ces ouvrages pensèrent qu’une espèce de pygmées
vivait dans la région et que c’étaient là leurs habitations !
Tout cela pour dire que, même si
l’on devait découvrir que les néanderthaliens enterraient leurs morts, il ne me
semble pas que cela dénote une conscience de l’au-delà, et donc la présence d’un
esprit chez eux. Il peut y avoir des tas d’explication. Peut-être la puanteur de
la putréfaction n’est-elle pas la moindre des causes : je suis habitué à voir
mon chat enterrer ses besoins dans le jardin, ce qu’un chien ne fait pas.
Peut-être les hominidés ont-ils commencé à enterrer leurs morts à cause de cette
putréfaction. Le fait qu’on trouve du pollen, des restes de végétaux ne me
paraît pas impliquer une spiritualité non plus : peut-être s’agit-il de choses
portées au mort pour le nourrir avant sa mort, et restées près de lui au moment
de l’enterrer. Apporter un cadeau ne dénote pas un esprit non plus : mon chat
adore, les rares fois où il attrape un oiseau, venir me le montrer.
Bref, si le rite de l’enterrement
peut donner un indice sur le moment de l’apparition de l’esprit chez l’homme (ou
plutôt de son don par Dieu, d’un point de vue de croyant), il ne suffit pas à la
prouver à mon sens, puisque ce qui déterminerait vraiment ce tournant
fondamental, c’est le fait d’associer tombe et conception de l’au-delà, et il
paraît bien difficile de savoir exactement la façon dont celui qui enterrait
voyait son propre acte. Le fait d’enterrer, même avec des objets, ne prouve
rien. Qu’en pensez-vous ?
PS : désolé pour la bizarre mise en forme du texte.
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"Les désastres nous enseignent l'humilité" Saint Anselme de Canterbury
« N’attendre de l’État que deux choses : liberté, sécurité. Et bien voir que l’on ne saurait, au risque de les perdre toutes deux, en demander une troisième. » Frédéric Bastiat
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