| | Le suicide assisté pour tous (Canada) ? | |
| | Auteur | Message |
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Pilgrim2
Messages : 2194 Inscription : 25/08/2020
| Sujet: Le suicide assisté pour tous (Canada) ? 17/12/2020, 17:58 | |
| Bonjour, Une brève dans les manchettes. Voici que nous apprenons que nos gouvernements doivent complaire à des juges qui leur demandent de changer les lois, afin qu'il n'y ait pas de discrimination à l'égard de l'aide médicale à mourir. Les malades mentaux en bonne santé autrement devraient pouvoir en finir avec la vie si tel serait leur bon plaisir. Le dépressif chronique, le jeune de 21 ans recevant son diagnostique de schizophrénie, l'individu bipolaire, etc. Vive le suicide ! - Citation :
- [...]
À l’automne 2019, la juge Christine Baudouin avait jugé discriminatoires les critères de « fin de vie » et de « mort naturelle devenue raisonnablement prévisible » des lois fédérale et provinciale sur l’aide médicale à mourir. En retirant ces critères, les patients atteints de troubles mentaux devenaient admissibles à l’aide médicale à mourir. La juge Baudouin donnait six mois aux gouvernements pour changer leurs lois. Des sursis ont été accordés depuis, notamment à cause de la pandémie. Le fédéral devait déposer sa proposition le 18 décembre, mais cela ne sera vraisemblablement pas le cas.
Au Québec, Danielle McCann, alors ministre de la Santé, avait d’abord annoncé en janvier 2020 que les patients souffrant de troubles mentaux pourraient recevoir l’aide médicale à mourir dès le 12 mars. Mais devant les réticences, un sursis a été accordé, le temps de mener des consultations sur la question.
Pas de consensus chez les psychiatres
Lundi, le sujet a été longuement discuté par différents intervenants. L’Association des médecins psychiatres du Québec a notamment présenté son mémoire. Pour eux, empêcher les patients atteints de troubles mentaux d’obtenir l’aide médicale à mourir serait discriminatoire. Mais ils reconnaissent l’existence de « défis cliniques majeurs dans l’évaluation d’une requête » d’aide médicale à mourir pour ces patients.
https://www.lapresse.ca/actualites/2020-12-15/aide-medicale-a-mourir-pour-les-patients-atteints-de-troubles-mentaux/le-quebec-doit-continuer-d-etre-precurseur-dit-le-ministre-dube.php Vous remarquerez au passage comment ce sont des gouvernements élus démocratiquement qui doivent plaider devant des juges non élus. Comprenez bien : ... le peuple vote pour un gouvernement, et qui, lui, doit s'astreindre à respecter ce que le juge lui dit de faire ou de ne pas faire. C'est le juge qui décide ... et si le juge dit que le suicide c'est bien ... Et personne ne se surprend de rien chez nous. Tout le monde trouve cela bien normal. N'est-ce pas étrange ? | |
| | | boulo
Messages : 21076 Inscription : 25/12/2011
| Sujet: Re: Le suicide assisté pour tous (Canada) ? 17/12/2020, 18:14 | |
| Très étrange et très troublant , en effet .
J'imagine avec effroi qu'un médecin propose à mon fils handicapé une piqûre " pour son bien " ( en fait pour l'euthanasier ) . Il ne soupçonnerait pas la ruse . Il serait aisé ensuite à ce " médecin " de prétendre que mon fils l'avait demandé .
En Angleterre , un médecin honorablement connu aurait euthanasié des dizaines de patients sans leur avis , avant d'être démasqué ( le docteur Shipman près de Manchester , si mes souvenirs sont bons ) . _________________ Elargissement du Credo latin par Bardet en 1970 : Y H W H signe la Trinité , ne se prononce pas , se chante par l'Esprit , est UN MOUVEMENT , de toute éternité ( 24/05/2021 ) .
NB La couleur rouge est réservée à la modération .
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le suicide assisté pour tous (Canada) ? 17/12/2020, 22:25 | |
| - boulo a écrit:
- Très étrange et très troublant , en effet .
