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 Les femmes fortes de la Bible

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MessageSujet: Les femmes fortes de la Bible    Bible - Les femmes fortes de la Bible  Empty2/12/2022, 18:51

Pendant l’Avent, La Croix propose de découvrir quatre femmes fortes de l’Ancien Testament. Aujourd’hui : Anne, la mère du prophète Samuel. Les femmes fortes de la Bible (1/4).
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MessageSujet: Re: Les femmes fortes de la Bible    Bible - Les femmes fortes de la Bible  Empty2/12/2022, 19:02

Anne, la priante


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Qui est Anne ?



La figure biblique d’Anne, dont le prénom signifie « grâce », est l’épouse d’Elcana, un homme de la tribu de Levi, habitant la ville de Rama en Israël. Elle est aussi la mère du prophète Samuel. 


Son histoire commence par l’épreuve de la stérilité. À cet égard, la tradition chrétienne l’a rapprochée d’autres femmes stériles de la Bible : Sara, l’épouse d’Abraham, Rachel, la femme de Jacob, et Élisabeth, la mère de Jean-Baptiste, celle dont l’ange Gabriel dit à Marie qu’elle a conçu un fils dans sa vieillesse.


Anne ne s’est pas laissé enfermer dans le désespoir de ne pas avoir d’enfant, mais elle a placé sa confiance en Dieu. Son histoire est présentée dans les deux premiers chapitres du Premier Livre de Samuel. 


« Dans la Bible hébraïque, le Livre de Samuel constitue un seul ouvrage. La Bible grecque l’a divisé en deux livres, comme deux tomes d’une même histoire »,


explique le père sulpicien Pierre de Martin de Viviès. Selon ce professeur d’exégèse de l’Université catholique de Lyon, ce livre relève pour sa rédaction finale de 


« la littérature deutéronomiste qui commence à voir le jour un peu avant l’exil à Babylone du peuple juif et qui va se déployer pendant l’exil et au retour », au VIe siècle avant J.-C. 


Mais on peut y retrouver des traditions plus anciennes 


« datant de la période royale et associées au sanctuaire de Silo où réside l’arche d’alliance. Le récit se situe avant la construction du temple de Jérusalem. Le sanctuaire de Silo est alors l’un des plus importants, sinon le plus important lieu de culte en Israël ».


Quelle est l’histoire d’Anne ?



Elcana a deux femmes : Anne qu’il aime particulièrement, mais qui est sans enfant, et Pennina qui, elle, lui a donné des fils et des filles. 


Chaque année, Elcana se rend « au sanctuaire de Silo pour se prosterner devant le Seigneur » et « lui offrir un sacrifice » (1 Samuel 1, 3).


 À l’occasion de ce pèlerinage, Pennina, jalouse d’Anne, en profite pour l’humilier et chercher à la mettre en colère par « des paroles blessantes »


Un jour, Elcana, ayant distribué des parts de la victime du sacrifice à Pennina et ses enfants, donne « une part de choix » à Anne ; ce qui ne manque pas d’attiser la méchanceté de sa rivale, laquelle redouble d’invectives. 


Anne refuse de manger et pleure. Attentif, Elcana lui demande : « Anne, pourquoi pleures-tu ? »


Anne ne lui répond pas. Elle se lève et va au temple prier Dieu. 


« Si tu veux bien regarder l’humiliation de ta servante, te souvenir de moi, ne pas m’oublier, et me donner un fils, je le donnerai au Seigneur pour toute sa vie », dit-elle à Dieu (1 Samuel 1, 11).


La voyant ainsi parler toute seule en silence, le grand prêtre Éli la prend pour une femme ivre et lui suggère d’aller cuver son vin ailleurs. Anne ose lui tenir tête. Éli la renvoie alors avec cette bénédiction : 


« Va en paix, et que le Dieu d’Israël t’accorde ce que tu lui as demandé. »


Lorsque son fils naît, Anne l’appelle Samuel – « Dieu exauce » – et elle le consacre à Dieu. 


Ce qui faisait son humiliation, sa dégradation sociale, humaine, disparaît et Dieu reçoit l’un des plus grands prophètes d’Israël. 


« Samuel est le prophète faiseur des rois Saül puis David », précise le père de Martin de Viviès.


