l'art de l'accompagnement

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L’invitation du Pape François dans son Exhortation apostolique « Evangelii Gaudium » est d’apprendre à « ôter leurs sandales devant la terre sacrée de l’autre »

Les ministres ordonnés et les autres agents pastoraux sont appelés à « rendre présent le parfum de la présence proche de Jésus et son regard personnel ».

« L’Église devra initier ses membres – prêtres, personnes consacrées et laïcs – à cet “art de l’accompagnement”, pour que tous apprennent toujours à ôter leurs sandales devant la terre sacrée de l’autre (cf. Ex 3,5). Nous devons donner à notre chemin le rythme salutaire de la proximité, avec un regard respectueux et plein de compassion mais qui en même temps guérit, libère et encourage à mûrir dans la vie chrétienne ». Ce sont les paroles que nous lisons au n° 169 de l’Exhortation apostolique du Pape François « Evangelii Gaudium ». Et au n° 171 : « Plus que jamais, nous avons besoin d’hommes et de femmes qui, à partir de leur expérience d’accompagnement, connaissent la manière de procéder, où ressortent la prudence, la capacité de compréhension, l’art d’attendre, la docilité à l’Esprit, pour protéger tous ensemble les brebis qui se confient à nous, des loups qui tentent de disperser le troupeau. Nous avons besoin de nous exercer à l’art de l’écoute, qui est plus que le fait d’entendre. Dans la communication avec l’autre, la première chose est la capacité du cœur qui rend possible la proximité, sans laquelle il n’existe pas une véritable rencontre spirituelle ».

Je rapporte une brève réflexion d’une de mes connaissances, qui est dotée d’un charisme de guérison et pratique donc régulièrement l’accompagnement spirituel :
«Avant tout, il est impératif de demander au Seigneur la grâce de l’humilité.
Si la compassion ne doit évidemment pas se dispenser de l’exigence de la vérité, encore faut-il savoir comment dire la vérité sans blesser. Il s’agit donc de faire taire l’ego pour être à l’écoute de l’Esprit Saint, qui sait rejoindre chaque personne dans ses blessures.
Si, en vue d’encourager autrui sur son chemin spirituel, on veut rendre témoignage d’une guérison intérieure personnelle, quelle qu’elle soit, il faut s’assurer d’être totalement guéri d’abord, sinon, le démon risque bien de trouver la faille pour saboter l’ouvrage…»

Pour approfondir la question de l’accompagnement spirituel :
https://questions.aleteia.org/articles/133/quest-ce-que-laccompagnement-spirituel/canonical/

Je ne comprend pas de quoi où vous parlez quand il est question d'accompagnement.

Je viens de solliciter les lumières d’un prêtre sur une difficulté personnelle, et au long de notre discussion à bâtons rompus, il m’a relaté quelques aspects de l’accompagnement spirituel qu’il pratique depuis fort longtemps. Comme ce n’était pas le sujet principal de notre entretien, je n’ai que quelques bribes décousues à rapporter, mais elles peuvent illustrer les propos du pape François.

Quand il était jeune prêtre, il se montrait intransigeant en s’abritant derrière l’enseignement de l’Eglise, mais il s’est vite rendu compte que rares sont ceux qui ont assez de maturité spirituelle et psychologique pour tout accepter en bloc, être convaincu de tout immédiatement et consentir à tout, en âme et conscience; si le terrain n’est pas suffisamment préparé, des vérités exprimées trop abruptement peuvent rebuter, braquer. Son option est donc l’accueil sans jugement pour témoigner d’un Christ miséricordieux. Accueillir sans juger est bien plus fructueux que de condamner d’emblée en dénonçant le péché – les jugements hâtifs sans prise en considération du vécu sont dévastateurs; la personne ne se sent ni rejointe ni comprise, alors que le Christ est venu pour pardonner, relever, inviter à la conversion, sauver, non pour culpabiliser en enfonçant le clou.
L’exercice reste cependant délicat, car être accueillant ne veut pas dire être complaisant envers des situations peccamineuses. Le pardon du Christ ne peut pas être effectif sans repentir, lequel requiert une vraie prise de conscience. Même si la personne vit objectivement une situation de péché, elle peut ne pas en être convaincue ou même consciente, sans qu’il y ait nécessairement faute de sa part. Vouloir brusquer un changement alors que la personne n’a pas la conscience encore suffisamment éclairée et aguerrie, c’est risquer d’arracher les bons grains avec l’ivraie. A partir des éléments positifs dans la situation vécue, des aptitudes et des dispositions de la personne, il s’agit d’amener celle-ci, pas à pas, aux exigences évangéliques, en suivant la «loi de gradualité».

Pour en savoir davantage sur ce principe de gradualité :
https://www.unifr.ch/tmf/fr/assets/public/files/courses/loietgrace/08_Principe_de_gradualite.pdf