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 Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom -

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MessageSujet: Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom -   Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom - EmptyDim 17 Déc - 9:15



1. Nouvelle série : Dieu s’est fait homme en Terre Sainte


Pour Noël, rendez-vous en Terre-Sainte. C'est dans cette terre vouée à la paix, et qui connait tant de péripéties, que Dieu s'est fait homme et nous a manifesté son amour pour nous, pour mieux nous ancrer dans l'espérance. Avec cette série, découvrez ce que l'archéologie, la Bible, la tradition et la liturgie nous disent de cette Bonne Nouvelle : Dieu s'est fait Homme !



Alix Van Oost

Alix est diplômée d'arts dramatiques et de lettres classiques, elle aide les orateurs de ThéoDom à parler devant la caméra.
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MessageSujet: Re: Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom -   Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom - EmptyDim 17 Déc - 9:19



2. L’avent : une liturgie pour attendre le Sauveur.



L'avent c'est quoi ? Est-ce que vous avez une petite idée ?
Donc, nous sommes sur le Mont des Oliviers, à Jérusalem. Et, paradoxalement, le Mont des Oliviers parle de la Passion à Gethsémani, mais il nous parle aussi beaucoup de la venue du Seigneur, à la fin des temps. Normalement c'est là que le Mont des Oliviers se coupera en deux, nous dit Zacharie.
Le temps de l'Avent, c'est un temps qui est connu et pas trop connu, qui nous prépare à Noël. Et paradoxalement, c'est un temps très récent dans l'histoire de l'Église. Je suis bénédictine. Et dans la règle de saint Benoît il n’est pas du tout question de Noël, ni d'avent. Il est question de Pâques, de Pentecôte, et du dimanche, le dimanche étant le jour des chrétiens.



sœur Marie, du Mont des Oliviers

Sœur Marie est bénédictine au Mont des Oliviers depuis de nombreuses années. Avec une communauté de sœurs, elle mène une vie de prière et d'accueil en face de l'esplanade des mosquées et de Jérusalem.
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MessageSujet: Re: Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom -   Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom - EmptyDim 17 Déc - 9:21



3. Isaïe prophète de Jésus

On dit souvent que l'Incarnation est un événement tout à fait nouveau, spectaculaire dans l'histoire du monde… Mais alors, pourquoi utilise-t-on l'Ancien Testament pour parler d’événements qui touchent le Nouveau Testament ? L’Incarnation n'est pas un grand mystère qu'on découvre dans la liturgie de Noël : beaucoup de citations de l'Ancien Testament, en particulier des livres prophétiques et en particulier d’Isaïe l’annoncent, avec la fameuse prophétie sur l'Emmanuel.

Penser avec la Bible

Commençons peut-être par la question la plus générique : Pourquoi les auteurs du Nouveau Testament citent-ils tellement souvent l'Ancien Testament ? Comme chacun de nous, vous Français, vous avez en tête des auteurs qui vous forment. Le langage ce n'est pas seulement une question de parole, c'est aussi une question de pensée. Les auteurs pensent en utilisant les phrases, les images de l'Ecriture. Et c'était aussi le cas pour Jésus lui-même et pour les apôtres, les auteurs du Nouveau Testament.
On a dans le Nouveau Testament des citations mais ça va bien au-delà des citations. Les notions, l'imaginaire, les métaphores, la façon de penser aussi viennent de l’Ancien Testament.
Les gens à l’époque étaient tous convaincus (comme d'ailleurs il faut que nous chrétiens nous soyons convaincus) que cette Parole de Dieu est vraiment toujours vivante et pertinente, c'est-à-dire que l'Ancien Testament contient depuis la première page jusqu'à la dernière page, toute l'histoire du monde. Mon histoire personnelle y est contenue elle aussi. Donc rien d'étrange que chaque Juif voyait son histoire dans l'Ecriture.

Jésus et les prophéties non réalisées

On cherchait aussi dans l'Ecriture cette histoire pertinente qui toucherait la vie de Jésus. Et on l’a trouvée dans les textes, on dirait plus obscures, au sens plus ou moins évidents, ou dans les prophéties qui n'ont jamais été réalisées.
Par exemple on trouve des prophéties qui parlent de David. On en trouve dans le Psaume, mais on en trouve aussi dans les oracles qui parlent de roi dans l'Ancien Testament. Ces prophéties parlent d’un roi idéal : le roi qui devient un fils de Dieu, le roi qui est toujours fidèle à Dieu. Mais en fait, si on regarde l'histoire de l'ancien Israël, même David n'était pas vraiment un roi idéal : Il était pécheur. Et Salomon non plus n’était pas un roi idéal : il a mal fini. Toute la dynastie de David a mal terminé. Et, pire encore, c'étaient eux les responsables de la chute d'Israël.
Donc toutes ces prophéties qui parlent de roi d'Israël comme d’un héros, comme d’un messie, comme de quelqu'un qui était vraiment un instrument de Dieu sur cette terre étaient en un certain sens (on dirait) vides, inaccomplies. Cela nous aide à comprendre le Nouveau Testament.

L’annonce faite à Joseph

Je vous cite la traduction de la Bible de Jérusalem, inspirée ici (évidemment) par l'Ecole Biblique, ici à Jérusalem.
Matthieu (1:22-23) : « Or tout ceci advint pour que s'accomplît cet oracle prophétique du Seigneur : Voici que la vierge concevra et enfantera un fils, et on l'appellera du nom d'Emmanuel, ce qui se traduit : " Dieu avec nous " »
Donc saint Matthieu nous parle du mystère de Jésus-Christ, du mystère du commencement de sa vie, de la virginité de sa maman, donc de son identité surnaturelle. Pour saint Matthieu cet oracle n'était pas encore accompli.

La prophétie d’Isaïe

En fait, le livre d'Isaïe, dans sa première partie, décrit un contexte assez sombre parce que le Prophète retrouve son peuple en plein péché, dans l’obscurité. Le roi décède et dans ce contexte-là, Dieu envoie l'obscurité. C'est justement à ce moment-là que les ennemis externes attaquent Israël. En premier lieu, la Syrie son voisin du Nord.
Le Seigneur promet par la bouche d'Isaïe un signe.
Donc ce contexte sombre, déjà, nous parle d'un peuple qui a besoin du salut. Lisons donc :

Isaïe 7,14-17 « C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici, la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel. Il mangera du lait caillé et du miel jusqu'à ce qu'il sache rejeter le mal et choisir le bien. Car avant que l'enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, elle sera abandonnée, la terre dont les deux rois te jettent dans l'épouvante. Yahvé fera venir sur toi, sur ton peuple et sur la maison de ton père, des jours tels qu'il n'en est pas venu depuis la séparation d'Éphraïm et de Juda le roi d'Assur » .

Ce signe est très intéressant parce qu'il reste dans le texte d'Isaïe très mystérieux. On ne sait pas qui est la femme. On ne sait pas qui est vraiment l’Emmanuel. Est-ce que c'est son fils royal ? Certains disent que peut-être c'était le roi Ezéchias… Mais son royaume n'était pas vraiment réussi. Est-ce que c'est un fils d'Isaïe ? Est-ce que c'est Israël, entendu comme un personnage un peu métaphorique ?
Et là le texte continue la prophétie avec cette révélation paradoxale :

Isaïe 7:21-22 « Il arrivera, en ce jour-là, que chacun élèvera une génisse et deux têtes de petit bétail. Et il arrivera qu'en raison de l'abondante production du lait, il mangera du lait caillé ; tout survivant au milieu du pays mangera du lait caillé et du miel ».