Le cantique d’Anne, chant de gratitude pour la naissance de Samuel, est en partie repris dans le Magnificat de Marie. Il se termine par le mot « messie ». 


« Ce mot était déjà présent dans le Lévitique pour désigner les prêtres recevant l’onction, mais Anne est le premier être humain à le prononcer dans la Bible. Elle lance un mouvement qui continue dans le Nouveau Testament », souligne le dominicain Philippe Lefebvre, professeur à l’université de Fribourg.


En quoi Anne est-elle une femme forte ?

Anne a compris qu’elle peut parler avec Dieu, qu’il est son interlocuteur privilégié. Si les traductions continuent de dire que 


« Dieu l’avait rendue stérile », « comme s’il était un Dieu pervers », déplore le frère Philippe Lefebvre, « en réalité, le texte dit deux fois de suite que le Seigneur avait fermé sa matrice » : « Dès que l’on parle de matrice dans la Bible, c’est toujours en lien avec Dieu. S’il a fermé sa matrice, c’est peut-être qu’il y travaille et qu’il va l’ouvrir »… ce que Philippe Lefebvre appelle « le Dieu gynécologue, Celui qui a une parole (logos) pour les femmes dans leur intimité »


C’est pourquoi son mari, par ses questions, la met en route, la fait se lever – verbe employé dans la Bible pour parler de la résurrection. C’est devant Dieu qu’Anne va chercher des réponses, au temple qui contient l’arche comme elle 


« contient peut-être aussi ce Dieu intime qui va favoriser la conception d’un fils, Samuel ».


Autre caractéristique d’une femme forte : Anne va collaborer avec Dieu. À première vue, elle fait une sorte de troc avec lui : « Si tu me donnes, je te donnerai. »« C’est un peu l’idée d’un contrat gagnant gagnant », remarque Pierre de Martin de Viviès. Philippe Lefebvre va plus loin. 


À ses yeux, Anne est dans une logique du don, à la différence de sa rivale qui est dans l’avoir et fait du chiffre. Anne demande en hébreu « une semence d’hommes », comme dans le récit de la Création, où Dieu crée « des arbres à fruit qui portent leur semence », commente-t-il. 


« Beaucoup de premières pages de livres bibliques font ainsi écho à la première page de la Bible. La fructification, ce n’est pas faire du chiffre, mais porter en soi quelque chose dans lequel Dieu est impliqué. »


Enfin, Anne manifeste sa force dans sa manière de s’opposer à Éli, le grand prêtre, une figure d’autorité. « Anne ose lui dire qu’il a mal compris, qu’il a compris en surface. Elle ne se laisse pas écraser, annihiler par la figure de prestige qui l’agresse », relève Janine Elkouby qui s’est appuyée sur les commentaires du Midrach ou du Talmud pour écrire ses Chroniques bibliques au féminin (1). 


Elle ajoute : « Pour Anne, avoir un enfant est assurer une continuité. C’est quelque chose qui la dépasse elle-même. Ce n’est pas pour son propre plaisir. »
----------

Du cantique d’Anne au Magnificat de Marie



Le cantique d’Anne (1 Samuel 2, 1-10) est un chant de combat et de victoire qui passe par l’exaltation de la faiblesse. Ses paroles sont reprises dans le Magnificat de Marie, dans l’Évangile de Luc. « Il s’est penché sur l’humiliation de sa servante », dit par ailleurs Marie – qui risquait la lapidation – au début de son Magnificat, en écho à la demande d’Anne à Dieu : « Si tu veux te pencher sur l’humiliation de ta servante. »
Toutes proportions gardées, ces deux femmes se sont ouvertes au mystère du Dieu qui donne vie. « Le Seigneur fait mourir et vivre ; il fait descendre au shéol et en fait monter », dit encore Anne dans son cantique. « Dans l’Ancien Testament, le seul personnage qui remonte du séjour souterrain des morts est Samuel, commente le dominicain Philippe Lefebvre. Peut-être y a-t-il là une pensée de la résurrection. »




(1) Albin Michel, 206 p., 17 €.
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MessageSujet: Re: Les femmes fortes de la Bible    Bible - Les femmes fortes de la Bible  Empty2/12/2022, 19:16

Ruth, la convertie


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Qui est Ruth ?