J'imagine avec effroi qu'un médecin propose à mon fils handicapé une piqûre " pour son bien " ( en fait pour l'euthanasier ) . Il ne soupçonnerait pas la ruse . Il serait aisé ensuite à ce " médecin " de prétendre que mon fils l'avait demandé .
En Angleterre , un médecin honorablement connu aurait euthanasié des dizaines de patients sans leur avis , avant d'être démasqué ( le docteur Shipman près de Manchester , si mes souvenirs sont bons ) . Je pensais qu'en Belgique, c'était passé aussi. https://www.justifit.be/b/droit-euthanasie-belgique/ |
| | | Théodéric
Messages : 21652 Inscription : 21/08/2007
| Sujet: Re: Le suicide assisté pour tous (Canada) ? 18/12/2020, 16:26 | |
| - boulo a écrit:
- Très étrange et très troublant , en effet .
J'imagine avec effroi qu'un médecin propose à mon fils handicapé une piqûre " pour son bien " ( en fait pour l'euthanasier ) . Il ne soupçonnerait pas la ruse . Il serait aisé ensuite à ce " médecin " de prétendre que mon fils l'avait demandé .
En Angleterre , un médecin honorablement connu aurait euthanasié des dizaines de patients sans leur avis , avant d'être démasqué ( le docteur Shipman près de Manchester , si mes souvenirs sont bons ) . avec le Covd les psychiatres disent qu'il y a 20% de français qui ont des problème psychiatriques , donc si les suites du covid laissent des problèmes de santé a long terme j'imagine l'abattage en règle que vont vouloir certains au nom de la liberté ! si en plus le vaccin engendre des conséquence malheureuses , ça va tourner à l’hécatombe de bienveillance médical ! de plus on laisse faire n'importe quoi sous le nom de science et de liberté , quand ce n'est pas une pseudo justice qui veut utiliser la science pour tuer l'homme ! et tout cela au nom des droits de l'homme ! le bonheur désormais est de mourir et la grande classe d'aider a mourir l’homme de bien a toujours une tite seringue dans sa poche | |
| | | Pilgrim2
Messages : 2194 Inscription : 25/08/2020
| Sujet: Re: Le suicide assisté pour tous (Canada) ? 20/12/2020, 19:56 | |
| - boulo a écrit:
- Très étrange et très troublant , en effet.
Beaucoup. La façon dont ce genre de nouvelle est traitée dans les médias laisserait croire que l'euthanasie ne représenterait plus du tout un enjeu de quelque importance pour personne. L'affaire est entendue. Pas de temps à perdre avec ça. "Passons à un autre appel !" L'autre chose que je remarque : c'est l'absence totale de porte-paroles de groupes organisés quelconques sur la place publique mais pouvant théoriquement opposer un démenti au discours des députés ou des juges liquidateurs. Non pas que de tels groupes n'existent pas. Sûrement pas ! Peut-être aussi que personne n'est tellement intéressé à leur donner la parole. Un peu à l'instar des journalistes qui ne se bousculeraient pas aux portes pour aller couvrir une conférence de presse organisée par un groupe pro-vie. Il fait longtemps aussi que l'on n'entend plus du tout l'Église catholique sur la place publique. Je veux dire nos évêques locaux. Pas un mot, plus un mot. Que ce soit à la radio, à la télé ou dans les journaux. Sur ces enjeux de société assez chauds : rien. Mais rien dans le sens qu'ils ne s'adresseront plus à la population en général. C'est pourtant ce que tant de lobbys organisés ne manquent jamais de faire. | |
| | | boulo
Messages : 21076 Inscription : 25/12/2011
| Sujet: Re: Le suicide assisté pour tous (Canada) ? 20/12/2020, 22:58 | |
| Il y a l'Institut Européen de Bioéthique .
www.ieb-eib.org _________________ Elargissement du Credo latin par Bardet en 1970 : Y H W H signe la Trinité , ne se prononce pas , se chante par l'Esprit , est UN MOUVEMENT , de toute éternité ( 24/05/2021 ) .
NB La couleur rouge est réservée à la modération .