C'est du salut qu’il s’agit, mais c'est du salut, je dirais, post apocalyptique. On parle de survivants mais il n'y a pas de village. Il n'y a pas d’autre produit que le produit qui vient du bétail. C'est-à-dire que les villages sont détruits.

Cela nous dévoile un peu ce mystère de Jésus-Christ qui arrive dans un paysage de désolation. Il porte la Bonne Nouvelle. Il ouvre la porte du salut. On retrouve donc dans l'Ancien Testament l'histoire de Jésus. Une petite parole mais qui est très importante pour chacun de nous : on retrouvera dans l'Ancien Testament et dans toute la Bible aussi, notre histoire personnelle, la mienne et la tienne.
 


frère Łukasz Popko

Frère Łukasz Popko est dominicain de la province de Pologne. A Jérusalem, il est assistant du directeur pour les Études Bibliques et les Cahiers de la Revue Biblique et directeur du comité éditorial pour la Bible en ses traditions. Il travaille sur la critique textuelle de l’Ancien Testament et les livres prophétiques (en particulier Jérémie, Osée, Isaïe).
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MessageSujet: Re: Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom -   Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom - EmptyDim 17 Déc - 9:24



4. Le scandale de l’incarnation

Pourquoi est-il si difficile aujourd'hui de croire en l'incarnation de Dieu en Jésus-Christ ? Il y a à cela des raisons historiques, des raisons psychologiques, mais aussi des obstacles qui nous empêchent d'imaginer que Dieu, dans sa transcendance, puisse s'incarner en un homme, Jésus-Christ.

Christologie descendante ?

La foi traditionnelle de l'église, en ce qui concerne Jésus-Christ, c'est qu'il est vraiment Dieu lui-même, le Fils de Dieu descendu du ciel, et qu’il s'est fait homme. On est dans un schéma tout à fait descendant. Ecoutez plutôt ce que nous professons avec le symbole de Chalcédoine. : « Engendré, non pas créé, consubstantiel au Père. Par lui tout a été fait (et sa descente) pour nous les hommes et pour notre salut, il descendit du ciel. Par l'Esprit Saint il a pris chair de la Vierge Marie. »

Il est très clair que notre foi est vraiment que le Dieu transcendant dans son mystère vient habiter au milieu de nous, comme un véritable homme. Eh bien voilà que ce qu'on peut appeler une christologie descendante a été beaucoup contestée, en particulier depuis la fin du XVIII° siècle par les tenants d’une christologie ascendante.

Le Jésus de l’Histoire

Cette magnifique vision d'un Dieu qui descend rejoindre l'humanité a été remplacée peu à peu jusque dans nos consciences, il faut bien le dire, par une autre  vision de Jésus comme un homme parmi les hommes, dont on a fini par faire un Dieu. C'était même le titre d'un roman : « L'Homme qui devint Dieu ».

Tout cela commence vers la fin du XVIIIe siècle, en particulier dans les fragments que l'on retrouve après sa mort d’un savant qui s'appelle Raymarus. Finalement dans ses papiers la personne de Jésus telle qu'elle se dessine est celle d'un révolutionnaire plus ou moins raté, dont ses apôtres finissent par faire quelque chose.

Et sans tomber dans de tels excès, il est vrai que depuis le XVIIIe siècle, on s'est beaucoup intéressé à l'humanité de Jésus, à essayer de décrire, comme on le disait, Jésus en son temps.

Et l'espace, si l'on l'ose dire, la distance entre Dieu et l'homme semble être devenue difficilement franchissable pour nos consciences.

Dieu Tout-Autre, Tout-Puissant…

Une autre difficulté que nous rencontrons tient aussi à l'image, j'allais dire psychologique, de Dieu, que nous portons, pour beaucoup d'entre nous.  C'est quelque chose que l'on répète en permanence, Dieu est le Tout-Autre. Il est le Tout-Autre. Et nous avons tendance à considérer sa transcendance comme le fait qu'il n'aurait rien à voir, d'une certaine façon, avec le monde. Et en conséquence, le lien entre ce Tout-Autre et la création semble, au mieux, réduit à une pichenette. Au départ il a créé, il a envoyé tout ça dans l'existence, et d'une certaine façon, que tout cela se débrouille tout seul.

Par rapport à cette conception de la transcendance de Dieu comme le Tout-Autre, évidemment le fait qu'il vienne au milieu de nous dans les limites d'une vie humaine, nous paraît inconcevable. Et évidemment ce qu'il y a derrière aussi, c'est une image de la puissance de Dieu. Si on considère la toute-puissance de Dieu, à la manière d'une puissance mondaine, le plus gros truc qui existe, capable de tout écraser, évidemment ce Dieu qui meurt sur la croix ne correspond pas à cette image de Dieu.

L’altérité de Dieu est propre à Dieu

Ce qu'il faut comprendre c'est que lorsque l'on dit que Dieu est « Autre » que la créature, ce mot « Autre » et ce concept d'altérité lui-même doit être divin. Il ne peut pas être autre comme ma main droite est autre que ma main gauche. Je ne peux pas mesurer l'altérité divine. Je n'ai aucun instrument de mesure intellectuelle pour franchir si je puis dire, la distance qui sépare Dieu de l'homme. Si bien qu’il faudrait dire que Dieu est Autre, oui, mais il est autrement Autre, d'une transcendance en quelque sorte redoublée, sur laquelle je n'ai aucun contrôle. Et si donc l'histoire sainte m'apprend que Dieu choisit dans toute sa liberté transcendante, d'être tellement Autre qu'il peut se faire le même. S'il décide au secret de sa providence de s’incarner en un homme, c'est sa liberté. Et prétendre pour des raisons pseudo-rationnelles qu'il ne peut pas le faire, que le Dieu Tout-Autre ne peut pas venir dans la chair, c'est en fait avoir de Dieu un concept encore beaucoup trop étroit.

Incarner, c’est assumer sans transformer

Dire avec l'Église qu’en Jésus-Christ, Dieu s'est fait homme, ne signifie pas qu'il s'est transformé en homme, comme s'il cessait d'être Dieu pour devenir autre chose.
Inversement ça ne signifie pas que Jésus soit un homme dont l'âme aurait été remplacée par l'Esprit divin. Dans ce cas-là il ne serait ni homme ni Dieu mais une troisième chose encore.
Non, en Jésus, l'Eglise confesse Dieu assumant toute la nature humaine, une seule personne, le Verbe divin subsistant, et comme Dieu dans la nature divine et comme homme dans une nature humaine.

Dire : « Jésus est Dieu », est vrai. Dire : « Jésus est né de la Vierge Marie » est vrai. Dire : « Jésus est mort sur la croix » est vrai mais ce n'est pas en tant que Dieu que Jésus est né de Marie ni qu'il est mort sur la croix.

Dire de Jésus qu'il est Dieu et dire de Jésus qu'il est homme, n'est pas dire la même chose et l'un n'implique pas l'autre, même si tous les deux sont vrais.