Ruth, dont le nom signifie « compagne », est une Moabite et une païenne. Elle appartient à un peuple considéré comme un ennemi par Israël. Bien que la Torah interdise d’épouser une Moabite ou une Ammonite, elle est la femme de Mahlone (« maladie »), l’un des deux fils de Noémi (« ma gracieuse ») et d’Élimélek (« mon Dieu est roi »), lesquels se sont expatriés en pays de Moab en raison d’une famine sur leur terre natale, Bethléem en Judée.


Nous ne connaissons pas exactement les conditions de l’existence de Ruth. Le début du livre biblique éponyme place le récit à l’époque des Juges, à une période de famine et de violence 


« mais, du point de vue historico-critique, il aurait été écrit au moment du retour des exilés de Babylonie conduit par Esdras, en 538 avant notre ère »
précise le rabbin Jonas Jacquelin, de l’association Judaïsme en mouvement.


 Pendant l’exil, « toute une série d’unions avaient pu se former entre des Judéens et des Babyloniennes que cherchait à rejeter Esdras. L’histoire de Ruth montre qu’une femme étrangère peut, par son attitude positive, apporter quelque chose au peuple d’Israël. »


Que raconte son histoire ?


Au début du récit, Élimélek et ses fils meurent. Appauvrie, Noémi décide de retourner à Bethléem (« la maison du pain »), car elle a appris que 


« le Seigneur (a) visité son peuple et lui (a) donné du pain »


Selon la tradition juive, celle qui désormais se fait appeler « l’amère » rend leur liberté à ses belles-filles, veuves comme elle et sans enfants, afin qu’elles puissent refaire leur vie. 


Ruth refuse la facilité de retrouver les siens et insiste pour accompagner sa belle-mère : 


« Où tu iras, j’irai ; où tu t’arrêteras, je m’arrêterai ; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu » (Rt 1, 16), lui dit-elle. « Ruth, qui est moabite et n’a rien à voir avec la conscience d’un Dieu unique, va non seulement suivre sa belle-mère mais aussi épouser sa terre et sa croyance. C’est l’histoire d’une conversion du cœur »
commente Nathalie Nabert, poète et autrice de Femmes dans la Bible (1). 


Ruth fait le choix du peuple d’Israël plus encore que du Dieu d’Israël. 


« Elle entre dans une nouvelle collectivité. C’est pourquoi on va la considérer, dans l’histoire, comme l’archétype de la convertie », ajoute le rabbin Jonas Jacquelin. 


L’histoire de Ruth est ainsi lue à l’occasion de la fête de Shavuot, au cours de laquelle les juifs célèbrent le moment où, au pied du Sinaï, le peuple a reçu le texte de la Torah.


L’histoire ne s’arrête pas là. Revenues en Judée, les deux veuves sans ressources doivent subvenir à leurs besoins. 


Selon la tradition, les pauvres peuvent glaner dans les champs les épis qui n’ont pas été ramassés par les propriétaires. 


Un jour, tandis que Ruth part ainsi glaner les orges, la providence la conduit dans le champ de Booz, un riche parent de son beau-père Élimélek. Le nom de Booz signifie « en lui la force ». Il se montre très généreux, invite Ruth à glaner derrière les moissonneurs et à partager l’eau de ses serviteurs. 


« Booz est bienveillant comme Ruth. Noémi, qui connaît sa belle-fille et voit qu’elle est très belle, va la pousser à aller vers lui une nuit où “il vanne lui-même l’orge sur l’aire”. Elle la vêt de ses beaux atours afin qu’elle séduise Booz endormi », raconte Nathalie Nabert. 


Selon la loi du lévirat, étendue ici à une plus large parenté qu’aux frères du défunt en raison de la situation, Booz peut en effet épouser Ruth et ainsi assurer une descendance au fils de Noémi.


À la fin de l’histoire, Ruth épouse Booz. Elle enfante un fils qui sera le grand-père de David. Elle qui est d’origine étrangère, une convertie, fait partie des ancêtres du Messie. 


C’est pourquoi, au début de l’Évangile de Matthieu, elle est l’une des quatre femmes mentionnées dans la généalogie de Jésus qui naîtra à Bethléem.


