L'incroyable subjectivité d'Aline Lizotte : Quand on coule le père Marie-Dominique Philippe mais qu'on défend le père Finet

Récemment, des lecteurs d'Aline Lizotte (une philosophe thomiste qui tient le site https://srp-presse.fr/index.php/author/aline-lizotte/) se sont étonnés de son étrange comportement :


Confronté à la même méthode d'accusation du père MD Philippe, de Jean Vannier et du père George Finet, elle coule les deux premiers et défend le troisième.


Des lecteurs le lui ont donc fait remarquer ici : 
https://srp-presse.fr/index.php/courrier-des-lecteurs/

Elle leur répond ceci :

Citation :

Réponses d’Aline Lizotte sur différents points
1 – Concernant les «traitements différents» entre le Père Marie-Dominique Philippe et le Père Finet, et même Jean Vanier :
Il y a eu «traitements différents» parce que les cas sont nettement différents et que les enquêtes faites à leur sujet le sont également.
Le Père Marie-Dominique Philippe, o.p., a fait avec son frère le Père Thomas Philippe l’objet de deux enquêtes canoniques diligentées par Rome, dont celle sur le Père Marie-Dominique dans les années 2009, conduite par la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF). Les conclusions de cette enquête ont été lues par Benoît XVI, qui a dissout la Congrégation Stella matutina. En mars 2013, le prieur général des frères de Saint-Jean, le Père Thomas Joachim, révéla de sa propre initiative que le fondateur des frères et des sœurs de Saint-Jean, le Père Marie-Dominique Philippe, avait «posé des gestes contraires à la chasteté à l’égard de plusieurs femmes adultes qu’il accompagnait».

Au début de son pontificat, le pape François a demandé à voir le document de la CDF et a demandé à la Congrégation Saint-Jean de ne plus considérer le Père Marie-Dominique comme son fondateur. Le 5 novembre 2019, le Prieur général déclara à la fin du Chapitre général : «Nous ne voulons plus faire du père Marie-Dominique Philippe le référent de notre formation. […] Nous ne pouvons plus le considérer comme maître de vie spirituelle. Ses photos qui ornaient les murs des différents prieurés seront enlevées, ses livres ne seront plus vendus, ses enseignements audio ne seront plus diffusés à l’extérieur».
Pourquoi tant de sévérité ? Parce que les révélations que contient le document de la CDF font état d’un comportement d’actes sexuels auprès des jeunes religieuses, d’actes qui dépassent largement les «gestes déplacés» que l’on reproche au Père Finet. Et ce dévoilement des faits est opéré par un organisme dont on ne saurait mettre en doute ni l’autorité, ni la compétence.

Quant au Père Thomas Philippe, o.p., il fit l’objet d’une enquête canonique après que le Père Marie-Eugène alerta le Saint Office en 1950, puis fut en 1956 «suspens a divinis», c’est-à-dire interdit de confession et de célébration publique de la messe et de toute direction spirituelle. Défenses canoniques dont il ne tint aucun compte. Rien à voir avec le Père Finet.

Quant à Jean Vanier, il s’agit d’un célibataire laïc. L’enquête a été menée par un organisme professionnel, GPCS Consulting, dont l’expertise et le professionnalisme sont reconnus. Au même moment, on demandait à l’historien Antoine Mourges une étude sur la préhistoire de l’Arche (cf. mon article sur Jean Vanier dans la SRP du 28 février 2020). Le document ne contient aucune accusation ; il montre de fortes présomptions de probabilités (balance of probabilities) et non des preuves hors de tout doute (beyond any doubt). On est dans un professionnalisme et une compétence que l’on ne retrouve pas dans la commission Gaussen ou, si elle existe, qui ne nous ont pas été démontrés.
2 – Concernant les émotions et les traumatismes :
Une émotion n’a jamais une valeur morale. La valeur morale d’un acte est déterminée par le vouloir «libre» dans la mesure où il acquiesce au bien ou au mal qui s’inscrit dans un agir. Mais l’émotion n’est jamais indifférente psychiquement ; si elle l’était, elle ne serait pas une émotion. L’émotion peut être reçue dans un terrain traumatique et ainsi être l’objet d’une réaction inappropriée par rapport au stimulus qui la provoque. Ce terrain traumatisé ne peut être l’effet d’une seule perception émotive, sauf si elle a été provoquée par une violence très forte (menace de mort au cours d’une colère) ou viol avec violence.