Il est donc capital de comprendre le dogme de l'Incarnation comme un chef-d’œuvre de ce que les anciens appelaient la docte ignorance « Docta ignorancia ». Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien. Lorsque je confesse Jésus comme vrai homme et vrai Dieu, je sais par révélation divine que cela est vrai, mais je ne sais pas nécessairement comment cela est vrai.

Rappelons-le nous, la question que Jésus pose à ses apôtres durant son ministère est : « Pour vous qui suis-je ? » et le nom que le Dieu transcendant s'est donné à lui-même lorsque Moïse lui demandait son nom est : « Je suis qui je suis ». Avec son incarnation en Jésus-Christ, Dieu s'est assuré de rester une question posée au plus profond de chacune des existences humaines et toute la foi chrétienne consiste à approfondir cette question.



frère Olivier-Thomas Venard

frère Olivier-Thomas Venard est dominicain et vit à Jérusalem depuis de nombreuses années. Il est membre associé au Laboratoire des Etudes Sémitiques (LESA), Collège de France-CNRS, au titre du programme de recherches bibliques et culturels très innovant qu’il dirige : La Bible en ses traditions. Il est membre des conseils scientifiques du Centre de recherche français à Jérusalem et de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem. En 2017, le pape François l’a nommé consulteur de la Congrégation pour le Culte Divin.
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MessageSujet: Re: Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom -   Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom - EmptyDim 17 Déc - 9:26



5. Le mystère du Saint-Sépulcre


Nous sommes donc ici à côté du tombeau de Jésus, un Jésus mort et ressuscité pour sauver le monde entier, pour lequel il s'était incarné.
Le monde entier est présent ici, à la fois les chrétiens de tous les rites, des Musulmans, des Juifs… Tous ne savent pas pourquoi ils sont ici, mais le fait est que Christ est le rédempteur de chacun, et il vient ici pour sauver toute cette humanité.

La cathédrale du souk

Souvent les pèlerins qui viennent dans cette basilique du Saint Sépulcre sont un petit peu gênés par l'atmosphère que l'on trouve dans ces lieux. Il y a bien des pèlerins de différentes catégories sociales, de différents rites, de différents pays.

En fait cette basilique n'est pas du tout une chapelle de religieuses pieuses mais c'est un lieu qui rappelle étroitement le souk.

A quelques pas de la basilique se trouve également le souk. Les pèlerins aiment beaucoup visiter le souk, un lieu riche en couleurs, riche en odeurs, un lieu qui n'est pas un lieu religieux, un lieu de la vie des gens. Et lorsqu'ils viennent au Saint Sépulcre, souvent, ils sont un petit peu dérangés par ce côté cacophonique de la basilique. Ils aimeraient trouver un lieu beaucoup plus organisé, un lieu beaucoup plus pieux. En fait cette basilique du Saint Sépulcre est un lieu où bien des gens ont des expériences religieuses très importantes mais c'est également un lieu de vie.

Depuis plusieurs siècles, depuis le XIVe siècle pour les Franciscains, des communautés vivent dans cette basilique, c'est-à-dire qu'autour de la rotonde, ici, il y a des petites chambres, des lieux, des couvents où les communautés vivent ensemble dans cette basilique.

De plus les chrétiens viennent du monde entier dans cette basilique et ce qui est un petit peu surprenant, c'est que si ce lieu est un lieu saint pour les chrétiens du monde entier, un lieu lié à la Rédemption du monde entier, eh bien c'est aussi un lieu de prière pour les chrétiens de l'église locale de Jérusalem, ces chrétiens qui habitent dans les souks. Et en fait la vie que l'on trouve dans la basilique du Saint-Sépulcre est quelque part identique à la vie que l'on retrouve dans les rues de Jérusalem.

Et souvent les pèlerins ont du mal à percevoir ceci. Dans la ville de Jérusalem, dans les souks parfois on trouve des magasins qui appartiennent à des Musulmans, dans lesquels des Juifs vendent des chapelets chrétiens. Vous avez parfois des yeshivas de Juifs au-dessus des magasins musulmans. Tout ce monde là est imbriqué, et on retrouve ce même style de vie imbriqué dans la basilique. J'aime appeler cette basilique la cathédrale du souk.

Terre Sainte, lieu de la Trinité

La Terre Sainte a quelque chose de trinitaire.
Dans le désert on rencontre Dieu le Père. Il n'y a rien dans le désert, c'est le propre du désert, c'est là qu'Abraham va faire l'expérience de Dieu.

La Galilée, c'est Jésus. En Galilée on ouvre la Bible et tout de suite on revoit le lac de Tibériade. On revoit à Capharnaüm la synagogue dans laquelle Jésus a eu ce discours sur le pain de vie…etc. Le texte biblique prend immédiatement corps.

Jérusalem, ville de l’Esprit

Ici à Jérusalem il est difficile d'imaginer la scène de la résurrection en ce lieu ou la scène de la crucifixion sur le Calvaire. Ce lieu a été travaillé par l'histoire. C'est un lieu en ville, contrairement au désert ou aux abords immédiats du lac. Et donc ce lieu va être travaillé. Il va être détruit, reconstruit, re détruit re reconstruit. Les pèlerins vont amener leur marque, leur marque de dévotion. Et quelque part, il va être difficile de retrouver la scène évangélique telle qu'elle s'est passée.

Jérusalem est la ville de l'église, donc du Saint-Esprit. En fait à Jérusalem contrairement aux autres lieux, non seulement il y a une église, mais il y a « des » églises, avec leur culture propre. Donc parfois s'il est difficile de rentrer dans une église, il est difficile d'en comprendre plusieurs.

Et en fait je pense que le pèlerin ne doit pas faire l'impasse sur Jérusalem, il ne doit pas faire l'impasse sur le Saint Sépulcre. On n'est pas chrétien uniquement avec Dieu le Père et Jésus mais il est important de rentrer dans un contexte où même si c'est plus difficile, il faut passer par toute cette dimension humaine, par tout ce que l'humanité va ruminer en ces lieux, tout ce que l'Église va inspirer.

Et donc en fait lorsque l'on est pèlerin et qu'on est capable d'associer ces trois dimensions de la Trinité, à mon avis on profite des lieux saints au maximum. Quelque part ça peut paraître moins digeste à recevoir, mais c'est quand même un poids, qui à mon avis est fondamental dans la dimension chrétienne, ce côté incarné de la basilique dans une ville, dans une histoire, dans un monde.

Jérusalem, centre du monde

La ville de Jérusalem dans la théologie juive est au centre du monde. Pour les chrétiens Jérusalem est toujours au centre du monde, le barycentre s'est déplacé du Temple jusqu'au lieu de la mort et résurrection de Jésus, qui est vraiment le centre du monde.

Ici, à Jérusalem, a eu lieu la Pentecôte. C'est ici la ville où l'Église va naître. Et ensuite de Jérusalem, le message évangélique va repartir vers le monde entier. Jérusalem est au centre de l'Afrique, de l'Asie et de l'Europe. D'ici, le christianisme part vers le monde.