« Le livre de Ruth est révolutionnaire, car il balaie tous les stéréotypes », s’exclame Élisabeth Parmentier, théologienne protestante, coautrice de Une Bible des femmes (2). « Paradoxalement, l’étrangère est plus croyante que la femme du peuple élu. De même, alors que normalement les femmes ne faisaient pas l’histoire du peuple élu, ici, excepté dans l’épilogue, ce sont elles qui mènent le récit et assurent la continuité du peuple. » 


Enfin, ce qui semble au premier abord une histoire sentimentale, de loyauté entre deux femmes, se révèle en réalité chargé de portée théologique.


En quoi Ruth est-elle une femme forte ?
La force de Ruth est d’avoir refusé la facilité. Dans une société qui laisse peu de place aux étrangères et aux veuves, contre toute logique, elle choisit de partir vers un pays qu’elle ne connaît pas. 


« En ce sens, on peut voir un parallèle entre l’histoire de Ruth et celle d’Abraham qui va rompre avec le milieu de sa naissance, aller vers le pays d’Israël, et être à l’origine de toute une lignée », note encore le rabbin Jonas Jacquelin.


La ténacité, l’obstination de Ruth est également sa force. « Elle tient tête à sa belle-mère, elle confesse un Dieu qui n’est pas celui de son peuple. Ruth a sa ligne, en quelque sorte, qu’elle impose à sa belle-mère », souligne Élisabeth Parmentier. 


Avec Noémi, elle prend leur destin en main. C’est pourquoi « elle obéit à l’ordre sordide de sa belle-mère » de se parer et de se coucher aux pieds de Booz pour le séduire. 


« Elle veut sauver la situation de sa famille et ce sauvetage va la relier au salut », poursuit la théologienne, qui relève dans le texte de nombreux termes hébreux évoquant le salut, le sauveur et le rachat.


Enfin, Ruth est une femme forte par sa générosité et sa bienveillance, qui l’ont poussée à choisir le parti de Noémi et à se convertir. 


Les commentaires rabbiniques mettent également en avant cette bonté, « checed – la disponibilité à autrui », qui est la qualité attribuée à Abraham. En posant en quelque sorte un acte de confiance dans la vie, Ruth a retourné la situation et elle est entrée dans l’histoire du Salut.
----------

Booz endormi », un poème de Victor Hugo



Dernières strophes de ce poème inspiré du Livre de Ruth et extrait de La Légende des siècles.


« Ruth songeait et Booz dormait ; l’herbe était noire ;
Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement ;
Une immense bonté tombait du firmament ;
C’était l’heure tranquille où les lions vont boire.

Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;
Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l’ombre
Brillait à l’occident, et Ruth se demandait,

Immobile, ouvrant l’œil à moitié sous ses voiles,
Quel dieu, quel moissonneur de l’éternel été,
Avait, en s’en allant, négligemment jeté
Cette faucille d’or dans le champ des étoiles. »



(1) Femmes dans la Bible. 30 figures d’humanité, Magnificat, 215 p., 24,90 €.
(2) Labor et fides, 288 p., 19 €.
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MessageSujet: Re: Les femmes fortes de la Bible    Bible - Les femmes fortes de la Bible  Empty10/12/2022, 10:29

Judith, la combattante

Pendant l’Avent, La Croix propose de découvrir quatre femmes fortes de l’Ancien Testament. Veuve, Judith séduit le général ennemi, Holopherne, afin de le tuer. Les femmes fortes de la Bible (3/4).


  • Florence Chatel, 
  • le 07/12/2022 à 10:39


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Judith et Holopherne, Huile sur toile.1599BARBERINI/WIKIMEDIA


Qui est Judith ?

Judith dont le nom signifie « la juive » est l’héroïne fictive d’un livre de la Bible. Sans doute inspirée d’un fait réel, son histoire est un apologue. Veuve de Manassé, un homme riche de Béthulie, une ville du royaume de Juda ou d’Israël assiégée par des ennemis païens, Judith dispose de nombreux biens… 


C’est une femme belle et très séduisante qui croit au Dieu d’Israël et suit les prescriptions de sa religion. 


« Elle personnifie la nation d’Israël, le peuple de Dieu qui doit vaincre les ténébreux », analyse l’écrivaine Jacqueline Kelen (1). 


Par un stratagème, elle va s’infiltrer dans le camp ennemi afin de séduire et tuer le général en chef, Holopherne.