Pour qu’un terrain traumatique s’installe, il faut une répétition d’actes. Le fait de l’acte par «un homme de Dieu» peut provoquer un effet d’émotion forte, voire de sidération, si l’acte contient une violence sexuelle, mais un seul acte déplacé ne le provoquera pas, à moins qu’il soit reçu dans un terrain déjà traumatisé ! Or, nous n’avons aucun indice en lisant le rapport de synthèse que les gestes «gravement déviants» du Père Finet aient été répétés plusieurs fois sur les mêmes jeunes filles avec lesquelles il aurait entretenu une relation sensuelle ou sexuelle continue.
3 – Concernant la dénonciation de la confusion entre le for externe et le for interne :
La dénonciation de la confusion entre le for externe et le for interne que l’on reproche à la «gouvernance» des Foyers de Charité n’a rien à voir avec les gestes attribués au Père Finet lors des confessions. Le confessionnal est le lieu où par nature se dévoile le for interne. Qu’il y ait eu des questions intrusives, cela peut révéler un manque de discernement de la part du confesseur, un abus de son pouvoir de jugement de la qualité des actes avoués, mais cela ne concernent pas le for externe !

Le père Alban-Marie du Cosquer (ex frère de saint Jean qui a quitté cette communauté en dénonçant l'usage des accusations post mortem qu'il compare aux "procès cadavériques" du X° s, lui répond ceci : 


Madame Lizotte est-elle crédible ?

Citation :

 
Ayant été surpris par les arguments de madame Lizotte (https :srp-presse.fr/index.php/courrier-des-lecteurs/) pour justifier le fait que sa position sur le père Marie Dominique Philippe est différente de celle qu’elle a bien voulu présenter et défendre, à juste titre, je crois, à l’égard du père Finet, je lui ai écrit le 25 mai par l’intermédiaire de son secrétaire, monsieur Fouquet (qui, depuis le 27 mai a quitté l’effectif salarié de l’AFCP ; il ne travaille désormais plus avec madame Lizotte)
 
Voici la teneur de mon courrier :

Citation :

Monsieur, j’ai bien lu la réponse de madame Lizotte qui fait état pour le père Marie Dominique d’une « enquête canonique de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi dans les années 2009 ». Très intéressé par la lecture de ce document dont madame Lizotte connait l’existence et le contenu, je souhaiterais qu’elle me donne le moyen d’en prendre connaissance. (Le document lui-même ou le moyen de se le procurer)
Je suis très intéressé aussi par, je cite : « le document lu par le pape Benoit XVI qui a dissout la Congrégation Stella Matutina » ainsi que par le document du Pape François qui, je cite : « au début de son pontificat, a demandé à la Congrégation St Jean de ne plus considérer le père Marie Dominique comme son fondateur. » 
Merci de votre coopération. 
Cdt.
p. Alban Marie  

 
Voici la réponse quasi immédiate de madame Lizotte :

Citation :

Revérend Père
Si vous voulez des renseignements supplémentaires vous pouvez les demander au Père Prieur général de la Communauté Saint Jean qui lui a tous ces documents. Il n'est pas très sur qu'il vous les délivre. Vous trouverez sur Internet, au site des Frères de Saint Jean, l'information pour écrire au Père général. Sachez que je n'ai pas le document de la CDF, mais qu'on m'en a fait lire quelques extraits. C'était suffisant. 
Aline Lizotte

 
Et voilà ce que je lui ai envoyé après que les 3 prieurs généraux de la communauté Saint Jean auxquels je me suis adressé m’aient répondu :
 

Citation :

[i][size=13]Et voilà ce que je lui ai envoyé après que les 3 prieurs généraux de la communauté Saint Jean auxquels je me suis adressé m’aient répondu :

Madame Lizotte, comme vous me l’avez conseillé, je suis allé demander aux 3 prieurs généraux concernés depuis 2009, les pères Jean Pierre Marie, Thomas et François Xavier.

Le premier à répondre de manière provisoire a été le père François Xavier (PG depuis 2019) qui dit ceci :
« Le texte de Mme Lizotte me semble confus. Je te répondrai plus tard, car je suis actuellement en conseil et très pris. »

Le second à avoir répondu est le père Thomas (PG de 2010 à 2019) qui dit ceci :
« En 2009, j’étais Vicaire général. Je n’ai aucune connaissance de cette enquête canonique qu’aurait demandée la Congrégation pour la Doctrine de la Foi à cette époque. Je n’ai pas non plus connaissance d’une demande de la part du pape François que le père Philippe ne soit plus considéré comme notre fondateur. Cela m’étonne d’ailleurs puisque Mgr Carballo, lors du dernier chapitre général, nous a demandé de réfléchir à la distinction entre « fondateur historique » et « fondateur charismatique », mais ne nous a pas demandé formellement de ne plus considérer en aucune manière le père Philippe comme fondateur, ce qu’il aurait sans doute fait si le pape François l’avait demandé. Voilà ce que je peux dire concernant les documents que nous avons ou que nous n’avons pas. »