Et voilà que des pèlerins retournent aux sources du salut vers cette église mère de Jérusalem, cette église de l'incarnation de la mort et de la rédemption de Jésus. Là reviennent non seulement des pèlerins, mais également des communautés.
Et ce que je trouve très intéressant c'est que dans cette basilique, six communautés sont présentes depuis des siècles : des Coptes et des Éthiopiens donc deux communautés pour l'Église d'Afrique sont présents. Également des Syriaques et des Arméniens : deux communautés pour l'Église d'Asie sont présents. Également des Latins, à travers les Franciscains et des Byzantins : deux communautés pour l'Église européenne. Et donc lorsque l'on vient ici, en fait spontanément on aimerait se sentir chez soi, et en fait lorsque l'on vient ici on est chez soi. Mais on n'est pas que chez soi. On est dans un lieu où le monde entier, toute cette incarnation de l'église va être présente et va être rassemblée.

Cette édicule que l'on trouve ici est comme un aimant, un aimant qui va attirer à lui tous les hommes que le Christ sauve. Le monde entier pour lequel le Christ s’est incarné revient vers ces lieux. Lorsque nous tournons nous, en tant que Latins autour de cette édicule, nous n'oublions pas que les Grecs, les Arméniens, les Coptes, les Syriaques tournent aussi.

Donc en fait nous sommes tous ensemble des satellites d'un même soleil et parfois on aurait l'impression de vouloir être nous le centre, de vouloir être nous, le sujet exclusif de l'Incarnation. Et en fait l'incarnation est quelque chose qui est merveilleux, et qui nous dépasse, et le salut est quelque chose qui n'est pas que pour nous, pour moi, mais pour des gens que je ne connais pas et qui nous dépassent.


frère Stéphane Milovitch, franciscain

Frère Stéphane Milovitch franciscain en Terre-Sainte depuis de nombreuses années. Il occupe plusieurs responsabilités, en particulier au Saint-Sépulcre. Il est liturgiste et responsable des biens culturels de la Custodie de Terre Sainte.
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MessageSujet: Re: Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom -   Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom - EmptyDim 17 Déc - 9:30



6. Imaginons la vie quotidienne de Jésus. Un archéologue enquête


Dieu s'est incarné dans un homme. S'il est vraiment incarné, il faut qu'il soit un homme, un vrai homme, donc un habitant de la Galilée ou de la Judée. Il appartenait à population orientale, en partie juive avec une culture et des habitudes propres.

la Palestine

Alors la Palestine de l'époque, ou la Judée ou la Galilée est un pays pauvre. Ce qu'on appelle aujourd'hui la Terre Sainte est l'endroit le moins riche, le moins développé économiquement de toute la région. Alors les villages sont petits, les villes sont un peu plus grandes parce qu'elles sont romanisées.

C'est une population mixte entre une population qui se romanise, qui vit à l'occidentale et qui est très attirée par la vie à l'occidentale. Le reste de la campagne est resté très traditionnel. Les villages sont petits, même très petits, disons 20 maisons, 30 maisons, pas plus.

Les maisons

Et les maisons sont modestes. L'archéologie montre que les maisons sont construites avec des pierres non brutes, non taillées. Ils montent des murs. Ensuite sur les murs, ils font des petites fenêtres avec des linteaux en bois, des portes en bois et puis une toiture en bois ou en roseau. Dessus il y a du pisé, ce qu'on appelle du pisé, c'est-à-dire de la boue avec de la paille qui sèche et qui est étanche à l’eau. On la répare après chaque hiver.

Entre dehors et dedans

On a là des maisons extrêmement simples, sombres, pas très grandes. Une pièce, deux pièces, trois pièces pour les plus nantis.

Les gens vivent autant dehors que dedans. Dans le récit évangélique Jésus va de village en village. Il va sur le bord du lac et rencontre les pêcheurs. Il y a tout un ensemble qui est très populaire. Il faut s'imaginer le contexte humain du Nouveau Testament dans un milieu très populaire.

Dans les maisons

La vie dans les maisons est évidemment une vie simple. On couche par terre ou sur des banquettes en bois pour éviter les insectes qui rentrent dans les maisons.

Et il n'y a pas beaucoup de meubles. Il y a des coffres où on préserve les habits. Il y a un autre coffre où on préserve la batterie de cuisine, qui est modeste. Et puis il y a le long du mur de grandes jarres assez grandes, avec le fond plat posé par terre, pour conserver la base de la cuisine, c'est-à-dire une jarre d'eau, une jarre d'huile, une jarre de grains.

La gastronomie

On peut évidemment imaginer un peu la gastronomie locale, c'est-à-dire les grains. Ce sont différentes sortes de blé. Il y a le blé. Il y a l'orge. Il y a l’épeautre, il y a des lentilles, il y a surtout les fèves, les haricots etc…

Ce sont les fruits que même jusqu'en Europe on a gardé comme la gastronomie de l'hiver. Donc c'est une gastronomie pauvre. Et le repas c'est une bouillie, c'est des fruits secs, c'est des légumes secs, c'est des laitages et du pain. Les gens s'asseyaient assis le long du mur. C'est un repas assez codé où, évidemment il y a un plat. Chacun plonge sa main dans le plat. Le pain en général est mélangé autour du plat bouilli.

Les habitudes à table

En général il est malséant de parler. Ce sont des repas plutôt en silence où on demande poliment d'être aidé ici ou là. Mais on ne parle pas parce que il ne faut pas cracher dans le plat. Donc vous voyez il y a tout un code.

Les femmes ne se mettent pas à table, même dans le monde romain. Elles ne se mettent pas à table tout comme les enfants, et le voisinage. Ce que l'on laisse dans le plat est pour eux. Donc là aussi c'est un geste social très sensible.

La viande

En général la viande est considérée comme festive... on relit Isaïe : « Vous vous régalerez de viandes savoureuses ! » (Isaïe 55, 2). La viande est un festin, c’est assez rare si vous voulez.

Il y a la chèvre et le mouton. La chèvre parce qu'elle est bon marché, le mouton qui est plus solennel parce que plus cher et il faut reconnaître plus savoureux. Mais il y a aussi les volatiles. On peut manger des pigeons ou des bécasses qu'on peut chasser. On ne mange pas beaucoup le poulet, les poules, parce que dans leur esprit les poules étaient des animaux qui pondaient des œufs.
Donc les poules sont là pour pondre les œufs. Alors il y a dans la gastronomie même quotidienne, il y a les œufs, qui peuvent améliorer le plat. Les œufs sont souvent accommodés avec des graines, du vinaigre.

Donc le mouton est un festin. Il est célébré lorsqu'un invité arrive, ensuite lorsqu'on a un vœu qui qui a été accompli ou qu’on veut faire. On le mange aussi lorsqu’on veut faire le fameux sacrifice du mouton, quand on a fini la maison, quand on a mis la dernière partie de boue sur l'angle du toit, on sacrifie le mouton. Pour les mariages il y a toujours le mouton, c'est obligatoire. Et enfin on sacrifie le mouton pour la Pâque. Le festin avec le mouton est un concept assez dense, c'est-à-dire qu'il est toujours couplé avec le sacrifice, c'est pourquoi le mouton est sacrifié, il est saigné à la gorge. On plie le cou. Il doit être saigné.

Le poisson

Alors évidemment en Galilée on est au bord du lac. Alors au bord du lac, eh bien les gens sont des pêcheurs. Il y a des barques.

