Exposition Du 14 avril au 28 août 2022
« ..si je suis catholique comme mon père et mon frère, par contre, ma mère est juive », rappelle Marcel Proust en 1896 à Robert de Montesquiou, qui a tenu devant lui des propos antisémites en pleine affaire Dreyfus.
Jeanne Weil, la mère de Marcel, ne s’étant pas convertie au christianisme à son mariage avec le docteur Adrien Proust, le Consistoire de Paris délégua un rabbin à ses obsèques en 1905 et L’Univers israélite annonça son décès. Mais ses fils, Robert et Marcel, ayant été baptisés, la presse consistoriale passa sous silence la mort de l’écrivain en novembre 1922.
De nombreuses recherches sur l’œuvre et la vie de Marcel Proust ont révélé depuis longtemps que son baptême et le silence du consistoire ne signifiaient pas qu’il se montra indifférent au judaïsme, bien au contraire !
L’expression « Ma mère est juive » sonne comme un aveu très personnel qui dit, « moi aussi » ! Moi aussi je suis juif, du côté de ma mère ! Et comme le petit poucet, au fil de son œuvre, il sema des petits cailloux blancs invitant ses lecteurs qu’il n’imaginaient pas nécessairement nombreux mais certainement subtils, à retrouver le chemin sur les bords duquel furent déposés mille indices de son intérêt pour le judaïsme, son histoire, ses textes fondateurs, ses méthodes de lectures, ses rituels, sa métaphysique, son éthique et pour ce qui en est le cœur depuis la plus haute antiquité, la place privilégiée, inédite, accordée au livre, à la lecture et l’interprétation.
Dès lors on comprendra mieux l’enjeu de La Recherche du temps perdu qui selon Gilles Deleuze dans son magnifique Proust et les signes, se présente comme l’exploration de différents mondes de signes et comme un apprentissage à les déchiffrer, à les interpréter. Comme l’écrit Roland Barthes, « Non pour leur donner UN sens, mais au contraire pour apprécier de quel pluriel ils sont faits ». Et l’on peut interroger la portée décisive de l’initiation à la lecture du jeune Proust par sa mère et de leurs moments d’intimité autour du livre et de la traduction.
C’est précisément les traces de ce "judaïsme marrane", perceptible tout au long de son œuvre et de sa vie, que nous invite à parcourir le Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme, dans une exposition qui se tiendra jusqu’au 28 août 2022, pour découvrir et redécouvrir l’importance de considérer Proust, du côté de la mère.
"L’exposition « Marcel Proust, du côté de la mère » est la première manifestation en France présentant l’écrivain à travers le prisme de sa judéité. Organisée à l’occasion du centenaire de sa mort, cette exploration met en avant un axe important de la construction de sa personnalité et de son œuvre.
Peintures, dessins, gravures, ouvrages permettent de découvrir ce sujet inédit, à travers des thèmes touchant aux liens familiaux et aux « mondes » de Proust, ainsi qu’à ses engagements. »
Exposition au Musée d’Art et d’Histoire du Judaisme MAHJ
Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple
75003 Paris
Métro : Rambuteau (ligne 11), Hôtel de Ville : sortie 7 Rue du Temple (lignes 1 et 11)
Nouveau : un livret d'accès en FALC depuis la station Hôtel de ville
Bus : 29 (arrêts Centre Georges Pompidou ou Archives—Haudriette), 38 (arrêts Centre Georges Pompidou ou Les Halles—Centre Georges Pompidou), 75 (arrêts Archives—Rambuteau ou Grenier Saint-Lazare—Quartier de l'Horloge)
RER : Châtelet—Les Halles
Le musée est à 300 mètres du Centre Georges Pompidou
Fermé le Lundi
11h-18h
https://www.mahj.org/fr/programme/marcel-proust-du-cote-de-la-mere-77225
https://www.franceculture.fr/emissions/talmudiques/madame-proust