Le bon Guide Suprême,
la brute bombatomiquophile et le truand diplomate
Un ancien ambassadeur de France en Iran était interviewé ce matin sur LCI à propos d’Ahmadinedjad et de ses déclarations révélées par Philippe Douste-Blazy dans son livre « Des affaires pas si étrangères ».
Le Président iranien a expliqué qu’il souhaitait voir arriver le chaos car « après le chaos viendra Dieu ». D’après le ministre français des Affaires étrangères, cette déclaration traduisait sincèrement les aspirations d’Ahmadinedjad, un homme de pouvoir et de conviction.
Au petit déjeuner, la digestion est terriblement compromise quand on apprend de la bouche du ministre en exercice que le Président du pays « qui joue un rôle stabilisateur dans la région » est un grand illuminé en train d’acquérir l’arme nucléaire avec l’intention affichée de l’utiliser quelles qu’en soient les conséquences (avec l’optique que plus elles seront dramatiques, mieux cela sera)…
D’où la nécessité de faire intervenir un « expert », en la personne d’un ancien diplomate familier de Téhéran, dont le rôle est d’apaiser les craintes légitimes des téléspectateurs. Ahmadinedjad, explique-t-il, a bien les convictions, mais il ne possède pas le pouvoir. Il ne peut pas appuyer lui-même sur le bouton rouge.
C’est exact : le pouvoir est entre les mains du « Guide suprême », l’ayatollah Ali Khamenei, dont monsieur l’ex-ambassadeur oublie probablement de mentionner les convictions tout aussi extrêmes que son homologue président.
Car c’est le même Ali Khamenei et nul autre qui a empêché le prédécesseur d’Ahmadinedjad, le « modéré » Khatami, d’appliquer la moindre réformette qui eût ébréché l’intégrisme absolu sur lequel il veillait jalousement sous son turban de Guide Suprême.
Ce sont les convictions d‘Ahmadinedjad, poursuit l’ineffable diplomate, qui donnent matière à le comparer à George Bush lequel, lui aussi déclare combattre pour le bien, contre le mal.
Mais c’est bien sûr, où avait-on la tête !
L’un provoquera le chaos (au moyen d’une bombe atomique dont il doit demander au Guide Suprême d’appuyer sur le déclencheur) afin de voir arriver Dieu, l’autre combat le terrorisme dans l’espoir de généraliser la démocratie au sein du monde arabo-musulman.
Blanc bonnet et bonnet blanc aux yeux d’un homme qui a incarné la France au pays des ayatollahs, apparemment.
Cette comparaison, pour hallucinante qu’elle puisse paraître à quiconque vit sur cette planète au XXIème siècle, n’est, dans le pays de l’exception française, que banalité : l’hexagonal tel qu’on le parle aujourd’hui s’est débarrassé de tout vocable impliquant courage, morale ou jugement.
Il convient, en toute occasion, d’insister sur le fait qu’on ne prend pas parti : le violeur a certainement des torts, mais la violée n’est pas entièrement innocente, car elle portait une jupe. Il n’est pas question d’approuver l’assassinat de trois petites filles, mais en même temps, on ne peut nier que leurs parents avaient voté à droite…
Et Ahmadinedjad a déclaré officiellement qu’il avait l’intention de mettre la planète à feu et à sang pour hâter la venue de son créateur, mais il ne fait rien de très différent de George Bush lorsque celui-ci demande à son Congrès de voter les crédits pour une guerre contre le terrorisme.
Chez Primo, nous appelons un chat un chat. Nous ne sommes donc « pas très diplomates ».
Et nous nous en félicitons !
http://www.primo-europe.org/selection.php?numdoc=Do-223520746