Le poisson évidemment est la base de la nourriture au bord du lac. Au moins donc au bord du lac c'est un pays de cocagne, puisqu'on mange du poisson frais. Mais partout ailleurs où on mange du poisson, il va être assez cher, parce qu'il est conditionné. C'est-à-dire qu'il est fumé ou salé et transporté dans des jarres.

Evidemment la vie de Jésus était traditionnelle dans son village. Pendant 20 ans il a été un artisan il a vécu comme tout le monde, peut-être même presque inconnu ou non repéré comme un être exceptionnel sauf par sa gentillesse et sa charité... il n'était pas visible.


frère Jean-Baptiste Humbert

Frère Jean-Baptiste Humbert est dominicain depuis 1965. Il est archéologue et a mené de nombreuses fouilles en Palestine et en Syrie.
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MessageSujet: Re: Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom -   Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom - EmptyDim 17 Déc - 9:33



7. Saint Luc, historien ou théologien ?

Saint Luc raconte les histoires de Noël, la crèche, les bergers dans les champs… Est-ce que c'est une vraie histoire ou est-ce que c’est un mythe ?

Saint Luc, est un historien helléniste. En effet, un historien n'est pas toujours un historien comme on l’entend aujourd’hui. Un historien à l'époque de Jésus n'avait pas la même ambition qu’un historien d'aujourd'hui ou qu’un historien du XIXe siècle.

Le critère d'être un bon historien n'était pas d'être objectif, mais c'était plutôt d’être proche des événements. Donc les témoins oculaires étaient très souvent les mieux placés pour raconter la véracité des événements. C'est aussi une sorte d'art, ce n'était pas une science. C'était une occupation des personnes cultivées, civilisées. Ce n'était pas une profession ni une sorte de discipline dans une chaire d'histoire dans une université à l’époque.

Il y avait plusieurs méthodes chez les historiens anciens. Pour Thucydide, le père des historiens anciens, la manière de prouver la véracité des événements historiques était surtout d'avoir des témoins, présents pour observer les réalités qui se sont passées. Pour Hérodote, un autre historien de l’époque, c'était extrêmement important de faire des petits entretiens avec beaucoup de gens.

On voit la même chose dans le prologue de saint Luc. Il parle des témoins oculaires. Il déploie toute une sorte de terminologie technique de l'époque de cette sorte d'historiographie. L'exactitude « acribéa » en grec, c'est la véracité que l’on cherche dans les récits historique. Il parle aussi d'« asphaléa », le vérité, le sûreté de son récit.

Je n'hésiterai pas à dire que Luc est « historien » mais avec l’astérisque que c’est un historien gréco-romain, qui n'est pas un historien moderne. C’est un historien qui cherchait plutôt à interpréter les événements sur lesquels il s’est bien renseigné à travers des entretiens avec les gens qu'il appelle les « témoins oculaires ».

L’honnêteté de l’auteur comme critère

La grande différence entre la manière antique et la manière moderne de faire de l’histoire est que l'histoire était une sorte de littérature vraie. Même si l'objectivité n'était pas l'aspiration ou le but de l'histoire ancienne, les gens de l'époque étaient bien capables de distinguer entre les récits vrais et les récits faux. Mais leur manière de faire cette distinction n'était pas la nôtre. Il s’agissait plutôt de distinguer un historien qui était honnête et un historien qui était un menteur. Cette distinction entre l'homme honnête, le bon historien ou le menteur impose un certain critère éthique, voire même esthétique, pour mesurer la crédibilité d'un texte.

Ceci n’est pas un mythe

Les gens de l'époque étaient bien capables de constater que les mythes étaient des mensonges. L'histoire était plutôt la manière de raconter des événements crédibles.

Cette distinction entre deux littératures était importante parce que les historiens de l'époque se confrontaient très souvent aux mythes et les critiquaient. Ils cherchaient à expliquer les événements dans le monde gréco-romain. Il y avait des mythes partout. Donc très souvent un historien devait raconter un mythe. Donc ils ont développé des règles pour raconter des mythes d'une manière historique.

On raconte un mythe d'une manière historique en évitant d’assurer que le mythe est vrai, en prenant de la distance avec le mythe. On raconte le mythe et après on donne l'explication rationalisée de ce mythe. C'est extrêmement intéressant parce qu’on pense qu'on a découvert les mythes aujourd'hui. Ce n'est pas du tout le cas. A l’époque, ils sont bien conscients qu’un mythe n'est pas crédible.

Donc par exemple, Strabon, un historien ancien qui raconte quantité de mythes, donne toujours après l'interprétation du mythe. Par exemple, lorsqu’il raconte le mythe de Gerson, et de ses poules d’or, il nous dit que la réalité derrière c'était des gens qui cherchaient l'or dans les fleuves de cette région. Et il nous dit que l’histoire est devenue un mythe avec le temps, mais qu’à l'origine on peut chercher un événement réel. Cela, c'est la manière des historiens de l'époque de raconter le mythe. Ou bien on donne une alternative : on raconte le mythe et on donne une alternative qui explique les choses d'une manière crédible.

Ce qu'on voit dans saint Luc, c'est qu’il raconte les choses que les lecteurs de l'époque ont reconnues comme étant un événement trop surnaturel. Mais après il ne donne pas une sorte de rationalisation de démythologisation. Donc c’est sa manière de raconter ces choses qui présuppose leur véracité. Il ne prend aucune distance comme auteur envers les événements surnaturels. Avec cette manière de raconter les choses, on arrive à la fin avec une sorte de forme historique associée à un contenu mythique. Et ça, c'est la spécificité extraordinaire, le défi aussi littéraire du récit de l'enfance chez saint Luc.

Il nous confronte avec ce qu'il présente comme une histoire mais qui en réalité est trop surnaturel pour être une histoire.

Les sources de saint Luc

Il raconte des choses qui sont bien difficiles à accepter, même pour les lecteurs anciens. C'est pourquoi aussi cet appel aux témoins oculaires dans le prologue est aussi important, parce que Luc compte sur la crédibilité, le fiabilité de ses sources.
Les sources de Luc sont aussi une question ouverte. Quelles sont les sources de Luc ? Son récit n'est pas le même que celui de saint Mathieu, pourquoi ?

A propos des sources de saint Luc, très souvent on parle d'une source de Jean-Baptiste parce qu'il y a beaucoup de traditions de ce Jean-Baptiste. C'est un peu difficile à dire ce que ça veut dire…

C'est bien probable qu'il y avait des sortes de cercles populaires qui conservaient une certaine mémoire.
Aussi on a à l'époque une sorte de tourisme autour des personnages connus. Par exemple au sujet de l’empereur César Auguste, on visitait déjà le lieu de sa naissance de son vivant. On a la même chose probablement autour de Jésus. C'est déjà le cas un siècle après. On a des pèlerins, des touristes…

L’Ancien Testament comme cadre

La manière de présenter la Vierge, l'annonce de l'ange, est modelée clairement sur les événements de l'Ancien Testament.

C'est pourquoi la présentation historique doit être mesurée aussi par les critères esthétiques. C'était pour les historiens de l'époque une activité littéraire. Donc ce n'était pas un défaut que Luc raconte la naissance de Jésus avec des échos littéraires de l'Ancien Testament. C'était simplement la manière d'un historien de l'époque.