« Judith s’inscrit dans une filiation de femmes qui font l’histoire, comme Yaël tuant le général cananéen Sissera en guerre contre Israëldans le Livre des Juges. Elles usent de leurs charmes pour emporter la guerre en touchant le chef, au lieu que les peuples s’affrontent », commente Rivon Krygier, rabbin de la communauté massorti Adath Shalom, à Paris. 


Il rappelle que le Livre de Judith ne fait pas partie de la Bible hébraïque, mais que son héroïne est connue dans le judaïsme par des traditions latérales.

Quelle est son histoire ?

Au début du Livre de Judith, Nabucodonosor, roi de Babylone, décidé à étendre sa domination sur le monde, envoie le général en chef de son armée, Holopherne, dans les territoires de l’Ouest.


 Mais ce dernier et ses troupes se heurtent à la résistance de la Judée. Arrivés près de Béthulie, ils établissent leur camp près de la source qui alimente la ville et encerclent les habitants afin de les assoiffer et de les affamer.

Quand les citernes sont vides, le peuple commence à murmurer contre Dieu. Les chefs de la ville promettent de la livrer aux Assyriens d’ici à cinq jours si Dieu ne leur vient pas en aide. 



Judith les fait venir et leur adresse de vifs reproches : « Elle n’est pas droite, la parole que vous avez prononcée aujourd’hui devant le peuple. (…) Qui donc êtes-vous pour mettre en ce jour Dieu à l’épreuve ? » (Jdt 8, 11-12). 


Elle ose leur dire qu’ils n’ont rien compris et leur annonce qu’elle va accomplir une action dont elle garde le secret.

S’ensuit une longue prière dans laquelle elle demande à Dieu de l’assister contre les Assyriens : 



« Renverse leur superbe par la main d’une femme » (Jdt 9, 10). Elle y fait référence « soit à des femmes victimes de la domination masculine – Dina, violée par un étranger, dont l’histoire est racontée au chapitre 34 de la Genèse –, soit à des femmes qui ont subverti cette domination telle Yaël », souligne le jésuite Erwan Chauty, enseignant au Centre Sèvres-Facultés jésuites de Paris.


 Judith implore Dieu : « Donne-moi un langage trompeur pour blesser et meurtrir ceux qui ont tramé de cruels projets contre ton alliance » (Jdt 9, 13).

Ses armes pour sauver le peuple seront sa parole et sa beauté. La prière terminée, elle ôte ses habits de deuil, se lave, enduit son corps d’huile parfumée, coiffe ses cheveux, met ses habits de fête et se pare de bijoux 


« afin de séduire les regards de tous les hommes qui la verraient » (Jdt 10, 4). Elle prend une outre de vin, de l’huile et des provisions, et se rend avec sa servante à l’entrée du camp ennemi, prétendant apporter des renseignements. Tous sont subjugués, à commencer par Holopherne.

Trois jours plus tard, ce dernier organise un banquet. À l’opposé de la femme soumise, docile, effacée, Judith prend les devants.



 « Allongée sur sa couverture devant lui, elle surjoue la femme fatale et tout le monde comprend que cela va être la victoire du chef de guerre qui va posséder la belle étrangère », raconte Erwan Chauty. 


Mais la situation se retourne. Quand Holopherne se retrouve seul avec Judith, 


« il est tellement ivre de vin et de beauté qu’il s’endort profondément, poursuit Jacqueline Kelen. Par sa présence, elle l’a ensorcelé et lui-même se met hors jeu ». 


Toujours déterminée, « non femme fragile », Judith saisit un sabre près du lit, demande à Dieu de l’assister dans ce geste affreux et lui tranche la tête qu’elle donne à sa servante. Celle-ci la cache dans son sac à provisions afin de l’apporter aux habitants de Béthulie.

À la fin de l’histoire, le peuple, transporté de joie, bénit Dieu et Judith. Les Assyriens s’enfuient. Des femmes forment un chœur et dansent, Judith à leur tête, en écho à la victoire de David contre le géant Goliath dans le Livre de Samuel. 
« Comme lui, elle représente le champion de Dieu », affirme Jacqueline Kelen.

Judith vivra jusqu’à 105 ans, un âge avancé comme souvent pour les justes de la Bible. Beaucoup d’hommes la désireront mais elle échappera au remariage alors nécessaire pour qu’une veuve survive. 