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le suicide assisté pour tous (Canada) ? 20/12/2020, 23:08 | |
| - Pilgrim2 a écrit:
Il fait longtemps aussi que l'on n'entend plus du tout l'Église catholique sur la place publique. Je veux dire nos évêques locaux. Pas un mot, plus un mot. Que ce soit à la radio, à la télé ou dans les journaux. Sur ces enjeux de société assez chauds : rien. Mais rien dans le sens qu'ils ne s'adresseront plus à la population en général. C'est pourtant ce que tant de lobbys organisés ne manquent jamais de faire. https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/07/27/bioethique-les-eveques-de-france-vent-debout-contre-la-revision-des-lois_6047396_3224.html |
| | | Pilgrim2
Messages : 2194 Inscription : 25/08/2020
| Sujet: Re: Le suicide assisté pour tous (Canada) ? 21/12/2020, 16:38 | |
| Bonjour, Le lien suggéré se propose peut-être comme une contradiction de ce que je viens d'avancer. Peut-être ... Mais je pense que cette contradiction serait surtout plus apparente qu'autre chose. Parce que le problème est sans doute plus large que le fait qu'un curé isolé puisse épisodiquement placer un mot au travers d'un concert d'opinions variées ou le fait que quelques évêques puissent tenir un colloque entre eux, et ce à quoi une ligne pourrait toujours filtrer à quelque part. Ce à quoi je pensais : 1. Je me souviens que la dernière fois qu'une prise de parole d'un ecclésiastique catholique m'aura durablement impressionnée chez nous : c'est vers la fin des années 1990. Quand, à la suite d'une décision du gouvernement de sabrer dans les mesures sociales, compresser les dépenses allouées pour les plus pauvres, Mgr Couture avait pu s'emparer du micro, pour dire sa façon de penser au premier ministre du Québec, en direct, en ouverture du téléjournal de 20 heure. Le message était clair. Le gouvernement était moralement rembarré et renvoyé par lui à faire un examen de conscience. L'excuse de la dette du pays ne pouvait pas être une justification pour appauvrir davantage les plus pauvres. Le lendemain, croyez-moi, le premier ministre était dans une colère noire de s'être fait dire ses quatre vérités par un évêque catholique, lequel avait tout à fait raison. En guise de réplique, notre dirigeant politique renvoyait le religieux à sa sacristie, en le priant de ne plus venir ennuyer les gens sérieux dont la responsabilité était d'administrer le pays et etc. L'affaire n'a pas eu de suite politiquement parlant, parce que tous les députés bourgeois du parlement et de tous les partis politiques confondus étaient tous d'accord pour enfoncer les pauvres. Il n'empêche ... Moi, c'était bien la première fois que je voyais ainsi l'Église marquer positivement des points dans l'opinion publique. C'était palpable. Même des gauchistes pouvaient être impressionnés. Je m'étais pincé. Pour un instant, j'aurais pu me croire transporté en 1930 ou 1950, à une époque dans laquelle le clergé était encore respecté et sa voix entendue. Après, il y aura bien eu dans l'année 2008, lorsque le primat de l'Église catholique canadienne, Mgr Ouellet, à Québec, devant la Commission sur les fameux accommodements raisonnables, se fendit d'un " Québec, qu'as-tu fait de ton baptême ?" La réaction ne se fit pas attendre et fusa d'un peu partout au pays, compris même de l'intérieur de l'Église. Ce que je veux dire et comme avec ces deux exemples :nous nous trouvions face à de hauts dignitaires de l'Église qui s'amenaient en pleine lumière, et pour contredire de plein fouet un certain ronron ambiant, pour mettre à mal un certain non-dit, une "valeur" de fond soi-disant partagée par tous. Mais la force même de la réaction d'en face témoignait que l'on touchait bien là quelque chose d'important. Et le trouble suscité démontrerait bien qu'il y aurait une niche à occuper par l'Église dans le discours publique mais alors qu'elle ne souhaite généralement pas s'en emparer. _______________________________________ 2. J'écoutais à la radio une série d'émissions sur l'histoire de la radio chez nous. J'écoutais cela l'été dernier. Dans une de ces émissions, on nous indiquait comment la voix de l'Église catholique avait été progressivement évacuée des radios commerciales. Tel poste de radio accordait trois heures par semaine de temps d'antenne au curé local en 1960, ensuite une heure par semaine en 1970, 15 minute en 1975 ... et enfin zéro depuis la fin des années 1970 jusqu'à aujourd'hui. De nos jours, le CRTC (organisme fédéral canadien qui chapeaute et réglemente les activités de diffusion au pays), dans ses statuts, ne permettrait même pas à un diffuseur privé de mettre sur pied une station de radio catholique ... à moins que ... à moins que