Vers un vivre ensemble avec les personnes handicapées

Vers un vivre ensemble avec les personnes handicapées


La personne compétente dans le domaine du handicap qui nous a aidés à construire ce magazine proposait le titre :

« Et si l’on vivait ensemble ? » 

Elle souhaitait que le mot « handicapé » n’y figure pas.

Perspective désirable que d’imaginer le dépassement de nos différences, non pas pour les nier, mais parce qu’il permettrait des rencontres à égalité, et la construction d’une société où chacun apporte la richesse de ses talents. Mais nous sommes tous différents, et nous avons besoin les uns des autres.

Pourquoi alors souligner certaines particularités et ouvrir ainsi la porte à l’exclusion ? 

Sans doute parce que nos différences, certes sources de peur et difficiles à vivre, sont la richesse de notre humanité lorsqu’elles sont accueillies. 

Une société uniforme serait invivable. Le défi est immense et le restera. En effet, la tentation est grande de construire un monde basé sur la loi du plus fort. Elle porte en elle sa condamnation, car le fort rencontrera un jour son maître.

Rêver à l’achèvement de ce travail d’accueil mutuel risque de faire perdre la patience nécessaire, et passer à côté des signes positifs qui donnent la force de poursuivre la tâche. 

Si la société civile, en bien des pays, a fait des progrès en termes d’inclusion et s’en félicite, de nombreux témoignages constatent des réalités fort éloignées des déclarations de principe, à l’école, dans les entreprises et dans la vie publique.

Les personnes handicapées, leurs familles et celles et ceux qui travaillent avec elles, ont un rôle difficile et précieux à jouer dans la société pour qu’elle ne perde pas de vue l’objectif d’un bien vivre ensemble qui transcende les différences.

Le pape est ferme pour dire que les personnes handicapées ne doivent pas seulement être assistées, mais participer activement à la société civile et ecclésiale. 

C’est le chemin pour reconnaître chaque individu comme une personne unique et irremplaçable[1]. La vraie richesse est humaine.

Son intention interpelle les sociétés et les institutions. Il leur revient en premier d’en prendre les moyens. 

Le pape pointe trois étapes : l’attention aux personnes, des programmes d’inclusion dont le résultat doit être enfin une participation active à la vie commune. 

Pourquoi une telle interpellation ? 

Parce que les sociétés sont le maillon faible de cette construction.

Le Christ dans l’Évangile se fait proche des petits, des pauvres, des malades. Il guérit. 

Ces guérisons sont le fruit de son abaissement dans son incarnation et sa Passion. 

En sa présence, ils découvrent en eux une force divine et se relèvent. Le Christ ouvre ainsi une voie qui montre la fécondité de cette relation humble. 

Nous pouvons croire qu’une vraie rencontre avec les personnes handicapées est source d’épanouissement personnel et de bien vivre ensemble. 

Puissions-nous ne pas passer à côté de cette chance et nous encourager mutuellement à la saisir.



[1]Encyclique Fratelli Tutti n°98

Seigneur, je te prie pour que les personnes handicapées
vivent heureuses dans notre société


François, jeune homme en situation de handicap à la suite d’une méningite, nous donne ses mots pour prier.


Seigneur, pour me sentir bien dans la vie, j’ai besoin de personnes qui ne sont pas handicapées pour faire des choses à ma place comme la cuisine, le linge, servir à table. 

Il y a des personnes qui ont besoin de plus d’aide que moi, ça dépend de leur handicap. 

Je te prie pour que chacun reçoive l’aide dont il a besoin, si c’est se laver, ou s’habiller, ou autre chose.

Je te demande aussi que les autres autour de moi, fassent la paix, qu’ils soient sages et qu’ils ne m’embêtent pas. 

Qu’ils ne me bousculent pas car je ne tiens pas bien debout, qu’ils ne fassent pas des disputes qui me font peur, me taquinent ou me prennent ma canne pour s’amuser.

Seigneur tu le sais, je ne peux pas bien me défendre parce que je ne peux pas aller vite. Ça m’énerve quand on me dit de me dépêcher, je suis lent, je peux accélérer un peu, mais pas comme les autres. 
Aide-les à comprendre cette chose.

Seigneur, je veux aider moi aussi à protéger les autres. Je voudrais que la société respecte le rythme des personnes handicapées, que le chauffeur de bus attende que je sois assis, que je n’ai pas besoin de lui demander d’arrêter un peu longtemps.

Pour que les personnes handicapées vivent heureuses dans notre société, il faudrait que tu apprennes à tout le monde à faire attention les uns aux autres, à savoir s’arrêter quand ils sont taquins. 

Les gens ne s’aperçoivent qu’ils font mal. Mon handicap les amuse, mais moi ça me vexe.  Je n’arrive pas à me défendre assez parce que je suis gentil et que je n’aime pas faire mal aux autres, je réponds une fois d’arrêter, mais après j’abandonne.

Seigneur, je te demande d’aider les gens qui ont du mal à s’arrêter, et à me comprendre.

Je te remercie pour ceux qui m’aident à vivre dans la vie quotidienne, je te remercie pour mon curateur qui m’aide à compter mon argent et pour l’argent que je reçois comme personne handicapée du conseil départemental.

Je me sens intégré quand j’essaie d’écouter les gens et que j’y arrive et quand ils m’écoutent, quand on fait des activités ensemble, des jeux, des sorties à vélo.  

Seigneur, je suis heureux quand il y a la fête ensemble, quand on ne m’embête pas et qu’on me parle.

 Quand ça arrive, je te remercie.

  François