Edvige : Nicolas Sarkozy veut clore la polémique
Bruno Jeudy
10/09/2008 | Mise à jour : 10:17 |
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Le
président de la République a souhaité mardi que la «concertation» sur
le fichier de renseignements Edvige soit «suivie de décisions pour
protéger les libertés».
Crédits photo : Le Figaro
Le chef de l'État a demandé l'ouverture «rapide» d'une «concertation» sur le fichier contesté. 
Fin
de partie pour le fichier Edvige, dans sa mouture actuelle. Accaparé
pendant deux jours par les affaires étrangères, Nicolas Sarkozy a
repris en main, mardi soir, le dossier brûlant du nouveau fichier de
police permettant de recenser des hommes politiques, des syndicalistes
et même des mineurs de 13 ans susceptibles, selon les termes du décret
publié le 1er juillet, de porter atteinte à l'ordre public. Après avoir
«fait le point» mardi à l'Élysée avec François Fillon et Michèle
Alliot-Marie, le président de la République a demandé à la ministre de
l'Intérieur de retirer du fichier Edvige les rubriques qui suscitaient
la polémique : le fichage des «personnalités», ainsi que les rubriques
qui documentaient la sexualité ou la santé des sujets. Nicolas
Sarkozy a également demandé à Michèle Alliot-Marie de réunir des
«personnalités qualifiées» pour «ouvrir rapidement une concertation»
qui devra être suivie de «décisions pour protéger les libertés». MAM
est notamment chargée d'inscrire des garanties concernant les libertés
dans sa future loi d'orientation et de programmation pour la sécurité
intérieure. Car le président a bien perçu le trouble dans l'opinion
mais aussi la brèche dans laquelle s'engouffrent ses opposants pour le
critiquer sur le terrain des libertés publiques. «Le moins que l'on
puisse dire, c'est qu'Edvige aurait pu être mieux expliqué», a fait
savoir Nicolas Sarkozy à la ministre de l'Intérieur. Mardi matin, le
secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, ne s'était d'ailleurs
pas gêné pour le dire dans une interview à France Soir. Voilà qui a dû
faire plaisir à la locataire de la Place Beauvau. Depuis
dimanche, Edvige divise les ministres et la majorité. Le ministre de la
Défense, Hervé Morin, a publiquement pris ses distances, le week-end
dernier, avec ce fichier. Un joli coup de pub pour l'université d'été
de son parti, le Nouveau Centre, qui lui a valu en retour un sérieux
rappel à l'ordre de la part du premier ministre. Rappel à l'ordre qui
apparaît aujourd'hui décalé après la décision prise mardi soir. Mais
mardi, après Hervé Morin, c'est Rama Yade, la secrétaire aux Droits de
l'homme, qui a réclamé des «précisions» et des «clarifications» sur la
question des orientations sexuelles des personnes fichées. «Rama est
dans son rôle. Contrairement à Morin, elle ne remet pas en cause le
principe du fichier», tempérait-on à l'Élysée. Invitée
du «Talk Orange-Le Figaro», Valérie Pécresse estimait mardi après-midi
qu'il était «sûrement anticonstitutionnel de ficher les orientations
sexuelles».
Villepin : «Mal rédigé» Devant
le tollé déclenché par la mise en place de ce fichier, la ministre de
l'Intérieur avait dès mardi après-midi tenté de désamorcer la polémique
en lâchant du lest. Prenant en considération une des remarques de la
Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés), Michèle
Alliot-Marie a annoncé qu'elle était prête à limiter la durée
d'inscription des mineurs dans le fichier de police. L'opposition
au nouveau fichier des Renseignements généraux avait grandi ces
derniers jours. À gauche, le PS avait demandé son annulation, tandis
que François Bayrou appelait à un «mouvement de refus républicain». Un
ton en dessous, Dominique de Villepin avait tout de même jugé le décret
«mal rédigé» et s'était inquiété de «conditions de fichage
inacceptables». Disant «comprendre l'émotion» suscitée, Alain Juppé
avait réclamé mardi un débat en commission parlementaire. Sans compter
la pétition nationale lancée par une centaine d'associations qui a
recueilli plus de 130 000 signatures. Mardi soir, Delphine Batho
a salué au nom du PS une «première victoire» dans laquelle elle voit
«un désaveu pour François Fillon, qui pensait étouffer le débat qui
s'est ouvert jusqu'au sein du gouvernement par des rappels à l'ordre».
Les socialistes proposeront à l'Assemblée «que la nouvelle loi mette
fin au fichage des citoyens engagés dans la vie syndicale, associative
et politique». » Edvige : Alliot-Marie chargée d'inscrire des garanties dans une loi » BLOG - Les maladresses du fichier Edvige