celle-ci s'engage à diffuser le point de vue des autres religions sur sa chaîne. Dans les années 1940 et 1950, il existait encore un grand quotidien de masse comme L'action catholique, qui tirait à lui autant d'abonnement que la grande presse libérale. Disparut ! Il n'existe plus un seul journal quotidien et grand public, et dont la mission serait de faire valoir la pensée de l'Église, pour l'expliquer au monde, pour faire ressortir ce qui dans l'actualité mériterait l'attention, etc. _______________________________________ 3. En 2007, un très bon journaliste de chez nous (Michel Vastel, normand, Français par ses origines; et un catholique croyant) expliquait dans une revue (numéro que j'ai conservé depuis) à quel point l'Église catholique se trouvait sortie du jeu des communications publiques auprès des masses. Ainsi : - Citation :
- "Michel Vastel déplore le fait que l'Église catholique semble plus qu'hésitante à se faire reconnaître comme celle qui, plus que tout autre, a légué ses valeurs personnelles et sociales qui servent aujourd'hui de principes directeurs à l'ensemble des sociétés occidentales."Elle aurait peut-être avantage à pêcher quelque fois par orgueil. Car si elle n'ose pas s'imposer d'autres vont le faire à sa place. C'est d'ailleurs ce qui semble se produire présentement." En effet, il se questionne sur le fait que les rares messages que l'Église cherche à transmettre soient désormais traités sur le même pied que n'importe quelle autre communication provenant de groupes religieux minoritaires."
Plus loin : - Citation :
- "Les leaders d'opinion qui souhaitent évacuer toute référence religieuse de l'espace public finissent par avoir de l'influence auprès de leur auditoire ou de leur lectorat parce que l'Église ne présente aucune réaction à leurs discours."
ou - Citation :
- Il reconnaît également que toute initiative de l'Église afin de se tailler une place dans l'univers médiatique doit s'inscrire dans le cadre d'un plan à long terme. Un minutieux travail de lobbying s'impose car ceux et celles qui occupent désormais les salles de presse sont moins expérimentés et peu au fait de la culture religieuse. La plupart des jeunes journalistes n'ont aucun passé religieux et rares sont ceux qui ont l'habitude d'un effort personnel de spiritualité dans leurs vies.
C'est là une des raisons pour laquelle l'Église est en train de devenir insignifiante dans le sens propre du terme. Les évêques auraient tout avantage à entreprendre une profonde réflexion sur les raisons de l'absence de la famille religieuse qu'ils représentent dans les médias. Force est de constater que ce sont là deux institutions qui s'ignorent.
- Michel Vastel, "Dossier : l'Église et les médias" dans Reflets, automne 2007, no 194. p. 4 | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le suicide assisté pour tous (Canada) ? 21/12/2020, 16:52 | |
| Il y a aussi le problème de la présence de l'aumônier au moment de la mort... sa présence est-elle ou pas d'accompagner la fin de vie ? L'ADMD est très présente auprès des personnes en fin de vie et quand elles arrivent en soins palliatifs avec l'imprimé (ou la famille qui a signé, car trop lourd de porter un(e) malade des années), que faut-il faire ? La Conférence des évêques belges ont pris position : Conférence des évêques de Belgique Les évêques de Belgique ont publié un document intitulé « Je te prends par la main », et proposent un accompagnement pastoral en fin de vie en offrant des orientations évangéliques à tous ceux qui vont à la rencontre de personnes âgées et malades, en particulier aux agents pastoraux. Dans la ligne de la tradition biblique, la conviction fondamentale des évêques est que personne ne doit être abandonné. Le propos est organisé en cinq chapitres : Introduction ; L’accompagnement pastoral en fin de vie ; L’accompagnement pastoral de personnes qui aspirent à la mort ; Je te prends par la main ; Pour prier. Le document insiste sur l’écoute et la présence empathique de l’aumônier. Ceci n’est pas évident, surtout dans les situations d’impuissance, quand les gens disent aspirer à la mort. « Dans ce cas également, nous devons rester présents lors de conversations avec les personnes qui envisagent l’euthanasie », écrivent les évêques. Mais, ils ajoutent immédiatement « cela n’implique en aucun cas une approbation de l’euthanasie. Pour l’aumônier, cela peut engendrer une tension qui n’est pas facile à vivre ». Néanmoins, il est toujours possible de prier pour – et, si possible, aussi avec – cette personne. Car « si grande que soit notre impuissance humaine, nous confions toujours notre prochain à Celui qui est source de toute vie et dont la miséricorde ne connaît pas de limites ».
