Sur un autre forum était soulevée la question de la croyance, et les réactions déviaient vers cette idée qu'aucune religion n'est supérieure aux autres. J'y ai mis mon petit grain de sel
, et je vous fait partager ma réflexion sur les rapports entre la croyance et la foi.
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CROIRE est un acte qui vient de nous, et qui dépend pour une large part du milieu culturel, de l'éducation, de la recherche personnelle. Croire, c'est quelque chose de l'ordre de l'estimation. On croit quelque chose parce qu'on ne peut pas le vérifier, sinon, on le sait.
Exemple tout bête : je fais une remarque, et la personne en face se ferme un peu et change de sujet. Vous pensez : "Je crois que je l'ai vexé". Si cette personne vous dit : "Là, tu m'as vexé", on n'est plus dans le CROIRE, mais dans le SAVOIR. Un SAVOIR qui est d'ordre naturel, c'est-à-dire qui vient de la "chair" au sens sémitique.
La FOI est quelque chose de totalement différent. La FOI est d'un autre ordre, elle ne vient pas de nous, mais elle est donnée par Dieu. Par exemple, lorsque Pierre déclare : "Tu es le Fils du Dieu vivant", Jésus lui répond : "Tu es heureux, car cette révélation ne t'est pas venue de la chair, mais de mon Père".
Ce qui vient de la chair est croyance, ce qui vient de Dieu est foi. Ce n'est pas la même chose. La foi est une vertu théologale, la croyance est une modalité de fonctionnement de l'intellect humain. La foi est surnaturelle. La croyance est naturelle.
Par exemple, on ne peut pas SAVOIR si Jésus est ressuscité.
On peut CROIRE que Jésus est ressuscité, en lisant le témoignage du Nouveau Testament ou parce que c'est ce que l'on a appris au catéchisme étant gamin et que l'on nous a dit que c'était vrai.
Mais seul Dieu peut nous donner d'avoir FOI dans la résurrection du Christ. Sous ce rapport, on peut dire que la FOI est un SAVOIR SURNATUREL.
Et, d'un point de vue chrétien, ce qui est à l'oeuvre dans les autres traditions religieuses ou philosophiques est de l'ordre de la CROYANCE. Pas de l'ordre de la FOI, puisque la théologie chrétienne défini la FOI comme une vertu théologale, par laquelle Dieu nous donne de CONNAÏTRE la vérité sur son dessein de salut.
Cette CONNAISSANCE SURNATURELLE va ensuite pouvoir être exprimée rationnellement, avec des concepts : c'est la théologie, et c'est là qu'intervient l'Esprit Saint, pour ce qui est de sa mission de conduire l'Eglise vers la Vérité tout entière.
De la confusion entre ces deux notions vient cette idée que toutes les religions se valent. S'il n'était question de croyance, alors, de fait, aucune religion n'aurait plus grande valeur que les autres. Mais, vu que ce n'est pas le cas, le christiannisme, parce qu'il repose sur la FOI don de Dieu, est d'une nature différente des autres traditions religieuses ou philosophiques. Elle est la seule à pouvoir s'affirmer au service de la Vérité, parce qu'il est donné aux chrétiens de connaître cette Vérité, par la FOI.
D'autre part, il peut y avoir des interférences entre la croyance et la foi.
Souvent, c'est au détriment de cette dernière.
Il y a ce que l'on appelle habituellement la superstition, qui vient greffer sur la foi des éléments de l'ordre du "magique". Par exemple, le risque est grand à l'égard des sacramentaux (comme le scapulaire, la médaille de la rue du Bac, etc) qui vont être perçus comme des amulettes ou des gri-gri. La confiance n'est plus placée en Dieu, mais dans un objet matériel.
Une certaine façon de faire de la théologie s'expose également à battre en brèche certaines vérités de foi. Les exemples les plus communs touchent à ce qui concerne la Vierge Marie. Par exemple, pour la conception virginale, l'on va rester sur la certitude qu'il faut un homme et une femme pour faire un enfant. Ici, une confiance excessive est placée dans les ressources de la raison, au détriment de la foi.
Ou encore, dans le même ordre d'idée, lorsqu'une confiance excessive est placée dans l'Ecriture. C'est le problème des fondamentalismes, qui font de la Bible une lecture primaire. C'est également le problème des théologies protestantes qui identifient la Révélation avec le contenu des Ecritures.
Ou encore, et il y a l'exemple de l'attitude du Saint Siège avant Vatican II, une confiance excessive sera placée dans telle ou telle formulation de la foi. En l'espèce, il s'agissait de la suprématie reconnue à la théologie thomiste, à laquelle Jean XXIII a voulu mettre fin : "Autres sont les dogmes, autres sont les formulations des dogmes".
Dans l'histoire de l'Eglise, cet effet néfaste de diverses croyances est patent. Je pense notamment à la croyance manichéenne du caractère intrinsèquement mauvais de la matière, et ses incidences, entre autres, sur l'appréciation de la sexualité. Egalement, la croyance en la supériorité de l'homme sur la femme, la croyance dans le caractère naturel de l'esclavage, etc.
Ainsi la foi doit-elle continuellement être purifiée de ces influences délétères de certaines croyances, grâce à l'assistance de l'Esprit Saint.
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Qu'en pensez-vous ?