L'hommage aux Justes de France
Publié le 18/01 à 23:48
Jacques Chirac et Simone Veil ont participé jeudi au Panthéon à l'hommage de la Nation aux "Justes de France"
Simone Veil, présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah a ouvert la cérémonie avec un discours en hommage à ceux qui ont sauvé des milliers de juifs pendant la 2e guerre mondiale.
Jacques Chirac, qui a présidé la cérémonie, a fustigé la "clique revancharde et haineuse" de la collaboration en présence des 250 survivants, Justes et juifs.
Le pouvoir de Vichy a été un déshonneur pour la France, où la République abdiqua pour laisser place à "une clique revancharde et haineuse", a déclaré jeudi Jacques Chirac lors de la cérémonie au Panthéon, retransmise en direct sur France 2 à partir de 17h30.
"Le pouvoir de Vichy se déshonore, édictant de sa propre initiative, dès le 3 octobre 1940, le sinistre statut des juifs, qui les exclut de presque toutes les fonctions", a rappelé le président. Soudain, devant les "yeux incrédules" des juifs de France, "la République adbique, rend les armes à Pétain et à laval, cède la place à une clique revencharde et haineuse", a-t-il ajouté.
Dans un discours prononcé au Vel d'Hiv en juillet 1995, Jacques Chirac fut le premier président à reconnaître la responsabilité de Vichy dans la déportation des juifs.
Le chef de l'Etat et Simone Veil ont dévoilé une inscription en leur
honneur dans la crypte du monument où reposent des grands hommes comme Jean Moulin, Victor Hugo et Victor Schoelcher. La cérémonie dans la nef du Panthéon, a été mise en scène par la cinéaste Agnès Varda.
2.725 Français ont été reconnus officiellement comme "Justes parmi les Nations" par le Mémorial de Yad Vashem, en Israël, pour avoir sauvé des juifs persécutés, au péril de leur vie, pendant la seconde guerre mondiale. Le titre de Juste est décerné sur la foi de témoignages de juifs sauvés par ces anonymes qui les ont aidés en toute connaissance du risque qu'ils prenaient.
Parmi ces Justes, le village cévenol du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) a été honoré pour avoir caché des milliers de juifs. Il est le seul à avoir reçu ce titre collectivement, avec un village des Pays-Bas. Environ 240 Justes français sont encore en vie.
Simone Veil à l'origine de cette cérémonie
Mme Veil relève qu'en France "les juifs ont été relativement protégés pendant la guerre" et que beaucoup d'enfants ont été cachés dans des couvents, et aussi à la campagne "dans des familles qui parfois ignoraient tout à fait ce qu'était un juif".
Elle insiste sur cette solidarité manifestée par des gens qui n'avaient pas le sentiment d'être héroïques en ravitaillant des juifs, en les cachant plus ou moins longtemps, estimant seulement agir "normalement".
La date retenue pour l'hommage aux Justes rappelle le 18 janvier 1945, celle où ont commencé les "marches de la mort" de prisonniers d'Auschwitz, poussés sur les routes par les SS au moment de l'avancée de l'Armée Rouge.
La cérémonie s'est déroulée en présence du chef du gouvernement, Dominique de Villepin, de plusieurs ministres dont Nicolas Sarkozy et des anciens Premiers ministres Lionel Jospin et Laurent Fabius. Le président de Yad Vashem était présent, ainsi que les hauts représentants de toutes les confessions religieuses.
Intransigeance face à l'extrêmisme
Dans son intervention, Jacques Chirac a souligné l'aspect contemporain du message des Justes , dont le combat "pour la
tolérance et la fraternité, contre l'antisémitisme, les discriminations, le racisme, tous les racismes, est un combat
toujours recommencé". A trois mois de la présidentielle, le chef de l'Etat a aussi mis en garde contre les extrémismes et les tentations
négationnistes.
"Si l'on transige avec l'extrémisme, il faut bien le mesurer, on lui offre un terreau pour prospérer, et tôt ou tard on en paye le prix", a-t-il prévenu. "Face à l'extrémisme; il n'y a qu'une attitude : le refus, l'intransigeance".
http://info.france2.fr/france/27538114-fr.php