Au terme de toute vie, les évêques belges incitent à rester aux cotés de toute personne (la-croix.com) |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le suicide assisté pour tous (Canada) ? 21/12/2020, 16:58 | |
| Autres liens où l'Eglise s'est prononcée :
«L’euthanasie est un crime. Ne pouvoir guérir ne dispense pas de soigner» - Vatican News
Fin-de-vie-Vatican-La-Croix-23sept2020.pdf (catholique.fr) |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le suicide assisté pour tous (Canada) ? 21/12/2020, 17:50 | |
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| | | Pilgrim2
Messages : 2194 Inscription : 25/08/2020
| Sujet: Re: Le suicide assisté pour tous (Canada) ? 22/12/2020, 12:23 | |
| Jolie complainte, Ouais, c'est un peu ça | |
| | | Pilgrim2
Messages : 2194 Inscription : 25/08/2020
| Sujet: Re: Le suicide assisté pour tous (Canada) ? 22/12/2020, 13:13 | |
| Par contre, ce qui n'apparaîtrait pas comme excessivement encourageant : - Citation :
- "... le déclin des journaux et des livres, conjugué à la dégradation du système d'éducation, a favorisé l'émergence d'une culture ou le discours public et la mémoire collective ne reposent plus sur ces faits vérifiables qui constituaient la pierre angulaire du travail complexe et rigoureux de la presse. Les journaux ont été supplantés par des blogues, les médias sociaux et la télévision par câble. La culture de l'imprimé, qui permettait de révéler les faits et de les distinguer des hypothèses, a cédé le terrain à une culture du récit faisant appel à l'émotion, ou faits, opinions, mensonges et fantasmes sont interchangeables. Cette mutation a privé bon nombre de citoyens des outils intellectuels nécessaires à la pensée critique et à la participation au débat public, bref, de la capacité d'agir en citoyens informés. Sortis de leur contexte, les images et les mots ne se prêtent pas à la complexité inhérente à la presse.
Hypnotisée par une spectacle constitué de fragments et d'images, ne trouvant plus les mots pour décrire ce qui lui arrive, la population n'a plus accès au discours rationnel. Elle appréhende la réalité à partir de faits choisis et isolés, de demi-vérités ou de mensonges, tous dépourvus de sens.
[...]
Sur Internet comme dans la société en général, la valeur et le statut des goûts et de l'information sont déterminés par la masse, en vertu de ce que Lanier appelle l'"esprit de la ruche". Le degré de pénétration des oeuvres musicales, des livres, du journalisme, de la publicité, des extraits d'émissions de télévision pu de films et de stupides vidéos Youtube sur les écrans et dans la conscience nationale varie selon leur popularité sur internet.
Les grandes promesses d'Internet, soit l'ouverture d'un dialogue, la rupture des barrières culturelles, l'avancée de la démocratie et la libération de l'innovation et de la créativité , n'auront été qu'un autre rêve utopique. En fait, Internet ne fait qu'accentuer la fragmentation de la société en clans antagonistes, ou tous se retrouvent dans leur tribu à scander les mêmes slogans et à détester les mêmes ennemis. [...]