Saint Luc est bien un historien mais un historien ancien, donc sa manière de raconter les choses est bien à la manière d'un historien dans l'Antiquité dans le monde gréco-romain et pas un historien du XIXe ou d'aujourd'hui.


frère Anthony Giambrone

Frère Anthony Giambrone est un dominicain américain, professeur de Nouveau Testament à l’École Biblique et Archéologique de Jérusalem. Il s'intéresse à la manière dont les premiers chrétiens pensaient l'identité du Christ, dans le contexte juif et romain de leur époque. Il a beaucoup publié, surtout en anglais, par exemple : A Quest for the Historical Christ: Scientia Christi and the Modern Studia of Jesus (2022). Il enseigne aussi dans la prestigieuse Université Notre-Dame (Indiana) aux États-Unis.
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MessageSujet: Re: Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom -   Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom - EmptyMer 27 Déc - 6:32



8. Le Dieu des juifs s’est incarné


Je crois, au bout de 20 ans à Jérusalem, que le judaïsme nous est nécessaire pour bien professer notre foi en l'incarnation de Dieu en Jésus-Christ. C'est un paradoxe, puisque bien souvent on nous explique que nous partageons beaucoup de choses avec nos amis juifs, mais qu'une chose nous sépare, c'est véritablement la foi en l'incarnation de Dieu en Jésus-Christ.

Les Apôtres, des juifs chrétiens

Tout le milieu dans lequel Jésus évolue, Jésus lui-même, ses disciples et, on peut dire, les premières générations chrétiennes, est largement composé de Juifs. Et dans le judaïsme, si une chose est sûre, c'est que Dieu est absolument unique, et qu'il est transcendant. Si bien que, en effet, l'incarnation de Dieu pourrait sembler difficile à comprendre dans une telle culture. Et cependant, c'est dans cette culture que l'adoration de Jésus est née. Il y a là un vrai paradoxe historique dans lequel il faut essayer d'entrer.
Il est absolument clair que la foi en la divinité de Jésus ne peut pas venir de je ne sais quelle apothéose que des Juifs du Ier siècle auraient fait subir à leur leader. Ce serait purement et simplement une idolâtrie, la chose détestable par excellence dans le judaïsme. il a donc fallu que la révélation de la divinité de Jésus se passe autrement.

Dieu prépare l’Incarnation

D'abord il faut commencer par rappeler que le Dieu d'Israël, celui auquel les disciples de Jésus, les Juifs du Ier siècle sont habitués, est à la fois un Dieu très transcendant, unique, dont le nom est rarement prononcé, qui a son temple entouré de silence à Jérusalem.

Mais c'est en même temps un Dieu proche, c'est le Dieu qui a donné sa Parole dans la Torah. C'est le Dieu dont les lois règlent le moindre détail de la vie quotidienne. C'est le Dieu qui est venu au secours de son peuple, qui continue à nourrir l'espérance de son peuple. Il est à la fois le créateur, et il est lié déjà très fortement à l'humanité, en tout cas à travers ce peuple élu qu’il a choisi.
Eh bien, pour pouvoir se manifester, Dieu en Jésus va reprendre tout le vocabulaire, tout le symbolisme qu'il a mis en place dans ce peuple qu'il éduque à cette époque-là depuis des siècles, pour se manifester.

Je suis

Et de fait, on va voir Jésus tout d'abord parler comme Dieu. Il va prononcer des paroles qui reprennent les paroles de Dieu. Nous nous rappelons tous dans l'évangile de Jean, ces moments où dans ses dialogues, ses disputes avec ses contemporains, tout d'un coup sa parole bute sur « Je suis » : « Si vous ne croyez pas que Je suis, vous mourrez dans vos péchés. »

Pur et impur

En se situant lui-même à la frontière du pur et de l'impur, il se dote aussi d’attributs de Dieu. S'il y a une chose qui manifeste l'action de Dieu dans le judaïsme à l'époque du Temple, c'est la séparation entre vie et mort, entre saint et profane, entre pur et impur. Et les règles de pureté qui gèrent la vie quotidienne ne sont pas là pour embêter les gens mais pour préserver la sainteté du peuple élu.

Lorsque Jésus fait ses guérisons, les évangélistes insistent par une espèce d'effet de zoom sur sa main. Il tend la main et il touche. Il touche la personne qu'on ne doit pas toucher en principe, selon la loi religieuse. Il la touche et il la guérit. On est bien à la frontière entre le pur et l'impur.

Mais alors que pendant des siècles on pensait que cette frontière devait être protégée de la contamination de l'impur, en Jésus c'est le pur qui devient contaminant. C'est tout à fait le même système religieux mais qui se met à fonctionner d'une autre façon, que seule l'autorité divine peut sanctionner. Dieu seul maîtrise la frontière du saint et du profane, du pur et de l'impur et on peut dire qu'en Jésus la Révolution et qui est tout entière à l'intérieur du judaïsme et dans les codes de judaïsme, consiste à faire fonctionner en sens inverse cette frontière du pur et de l'impur. Désormais en lui on n’a plus à craindre la contamination de l'impur, on a à favoriser la contamination du pur.

Les exorcismes

Et une des choses les plus éclatantes qu'il fait, c'est qu'il exorcise en son propre nom. A l'échelle de l'histoire des cultures, c'est quelque chose d'extraordinaire. La formule d'exorcisme, dans les religions sémitiques des millénaires avant Jésus, si l'on remonte à Babylone, et des millénaires après, si on regarde cette formule d'exorcisme dans le judaïsme sépharade ou dans l'Islam d'aujourd'hui, est inchangée. C'est toujours au nom du grand Dieu, du Dieu unique qu’on chasse les démons, puisque Dieu seul contrôle les esprits.

Dans le cadre du christianisme le nom de Dieu est remplacé par le nom de Jésus. Et cela se fait très vite puisque les Evangiles eux mêmes témoignent du fait que des gens ont entendu dire que cela se fait et eux-mêmes utilisent le nom de Jésus pour faire des guérisons, pour faire des exorcismes.
Ceci ne peut pas avoir eu lieu si Jésus lui-même n'a pas, comme le disent les évangiles prononcer les paroles : « Je te l'ordonne, sors de cet homme ». Il a donc engagé son autorité dans l'activité d'exorcisme. Cela est parfaitement scandaleux, encore une fois à l'échelle de cette fixité rituelle.

La Parole s’incarne dans une personne

Dans un deuxième temps on va découvrir qu’en Jésus toutes sortes de figures qui étaient associées d'une certaine manière au Dieu créateur, sont déjà dans les écritures juives.

En Jésus elles sont accomplies et c'est ainsi qu’il va devenir d'une certaine manière la nouvelle Torah, lui-même. Il est vénéré comme le Logos, la parole même, le Memra, le Davar, pour reprendre tous ces mots araméens, grec ou hébreux qui désignent la Parole de Dieu.

