Chers amis,
Il ne suffit pas d'expliquer comment le cerveau crée des dieux et des âmes. Il faut aussi expliquer pourquoi l'homme prend au sérieux de telles créations.
Après tout, on peut aussi en principe expliquer comment les rêves sont créés, mais que le cerveau crée les rêves n'implique pas que l'homme y croie.
Moi, par exemple: j'ai déjà eu quelques hallucinations auditives (de faible intensité), mais ça n'impliquait pas que je prenne au sérieux de telles hallucinations.
Non, vraiment, on n'a pas expliqué pourquoi l'homme croit en ayant expliqué comment les dieux sont créés. Il reste à expliquer pourquoi les dieux sont retenus...
C'est une explication très populaire qui veut que la religion soulage du sentiment d'insécurité que l'homme ressent quand il est confronté à des épreuves et finalement à la mort. Malgré sa simplicité, qui est souvent un mauvais guide en sciences, je n'ai pas d'indications que cette explication est dépassée.
Une théorie voisine veut que la religion donne un sens à la vie, et qu'elle ait prospéré parce que l'homme avait besoin de sens. Effectivement, l'homme a un besoin viscéral de connaître la raison d'être de son existence. Même les nihilistes qui pensent que le sens n'existe pas objectivement, ou bien ils se suicident, ou bien ils se trouvent une raison d'être. L'homme a besoin de savoir quelle est sa place dans la nature et où meneront ses actions.
Le très infect et putride Nietzsche ou je ne sais plus qui donnait l'exemple d'une cathédrale médiévale en cours de construction. L'homme qui la construisait n'était pas sûr de voir le résultat achevé... mais il avait quand même la motivation de participer à cette oeuvre qui le dépassait. Mais d'où viendrait cette motivation pour une personne qui a la conviction que son existence s'achèvera dans le néant, de même que l'existence de l'espèce humaine?
Ces deux théories sont individualistes. La troisième théorie est plutôt sociale: la religion fournit selon plusieurs personnes un fondement objectif à la moralité. C'est un raisonnement qu'on entend même chez des intellectuels, preuve qu'il n'est pas une erreur grossière.
Si Dieu n'existe pas, en effet, si aucune instance supérieure n'existe, qu'est-ce qui me retiendrait de faire ce que je veux? Il paraît en effet irrationnel de s'imposer des contraintes juste parce que «c'est mal». Que nous importent les notions de bien et de mal dans un monde sans Dieu, sans âme et sans karma? La question à savoir si le bien ou le mal existent objectivement n'a même plus d'intérêt.
Cela revient à la même chose que de dire que la religion assure la cohésion sociale. La moralité sert justement à coordonner de façon harmonieuse les rapports des individus entre eux.
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Moi, j'aime pas les religions dégénérées.
Le Schtroumpf grognon