Des sociologues ont donné un nom à ce repli dans des ghettos d'intolérance et de pureté idéologique : la cyber-balkanisation.
p. 268 (C.Hedges, La mort de l'élite progressiste) En un mot, même quand une figure de l'Église institutionnelle parviendrait à placer un mot sur la place publique, la nouvelle risque d'abord et avant tout de tomber comme dans un désert (de distractions ?). La fragmentation des points de vue dans le grand public, la diversité des goûts, l'enfermement entre soi et soi, l'inexistence d'une sorte de réseau de relais pour répercuter la bonne parole de Monseigneur condamne celle-ci à l'insignifiance. Le dire de l'archevêque ne pèse pas plus lourd que celui de Sammy le réparateur de machine à laver qui trouverait bien correct l'idée que chacun puisse avoir droit de se suicider. Dans le contexte général, des décideurs n'auraient pas grand mal à mettre l'opinion de leur bord et contre les avis de religieux ou d'autres. | |
| | | Pilgrim2
Messages : 2194 Inscription : 25/08/2020
| Sujet: Re: Le suicide assisté pour tous (Canada) ? 22/12/2020, 13:45 | |
| Un texte intéressant : - Citation :
- Le fondamentalisme des droits,
religion civile au Canada ?
par
Marc Chevrier
"Alexis de Tocqueville, ce petit juge français parti en Amérique en 1831 pour enquêter sur le système pénitentiaire aux États-Unis, a laissé une oeuvre fascinante. Ce voyage d'études révéla à ce jeune noble une civilisation nouvelle éprise de liberté, libérée des pesanteurs de la vieille Europe, dont les moeurs et les aspirations suivaient l'idée d'égalité. De retour en Europe, Tocqueville écrivit De la démocratie en Amérique, et passa ainsi à la postérité.
Tocqueville observa une société prompte à remettre à ses juges de grands pouvoirs politiques; une classe de légistes aux penchants aristocratiques, composé d'avocats et de juges, qui occupaient les plus hautes fonctions du gouvernement.
Si un descendant de Tocqueville revenait aujourd'hui en Amérique et voyageait au Canada, il découvrirait une société semblable à celle que son ancêtre avait observée. [...] Dans le Canada contemporain, il verra une fédération qui en 1982 a fait le pari d'unifier par une Charte des droits ce que la langue, la géographie et l'histoire avaient maintenu séparé; un État qui a en conséquence confié à ses juges d'immenses pouvoirs politiques, agissant à la place des législateurs impuissants ou d'un constituant absent. Voilà des traits qui rappellent ceux des États-Unis, confirmant que cette ancienne colonie britannique s'est américanisée.
Notre observateur s'étonnera aussi qu'à la suite du référendum de 1995 un étrange patriotisme se soit manifesté. Des citoyens craignent soudain pour leurs droits; leur constitution paraît menacée; on sollicite la protection des tribunaux pour se prémunir contre le dangereux exercice de la démocratie. Le caractère abstrait de ces débats frappera notre observateur : on crie à la violation de ses droits, alors que dans cette société libre et paisible nul despote ne gouverne, nul n'est menacé dans ses biens ou sa personne par une police capricieuse.
Cet engouement obsessif pour les droits semble aussi animer depuis 1982 nos controverses sociales. Il n'est pas de question de société - avortement, propagande haineuse, langue, publicité contre le tabac, etc - qui ne se transporte au prétoire. Même les politiques officielles des gouvernements se ressentent de cet esprit de droit qui souffle sur la société canadienne. Pensons au multiculturalisme, belle invention des légistes canadiens, consacrée par la constitution et célébrée par les politiques fédérales, auquel le Canada a professé un engagement qui transcende les écrits et les lois.
Tocqueville désignait par "esprit légiste" la propension des Américains à laisser conduire leur vie sociale et politique par la pensée et les habitudes des légistes. Pour décrire ce patriotisme des droits qui prend au Canada presque les proportions d'une religion civile, il faudrait un autre concept.