On va se rendre compte peu à peu que c'est ce Dieu qui se révélait depuis tant de siècles qui en Jésus n'a plus seulement pris les apparences, si l'on peut dire, de la création et des créatures et de ce qu'elle pouvait nous apprendre de lui. Il ne s'est pas contenté non plus de son incorporation dans le corps de lettres et de textes des écritures. Mais il a voulu être plus clair que jamais si l'on ose dire, en prenant carrément des cordes vocales, des dents, un palais mou, un palais dur, des poumons, tout ce qu'il fallait pour nous parler.



frère Olivier-Thomas Venard

frère Olivier-Thomas Venard est dominicain et vit à Jérusalem depuis de nombreuses années. Il est membre associé au Laboratoire des Etudes Sémitiques (LESA), Collège de France-CNRS, au titre du programme de recherches bibliques et culturels très innovant qu’il dirige : La Bible en ses traditions. Il est membre des conseils scientifiques du Centre de recherche français à Jérusalem et de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem. En 2017, le pape François l’a nommé consulteur de la Congrégation pour le Culte Divin.
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MessageSujet: Re: Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom -   Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom - EmptyMer 27 Déc - 6:35



9. Dans l’évangile, deux histoires de Noël


Avez-vous remarqué que dans le récit de l'enfance, Matthieu et Luc font référence à l'Ancien Testament mais d’une manière différente ?

Citer ou ne pas citer

Matthieu cite toute une série de passages bibliques d'une manière explicite. Par exemple, il cite ce passage très célèbre d'Isaïe 7,14 : « La vierge concevra et enfanta un fils… ». Il cite aussi la prophétie de Jérémie sur Rachel qui se lamente de ses enfants perdus.

Luc ne cite jamais un passage d'une manière explicite, comme Matthieu. Sa manière de proposer les liens avec l'Ancien Testament est bien différente. Luc change son style juste après le prologue. Son magnifique prologue est extrêmement élégant, en grec hellénisé. Et puis après quelques lignes, il change de style, dans un style bien vétérotestamentaire. Il commence à parler d'une manière sémitisée, qui fait bien écho à l'Ancien Testament. Donc le lecteur a l'expérience vraiment d’une plongée dans le monde de l'Ancien Testament.

Pour Mathieu il faut toujours dire très explicitement qu’une réalité est l'accomplissement de l'Ancien Testament. En revanche, Luc présume toujours un lecteur assez intelligent qui reconnaît tout simplement que ce qui est décrit est bien l'accomplissement de l'Ancien Testament.

Luc et les femmes de la Bible

Luc fait référence à plusieurs personnages assez célèbres dans l'Ancien Testament, surtout les femmes stériles : Sarah, par exemple, la femme d'Abraham, ou bien encore la mère de Samson.
La plus célèbre de tous c'est Anna (Anne) qui donne naissance à Samuel, lui qui est consacré au Seigneur comme Jésus. Anne chante aussi ce cantique qui est très proche du Cantique de Marie, le Magnificat. Le dernier mot du cantique d'Anne c'est un mot lourd de sens, c'est le mot « Messie ». Pour les Juifs de l'époque leur compréhension, leur interprétation de ce cantique était qu’il s’agit d’une sorte de prophétie messianique bien sûr. Faire ce lien entre le Cantique d’Anne et le Cantique de Marie suggère que la naissance de Jésus est l'accomplissement de cette prophétie.

Misères et joies

Le caractère du récit de l'enfance de Matthieu est bien sanglant. Il y a des meurtres partout. Les enfants sont tués par Hérode, le tyran.
L'esprit dans le récit de Luc est bien joyeux et ça fait un lien aussi avec toutes les prophéties d'Isaïe, tous ces chants, ces poèmes de salut, de rédemption et de joie partout.

Le point de repère dans saint Matthieu c’est plutôt l'Exode, l'Exil. Israël en exil est loin de la présence de Dieu. C'est pourquoi Jésus doit être exilé en Égypte. C’est comme l'expérience d'Israël à l'époque.
Pour saint Luc c'est tout l'inverse. C'est Israël qui entre dans le Temple par exemple, qui est de retour dans ses propres terres. C'est pourquoi il y a dans saint Luc toute cette expérience de joie et de chanson. C'est vraiment l'inverse de l'expérience dans saint Matthieu.

Deux généalogies

Les deux généalogies sont bien différentes dans Matthieu et dans Luc. Il y a d’un côté une expérience de péché et de punition, et de l’autre une expérience de rédemption.

Dans la généalogie de saint Matthieu, il y a toutes ces femmes pécheresses, toutes les références à l'Exil. Dans le généalogie de saint Luc c'est tout l'inverse. C'est l'humanité du nouveau-né dont on fait une généalogie, et qui remonte à Adam. C'est une sorte de nouvelle création.

On ne retrace pas la lignée de Jésus à travers par exemple le roi Salomon qui était un bon roi mais aussi un pécheur qui a précipité la chute d'Israël et les divisions du royaume. Dans saint Luc, on retrace plutôt la lignée de Jésus à travers un autre fils de David moins connu, mais qui évite d'une certaine manière toute cette histoire de péché.

Le récit de l'enfance de Matthieu présente un sauveur qui est proche de toutes nos souffrances et nos péchés, qui assume tous nos péchés sur lui-même. Le récit de saint Luc est plutôt celui d’un sauveur qui nous a libérés de toutes ces expériences.

Deux présentations de Marie

C'est intéressant, la Vierge est bien présente dans les deux textes.
Toutes les femmes dans la généalogie de Matthieu nous préparent à reconnaître l'importance de la Vierge Marie. Pourtant, quand saint Mathieu évoque l’annonce de l’ange, c’est une annonce faite à saint Joseph et pas à la Vierge.

L'importance de la Vierge dans saint Luc est bien différente. Elle est le personnage majeur dans toute l'intrigue de saint Luc, ce qui n'est pas vraiment le cas en saint Matthieu.

Ce ne sont pas vraiment deux théologies de la Vierge différentes. C'est plutôt que pour saint Luc l'importance du personnage de la Vierge est plus présente, à plusieurs reprises à travers l'Évangile, jusqu'aux Actes des Apôtres. Elle est présente au cœur des disciples.

Ce n'est pas le cas de Matthieu. L'importance de la mère de Dieu, la mère de Jésus, la Mère du Seigneur - c'est la manière dont Luc parle de Marie - est plutôt d'être au sein de l'église même.




frère Anthony Giambrone

Frère Anthony Giambrone est un dominicain américain, professeur de Nouveau Testament à l’École Biblique et Archéologique de Jérusalem. Il s'intéresse à la manière dont les premiers chrétiens pensaient l'identité du Christ, dans le contexte juif et romain de leur époque. Il a beaucoup publié, surtout en anglais, par exemple : A Quest for the Historical Christ: Scientia Christi and the Modern Studia of Jesus (2022). Il enseigne aussi dans la prestigieuse Université Notre-Dame (Indiana) aux États-Unis.
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MessageSujet: Re: Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom -   Dieu s'est fait homme en Terre Sainte - par Théodom - EmptyDim 31 Déc - 6:49



10. La liturgie byzantine raconte Noël

Savez-vous ce que signifie l'Emmanuel. Emmanuel signifie « Dieu est avec nous ». C'est un nom que l'on entend souvent dans la préparation à la fête de Noël, dans le temps de l'avent, puisque c'est souvent sous ce nom que l'on invoque le Christ que l'on attend. Eh bien ici, vous êtes au monastère de l'Emmanuel à Bethléem, un monastère de rite grec-catholique byzantin.

Catholique de rite orthodoxe et arabe ?