En quelque sorte, « c’est une femme libérée », note Erwan Chauty même si ce livre biblique n’a pas été écrit à l’origine comme un récit d’émancipation.

En quoi Judith est-elle une femme forte ?

La force de Judith est liée à sa prière. Elle puise son courage et sa détermination dans le souvenir que Dieu a libéré son peuple et qu’il devrait le sauver à nouveau.

Elle est une femme forte parce qu’elle n’est pas dans l’idéal mais prend en compte le réel pour élaborer sa stratégie avec son Dieu, en utilisant son pouvoir de séduction. 



« Certes, elle joue avec le feu, mais elle est avec Dieu. Elle ne se laisse pas avoir mais règle son compte à Holopherne et met fin à la guerre. Elle fait ainsi penser aux résistantes de la Seconde Guerre mondiale », note le dominicain et bibliste Philippe Lefebvre.

Sa force réside enfin dans l’habileté de sa parole, 



« une parole dont le même mot en hébreu signifie intelligence et ruse. Pas la ruse du fourbe, mais ce que Blaise Pascal appelle “l’esprit de finesse”, une parole à double entente », précise Jacqueline Kelen. 


Ainsi, lorsque Judith affirme à Holopherne « Mon seigneur n’échouera pas dans ses projets » (Jdt 11, 6), il pense qu’elle parle de lui alors qu’elle parle de Dieu.


(1) Autrice des Femmes de la Bible, Les Éditions du Relié, poche, 160 p., 10 €.
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MessageSujet: Re: Les femmes fortes de la Bible    Bible - Les femmes fortes de la Bible  Empty17/12/2022, 11:00

Esther, la stratège


Pendant l’Avent, La Croix propose de découvrir quatre femmes fortes de l’Ancien Testament. Usant de son intelligence, la reine Esther sauve son peuple de l’extermination. Les femmes fortes de la Bible (4/4).

  • Florence Chatel, 
  • le 14/12/2022 à 16:32



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Qui est Esther ?

Esther est une jeune fille juive, belle, qui s’appelle à l’origine Hadassa. Orpheline, elle est élevée par un parent, Mardochée, dont on ne sait s’il est son oncle ou son cousin. C’est un juif de Jérusalem, déporté par le roi de Babylone Nabuchodonosor au VIe siècle avant Jésus-Christ, et exilé dans l’Empire perse ; 

« un personnage important, ayant une fonction à la cour » (Est 0, 1B). 

Lui et Esther vivent dans la ville de Suse à l’époque du roi Assuérus qui règne de l’Inde jusqu’en Éthiopie.


Un concours de circonstances va mener la jeune Hadassa au sommet du pouvoir puisqu’elle va épouser Assuérus et devenir ainsi la reine Esther. 

« Elle aurait pu être une reine comme on en voit sur les magazines en papier glacé. Esther va être rattrapée par le tragique de l’histoire, et elle va jouer un rôle de premier plan pour sauver son peuple »,

 commente le rabbin Jonas Jacquelin de l’association Judaïsme en mouvement.

On ne sait pas si Esther a historiquement existé. Mais, « ce qui est fascinant avec ce personnage, c’est que l’on assiste à sa métamorphose. Au départ, c’est une jeune fille soumise, obéissante, qui fait tout ce que lui recommande Mardochée. Elle est même passive lorsque les décrets pour la destruction du peuple juif sont annoncés.


 Dans un moment critique du récit, tout d’un coup, elle prend conscience de ce qui se passe et elle devient une femme vaillante », s’enthousiasme le rabbin Rivon Krygier (1).

Quelle est son histoire ?


L’histoire d’Esther commence comme une sorte de conte ou de légende par un incipit au style apocalyptique au cours duquel Mardochée rêve que le peuple va périr.


Au palais royal, Assuérus, lors d’un banquet destiné à montrer sa gloire, demande à sa femme, Vasti, d’exposer sa beauté. Celle-ci refuse de se présenter quasi nue devant les invités. 


« Vasti est écartée du pouvoir, probablement assassinée, parce que sinon les femmes n’obéiront plus à leurs maris. On est dans un monde de domination masculine et les révoltes comme celle de Vasti sont écrasées », explique le rabbin Rivon Krygier.


Sans épouse, le roi doit se remarier. Hadassa fait partie des jeunes filles choisies pour lui être présentées. Sur le conseil de Mardochée, elle cache son origine juive. D’où son nom, Esther, qui veut dire « caché ». 