Le troisième à avoir répondu est le père Jean Pierre Marie (PG 2001 à 2010) qui dit ceci :
« La réponse de frère Thomas est précise et je la confirme. »

En conclusion, toute votre argumentation pour dire que les situations sont différentes entre le père Finet et le père Marie Dominique est donc fondée sur des affirmations qui ne sont pas vraies.

Que proposez-vous pour rectifier la vérité ?

En vous remerciant d’avance de pouvoir compter sur votre honnêteté intellectuelle et morale, je vous prie de croire à l’assurance de ma prière pour que seule la vérité puisse être proclamée. p Alban Marie

 

Ce courrier est demeuré sans réponse, ce qui parait une habitude chez madame Lizotte face à la contradiction.
Lorsque je lui ai demandé, suite à son article délétère qu’elle a écrit sur le père Philippe après le chapitre général des frères en décembre 2019 (voir note ci-dessous), de quelle conférence ou de quel ouvrage du père Marie Dominique elle avait tiré la définition de l’amour d’amitié, je n’ai jamais eu de réponse.

Chacun peut en tirer les conclusions qu’il veut.

La mienne est simple, madame Lizotte a une position affective, passionnelle et n’est donc pas crédible :
Elle aime bien le père Finet et s’en fait l’avocate ; ou elle veut défendre Marthe Robin et dans ce cas, il ne faut pas toucher au père Finet…
Elle n’aime pas le père Philippe pour toutes les raisons que l’on connait et que l’on pourrait développer, elle se présente comme personne ayant autorité pour le juger et le condamner quitte à ne pas dire la vérité et à inventer ses arguments.
Cela porte le nom de mensonge et d’imposture ; ce sont des fautes graves pour quelqu’un qui se dit philosophe et combien plus pour quelqu’un qui semble vouloir vivre de l’Evangile.

Sancti Spíritus, Cuba, le lundi 8 juin 2020

Père Alban-Marie a écrit:

Cela porte un nom que je n’oserai même pas écrire ici tant cette faute est grave pour quelqu’un qui se dit philosophe et combien plus pour quelqu’un qui semble vouloir vivre de l’Evangile. 

Moi je l'écris ce nom : subjectivisme ; partialité recouverte du masque de l'analyse ;

J'ai entendu dire que dans les années 80, Aline Lizotte était en conflit intellectuel avec le Père Marie-Dominique Philippe et essayait de le concurrencer. Après sa mort et avant d'aller le rejoindre, elle me semble en train de régler ses vieux comptes. D'où sa première attaque en règle contre la notion éthique de "philia" que le père MD Philippe traduisait en français par "amour d'amitié".

Comme quoi cela révèle jusqu'où peuvent mener de vieilles inimitiés ou jalousies recuites dans l'Eglise AUSSI .
Le père Marie-Dominique avait une audience beaucoup plus grande et pour cause ( la profondeur de sa philosophie et sa vive théologie mystique )
Le cas d'A.Lizotte est emblématique . Même sa défense pschologisante du père Finet me semble alambiquée .

Merci Arnaud pour cet éclairage éclairant

Dans la même ligne j'ai été surpris de voir la joie mauvaise à peine dissimulée de certains milieux figés dans une liturgie , des règles et des lois , absolutisée lors de la médiatisation de ces affaires et du lynchage médiatique sommaire subséquent .
Certains blogueurs ( qui ne méritent pas d'être cités ) se réjouissait quasi ouvertement sur l'air du , "on vous l'avait bien dit" , "on avait raison" .....
On sait bien que les pères Marie-Dominique et Thomas Apotres d'un retour à la Source , à une Eglise pauvre ( spirituellement au sens évangélique d'abord ) et contemplative s'était dissocié des milieux traditionnalistes les plus figés .
En définitive il est intéressant de voir qui ( et donc pourquoi ) est à l'origine de ces affaires et les réactions diverses des différents milieux ecclésiaux et ....sociétaux . Il me semble que l'on voit se constituer un curieux parti hétéroclite ( regroupant liturges et moralistes patentés ....) de la LOI avant tout contre quoi le père Marie-Dominique , précisément , mettait souvent en garde