Alain Touraine peut nous fournir une piste. Dans l'un de ses ouvrages, il désigne par "fondamentalisme rationaliste" cette croyance qu'ont certains modernisateurs en la toute puissance de la raison et de la technique. Umberto Eco, à l'occasion d'un forum international sur l'intolérance de l'Unesco, a mis en garde nos sociétés contre les excès de la rectitude politique ou "political correctness", qui est en train de devenir selon lui aux États-Unis une nouvelle forme de fondamentalisme, qui investit d'une façon rituelle et presque liturgique le langage quotidien. Au Canada, l'engouement pour les droits, qui semble se généraliser, s'apparente à un fondamentalisme des droits.
Les affaires Bertrand et Galganov nous ont donné des exemples de l'usage réducteur qui peut être fait du discours des droits de l'homme. Fonds de pensée universel, ce discours dégénère alors en rhétorique parfois hargneuse, ramenant tout jugement moral et politique à une question de conformité aux droits individuels définis par une cour suprême non élue.
Ainsi, le fondamentalisme des droits présente plusieurs des traits d'une idéologie abstraite et potentiellement aliénante. L'amour des droits et libertés - ou ce que Montesquieu appelait jadis la vertu politique, soit l'amour des lois et de la patrie - est sain et nécessaire dans une démocratie. Mais il peut se dégrader en un prêt-à-penser, camisole de la pensée unique, qui n'envisage les rapports entre le citoyen et sa communauté que sous l'angle d'un conflit ouvert et permanent, arbitré par les seuls juges.
Pour ce fondamentalisme : il n'existe ni nation, ni peuple, ni communauté concrète; seule existe une société de droits, sans émotion et sans mémoire, composée d'individus séparés, jaloux et passionnés de leurs droits. Les grands acquis de la démocratie, comme le suffrage du peuple et le gouvernement représentatif inspirent de la méfiance.
Ce fondamentalisme nouveau genre, qui fait ses ravages au Canada, se manifestent aussi à l'étranger. Le vénérable Jean Carbonier, doyen de la sociologie du droit en France, constatait dans un récent livre dédié à la passion du droit sous la cinquième République l'émergence en France d'un culte des droits de l'homme. Il s'inquiète de ce que cette nouvelle idéologie ne fasse office de religion d'État. Un autre juriste, Jacques Chevalier, a diagnostiqué l'émergence de ce culte dans les pays occidentaux, d'une "mystique de l'État de droit", qui a pour effet de sacraliser les pouvoirs en place, et de légitimer l'emprise grandissante des juristes sur le politique.
Évidemment, croire en l'État de droit, en la primauté des droits de l'homme et respecter les tribunaux ne font pas de soi un fondamentalisme. Dans sa face éclairée, le discours des droits est l'instrument des Lumières; il est ce rempart qui protège les peuples des tyrans, cette frontière tracée entre la puissance de l'État et l'autonomie des individus qui permet à la démocratie de s'épanouir. Dans sa face sombre cependant, il devient un refuge de tous les absolutismes et allume des débats dont le ton rappelle les funestes passions religieuses d'antan.
Le maintien de la tolérance devient plus ardu quand la revendication de droits individuels pousse à leurs extrémités des conceptions opposées de la vie. La morale politique s'appauvrit; prompt à réclamer ses droits à lui, l'individu ne se reconnaît aucun devoir envers sa communauté.
Agitée par la contestation, la société voit ses tribunaux devenir le théâtre de longues et coûteuses batailles, dont de puissants intérêts, habiles à invoquer des droits bafoués, savent user pour mener à bien leurs ambitions. Pour toutes ces raisons, le fondamentalisme des droits est aussi navrant que le fondamentalisme religieux ou le scientisme. Il érige en absolu ses croyances, à l'exclusion des autres et ce au détriment de la tolérance et du savoir-vivre ensemble.
Jean Carbonier nous dit : "l'amour du droit peut mettre la raison en déroute." [...]
