Bonjour,
Je ramène ce fil à la lumière. C'est que je voyais quelques émissions sur l'Internet dédié à ce thème des cavaliers du livre de l'
Apocalypse récemment. Et je trouve toujours décevant ou comme manquant de souffle les analyses qui en sont faites. Quelque chose est trop étroit dans la lecture.
Par exemple, Régis Burnet dans une vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=NX-owCSbrdo
Les explications fournies sont relativement correctes - oui, d'une manière c'est vrai - mais en même temps comme assez superficielles à quelque part. Je paraîtrais peut-être injuste disant cela mais je ne sais pas comment dire autrement. L'interprétation (dans la vidéo) tend à nous enligner vers une situation précise, locale mais bien qu'indéterminée. On reste dans un flou d'ensemble, et qui ne permet pas non plus de relier le livre de Jean au reste de la Bible. C'est l'insatisfaction !
Une piste beaucoup plus prometteuse, selon moi, c'est celle qui consisterait à lire le livre de Jean comme étant le livre de celui qui nous explique, en tant que chrétien du 1er siècle, comment Jésus-Christ est celui qui nous permet de bien saisir le sens des Écritures. Et les Écritures sont en fait les livres de l'Ancien Testament à ce moment-là. Les symboles que Jean emploie pour exprimer ce qu'il a à exprimer sont des symboles de l'Ancien Testament. Les fameux cavaliers dont Jean se sert représentent en eux-mêmes comme un renvoi à la parole des anciens prophètes des Écritures. Il s'agit de décoder la Bible mais dans une optique chrétienne qui sera celle de Jean.
Pour faire court, le problème traité par livre de l'
Apocalypse n'est autre que celui de l'histoire sainte, comme partant du premier Adam, de sa chute, de ses déboires, de l'esclavage du mal dans lequel il est tombé, de la corruption des choses les meilleures, ensuite du Christ qui vient faire oeuvre de rédemption, pour assurer le salut des élus au travers des épreuves et jusqu'à la consommation de l'histoire, la nouvelle création et la Jérusalem céleste. C'est comme toute la fresque de l'histoire du salut que Jean donne à voir.
Et alors pour l'interprétation des fameux cavaliers : le premier cavalier blanc pourrait symboliser notre vieil Adam crée à l'image de Dieu. C'est lui qui était initialement sorti pour vaincre. Mais comme Adam aura pu se corrompre dans sa chute, inévitablement Dieu aura aussi amené un jugement sur lui. Et ce jugement est symbolisé par les trois autres cavaliers qui suivent, et qui sont alors comme l'épée, la pénurie, la mort. Ce schéma ne sort pas de nulle part, mais de la lecture des anciens prophètes comme Jérémie. Le jugement de Dieu amené contre son élu, et alors son peuple de Dieu infidèle, sa Jérusalem perverti, le vieil Adam déchu, se décline en terme de guerre fratricide (l'épée, la parole de Dieu, la division, "Je ne suis pas venu pour apporter la paix mais ..."), de manque (limite du vieil Adam déchu, déséquilibre, injustice, "Ils n'ont plus de vin") et finalement la mort tant spirituelle que physique. Le fameux salaire du péché.
- Citation :
- Jérémie 15
Yavhé me dit : Même si Moïse et Samuel se tenaient devant moi, je n'aurais pas pitié de ce peuple-là ! Chasse-les loin de moi : qu'ils s'en aillent ! Et s'ils te disent : Ou aller ? Tu leur répondras : Ainsi parle Yavhé :
Qui est pour la peste, à la peste !
Qui est pour l'épée, à l'épée !
qui est pour la famine, à la famine !
qui est pour la captivité, à la captivité !
Je vais préposer sur eux quatre sortes de choses - oracle de Yavhé : l'épée pour les tuer; [...]
On reconnaîtrait parfaitement là le genre de schéma qu'utilise Jean dans son livre, avec les cavaliers, pour nous parler au fond du jugement de Dieu sur l'humanité déchue; une humanité (le peuple élu infidèle n'y coupe pas) comme désormais en bute pour vrai à ces maux dramatiques (la violence, la famine, la mort). Avec le vieil Adam, l'on abouti collectivement dans l'esclavage du péché et de la mort.
C'est cela qu'un Régis Burnet comme bien d'autres commentateurs ne feront pas ressortir assez clairement du livre de l'
Apocalypse à mon sens. On pourra bien comprendre ensuite avec ce que je viens de dire, d'une manière bien éclatante cette fois, comment le dernier cavalier blanc de l'
Apocalypse est bel et bien Jésus, celui sur lequel est inscrit le "roi des rois" sur la cuisse, qui porte un manteau trempé dans le sang des martyrs, etc. Il faut voir cette correspondance entre le vieil Adam et le nouvel Adam.
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