Dans la Bible hébraïque, « le Livre d’Esther est le seul livre biblique dans lequel le nom de Dieu n’apparaît pas. La présence d’Esther va être une sorte d’expression d’une présence divine qui se masque pour agir », ajoute le rabbin Jonas Jacquelin. En voyant Esther, Assuérus tombe amoureux et la fait reine.


S’ensuivent des bouleversements politiques au cours desquels un personnage, Amane, est nommé vice-roi ou premier ministre. Pour se venger de Mardochée qui refuse de se prosterner devant lui à la porte du roi comme les autres serviteurs, Amane exige du roi une ordonnance afin d’éradiquer tous les juifs du royaume et de piller leurs biens. Une date est tirée au sort pour accomplir ce destin funeste : ce sera « le 14e jour du mois d’Adar »

« Là s’arrête le conte et commence l’histoire du salut », note l’écrivaine et poète Nathalie Nabert dans son livre Femmes dans la Bible (2).

Apprenant l’ordre du roi, Mardochée avertit la reine et lui demande d’intervenir : « Souviens-toi des jours où tu n’étais rien, où je te nourrissais de ma main ! » (Est 4, 8A). Esther hésite. Mardochée lui fait comprendre qu’elle ne doit pas espérer connaitre un destin différent de celui du peuple parce qu’elle est reine et au palais. « Qui sait si ce n’est pas en vue d’une circonstance comme celle-ci que tu as accédé à la royauté ? » (Est 4, 14), lui dit-il. 


Aussitôt, Esther demande un jeûne collectif de trois jours auquel elle participera avec ses servantes.

Pour sauver son peuple, la reine doit révéler son identité juive au roi. Mortifiée de peur, elle s’en remet à Dieu afin qu’il convertisse le cœur de son époux. 


Puis elle met au point une stratégie et organise un banquet en l’honneur d’Amane qui s’en trouve flatté. Au cours du festin, le roi dont le cœur a été changé par Dieu, demande à Esther quelle est sa requête.

 La reine laisse le temps jouer en sa faveur et, plutôt que de révéler sa demande, invite ses hôtes à un autre banquet le lendemain. On retient de ce deuxième banquet, la prière d’Esther au roi : 

« Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, ô roi, et s’il plaît au roi, accorde-moi la vie – voilà ma demande. Accorde la vie à mon peuple – voilà ma requête » (Est 7, 3). 

Elle démasque alors l’ambition d’Amane qui est pendu à la potence dressée pour Mardochée. Ce dernier devient Premier ministre. « Lui qui était le conseiller de l’ombre d’Esther peut jouer un rôle en pleine lumière. Cette histoire est un peu aussi une révolution de palais », relève le rabbin Jonas Jacquelin. 

Enfin, le roi Assuérus renonce à la persécution du peuple juif.

En quoi Esther est-elle une femme forte ?



« Esther est une reine de tête, souligne Nathalie Nabert. Elle a le courage, la foi et l’intelligence. » 

Sa force est dans son courage à risquer sa vie, seule, en plaçant sa confiance en Dieu qui, seul peut l’aider : 

« Mon Seigneur, notre Roi, tu es l’Unique ; viens me secourir, car je suis seule, je n’ai pas d’autre secours que toi, et je vais risquer ma vie », l’implore-t-elle dans sa prière (Est 4, 17).

La force d’Esther est aussi dans son intelligence, fine, sa capacité d’agir en coulisse. Elle avance sans armes et fait comprendre au roi par une stratégie progressive, que les décrets contre les juifs ne sont pas acceptables. Ce faisant, elle renverse la situation et elle évite un carnage. 


« À la fin du récit, Esther devient une femme au sens fort du terme ; elle prend les choses en main, s’émancipe », note encore le rabbin Rivon Krygier.

Dans un monde sécularisé, la reine Esther rappelle la force d’un Dieu caché qui se manifeste dans les cœurs.



(1) Auteur avec Martin S. Cohen et le peintre Gérard Garouste de La Méguila d’Esther, Hermann, 128 p. 30 €.
(2) Femmes dans la Bible. 30 figures d’humanité, Magnificat, 215 p., 24,90 €.
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Les femmes fortes de la Bible
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