- Marc Chevrier, "Le fondamentalisme des droits, religion civile au Canada ?" dans Bulletin d'histoire politique, automne 1997, volume 6, numéro 1 | |
| | | Théodéric
Messages : 21652 Inscription : 21/08/2007
| Sujet: Re: Le suicide assisté pour tous (Canada) ? 22/12/2020, 14:56 | |
| - Pilgrim2 a écrit:
- Par contre, ce qui n'apparaîtrait pas comme excessivement encourageant :
- Citation :
- "... le déclin des journaux et des livres, conjugué à la dégradation du système d'éducation, a favorisé l'émergence d'une culture ou le discours public et la mémoire collective ne reposent plus sur ces faits vérifiables qui constituaient la pierre angulaire du travail complexe et rigoureux de la presse. Les journaux ont été supplantés par des blogues, les médias sociaux et la télévision par câble. La culture de l'imprimé, qui permettait de révéler les faits et de les distinguer des hypothèses, a cédé le terrain à une culture du récit faisant appel à l'émotion, ou faits, opinions, mensonges et fantasmes sont interchangeables. Cette mutation a privé bon nombre de citoyens des outils intellectuels nécessaires à la pensée critique et à la participation au débat public, bref, de la capacité d'agir en citoyens informés. Sortis de leur contexte, les images et les mots ne se prêtent pas à la complexité inhérente à la presse.
Hypnotisée par une spectacle constitué de fragments et d'images, ne trouvant plus les mots pour décrire ce qui lui arrive, la population n'a plus accès au discours rationnel. Elle appréhende la réalité à partir de faits choisis et isolés, de demi-vérités ou de mensonges, tous dépourvus de sens.
[...]
Sur Internet comme dans la société en général, la valeur et le statut des goûts et de l'information sont déterminés par la masse, en vertu de ce que Lanier appelle l'"esprit de la ruche". Le degré de pénétration des oeuvres musicales, des livres, du journalisme, de la publicité, des extraits d'émissions de télévision pu de films et de stupides vidéos Youtube sur les écrans et dans la conscience nationale varie selon leur popularité sur internet.
Les grandes promesses d'Internet, soit l'ouverture d'un dialogue, la rupture des barrières culturelles, l'avancée de la démocratie et la libération de l'innovation et de la créativité , n'auront été qu'un autre rêve utopique. En fait, Internet ne fait qu'accentuer la fragmentation de la société en clans antagonistes, ou tous se retrouvent dans leur tribu à scander les mêmes slogans et à détester les mêmes ennemis. [...]
Des sociologues ont donné un nom à ce repli dans des ghettos d'intolérance et de pureté idéologique : la cyber-balkanisation.
p. 268 (C.Hedges, La mort de l'élite progressiste) En un mot, même quand une figure de l'Église institutionnelle parviendrait à placer un mot sur la place publique, la nouvelle risque d'abord et avant tout de tomber comme dans un désert (de distractions ?). La fragmentation des points de vue dans le grand public, la diversité des goûts, l'enfermement entre soi et soi, l'inexistence d'une sorte de réseau de relais pour répercuter la bonne parole de Monseigneur condamne celle-ci à l'insignifiance. Le dire de l'archevêque ne pèse pas plus lourd que celui de Sammy le réparateur de machine à laver qui trouverait bien correct l'idée que chacun puisse avoir droit de se suicider.
Dans le contexte général, des décideurs n'auraient pas grand mal à mettre l'opinion de leur bord et contre les avis de religieux ou d'autres. en Apocalypse et dans les Prophètes il est Dit et Ecrit que " la bête gagnera et entrera même dans le camps des Saints" donc il faut être conscient de ce qui ce produit et tenir bon puisque cela doit arriver ! mais la Vie de l'Eglise Vraie est le Christ et donc on ira toujours dans le sens de la Vie et seule La Vie Véritable Demeure ; les autres avec leur volonté de mort , et vas y que je te tue les enfants les malades les désespérés ( comment veux tu qu'ils en le soient pas avec une telle doctrine ?) les vieux , les trop covidiens ? ! bref quand leur doctrine de la mort fonctionnera impeccable ils seront tous morts et se seront sabordés tout seuls , alors on sera les derniers Vivants puisque l'on a choisit la vie ! tous ces braves gens pour qui la réussite c'est la mort ne réalisent même pas qu'ils se suicident psychiquement , concéder sa vie sa concience à la mort quel avenir !!! | |
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