Peut-être ne savez-vous pas ce que ce que signifie le terme grec-catholique ? Alors pour faire simple, c'est la partie orientale de l'Église catholique. Donc nos prières sont comme celles de nos frères orthodoxes. Nous chantons de la même manière. Nos traditions sont les mêmes. Et nous les représentons en quelque sorte dans l'Église catholique, en apportant toute cette richesse de l'Orient dans la grande église catholique latine. On nous nomme aujourd'hui les églises orientales.
Parmi ces Églises orientales il y a des églises de tous les rites orthodoxes d'origine. Vous avez des Arméniens catholiques, des Éthiopiens catholiques, des Syriens catholiques. Et nous, nous sommes la branche issue du monde grec. Et c'est pour cela que on nous appelle les Grecs catholiques.
On a en plus une petite particularité. C'est que nous sommes ici en Terre Sainte, de langue arabe. Donc on a en plus le titre de melkite, qui désigne proprement les fidèles de l'église grecque-catholique de langue arabe.

Noël byzantin

Dans l'église byzantine, le cycle de Noël culmine dans la fête du 6 janvier, qui est la fête des saintes théophanies du Seigneur, où l'on célèbre sa nativité dans la chair, sa manifestation dans le Jourdain comme le fils du Père dans l'Esprit et sa manifestation comme Messie lors de son premier miracle aux Noces de Cana.
Cet usage de l'Eglise ancienne de célébrer donc la fête de Noël avec les saintes Théophanies le 6 janvier, s'est perdu petit à petit. Et dans l’ église occidentale on a distingué ces deux fêtes de la Nativité du Seigneur et du baptême du Christ. On les a mises à des dates différentes. La fête de Noël, la fête de la Nativité a été déplacée au 25 décembre, qui était aussi la fête du solstice d'hiver. C'était une manière de christianiser une fête païenne et en même temps de donner une importance nouvelle à ce grand mystère de la Nativité du Seigneur, en prenant un temps liturgique pour ces deux fêtes.
On voit que du vivant de saint Jean Chrysostome, cet usage est déjà bien établi. Donc on parle du IVe siècle.

Prier avec la liturgie, le sens du mystère

Ce qui me touche le plus dans cette poésie liturgique byzantine, c'est la manière dont elle nous force à l'étonnement. Elle ne cherche pas à nous expliquer le mystère d'une manière cartésienne mais elle va plutôt utiliser des contraires, une poésie qui va mettre en lumière la chose extraordinaire que nous sommes appelés à contempler.
Par exemple, la Vierge va devenir le trône des chérubins. Le sein fini de la Vierge va devenir la demeure de l'Infini. La Terre va accueillir en une grotte le Dieu trop grand pour notre entendement. Les Mages qui sont des adorateurs des astres, des adorateurs païens, vont être guidés vers le Christ par une étoile qui vient du ciel.

Passé et présent

L'Office byzantin de Noël, loin d'être la mémoire d'un événement historique est comme une actualisation du mystère.
Donc nous sommes appelés à revivre ce qu'ont vécu tous les personnages, toutes les personnes qui ont été impliquées dans ce mystère, dans la réalisation de cet événement du salut. Et nous allons entendre, nous, fidèles, le questionnement de la Vierge Marie, le questionnement des anges, le questionnement des mages devant le mystère.
Voici par exemple un extrait de notre office : « Pourquoi Marie te frappe d'étonnement ce qui se produit au fond de toi ? », et Marie répond : « C'est que j'enfante dans le temps un fils intemporel, sans que la conception de l'Enfant m'ait été enseignée. Etant vierge, comment puis-je avoir un fils ? Qui vit jamais virginale conception ? » et cette conclusion qui arrive, qui est une conclusion qui n'explique rien, une conclusion de foi, un cri de foi : « Mais lorsque Dieu le veut ainsi, l'ordre naturel est vaincu ! c'est écrit, le Christ né de la Vierge à Bethléem de Judée. »

Prier avec la Création

Dans cette poésie de l'office byzantin, la Création toute entière est interpellée et nous entraîne dans ce mouvement d'adoration vers le Christ qui vient de naître dans la grotte de Bethléem. C'est pourquoi il va interpeller tous les éléments de la Création.
La grotte de Bethléem va être comme personnifiée. On lui dit : « Prépare-toi, car voici qu'arrive la brebis qui porte en ses entrailles le Christ. » La crèche aussi doit se préparer : « Crèche, accueille celui dont le verbe nous délivre, nous mortels de nos œuvres sans verbe ni raison. » C'est comme si nous, les humains, nous étions enseignés, nous étions évangélisés par toute la Création, qui elle célèbre déjà le Christ qui est venu dans la chair, et qui est déjà dans la compréhension du mystère.

Prier avec la fresque de la Nativité

Je vais vous expliquer un petit peu plus particulièrement la fresque de la Nativité, qui va se trouver comme en écho, juste en face de la fresque de la Résurrection. Et si je souligne ces deux pôles, c'est que beaucoup d'éléments vont se retrouver de part et d'autre, et ça a une grande signification, parce que ça nous dit que lorsque les fresques ou l'office byzantin nous expliquent un mystère, ils nous l'expliquent toujours de manière holistique, c'est-à-dire d'une manière globale. Dans la fresque de la Nativité va être aussi intégrée la préfiguration de la mort du Christ et de sa Résurrection pour notre Salut.
Alors, il faut comprendre qu’une fresque, une icône n'est pas une photo. En fait elle nous raconte toute l'histoire du Mystère sans nous l'expliquer, mais tous les personnages sont là. Ils sont comme rassemblés en un seul instant.

On va s'attacher à la scène du milieu, qui est proprement la scène de la Nativité. Vous pouvez voir que l'enfant Jésus est enveloppé de langes. Et il est déposé dans une crèche, qui est un peu étrange. Elle a plus l'aspect d'un tombeau. Cette crèche est mise dans une grotte profonde, elle rappelle un peu la grotte des enfers que le Seigneur va briser. Les enfers, au pluriel, c'est le lieu où se trouvaient les justes, dans l'attente de la Résurrection du Seigneur, dans l'attente du salut. Et donc cette grotte sur laquelle Jésus est désormais tout-puissant, le Christ est venu descendre, pour descendre dans nos ténèbres pour nous ramener à la lumière.

La Vierge offre son enfant au monde. Et puis vous voyez que le doute de Joseph est aussi représenté. Cela c'est un chic aussi de la tradition byzantine, de ne pas effacer les moments de doute. De même qu'on va parler énormément du doute de Thomas au lendemain de la résurrection du Christ, on va parler du doute de Joseph dans le mystère de la Nativité. Nos doutes sont inclus dans cette histoire sainte.
Alors vous voyez que ces rayons qui descendent sur l'Enfant Jésus, avec l'étoile au bout, sont trines, c'est-à-dire qu’il y a trois rayons. Et ça rappelle évidemment la Trinité, que le Fils de Dieu est en même temps l'un de la Trinité, donc sa divinité est extrêmement prononcée. Et pour insister aussi sur son humanité puisqu'il est vrai Dieu et vrai homme en une seule personne, on va inclure dans cette grande fresque de la Nativité le premier bain de l'Enfant Jésus. C'est une manière de dire, voilà cet enfant qui est tout divin, il est en même temps pleinement de notre chair.


Mère Marthe, de Bethléem

Mère Marthe est bénédictine melkite, supérieure du monastère de l'Emmanuel à Bethléem.
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