Jérusalem. « Être chrétien c'est beaucoup de souffrances »

Jérusalem. « Être chrétien c'est beaucoup de souffrances »

Être chrétien à Jérusalem aujourd'hui est synonyme de souffrances. Tewfic Habesch vient de passer trois jours à Sainte-Anne-d'Auray pour apporter avec Ghada, son épouse, son témoignage.

Comment vit-on aujourd'hui à Jérusalem lorsque l'on est chrétien ?

Je suis un chrétien palestinien et je vis à Jérusalem Est. Ce qui signifie que je suis un réfugié politique, un déraciné, je ne vis pas dans mon pays. C'est difficile à imaginer mais je suis né à Jérusalem Ouest, et après la guerre de 1948 mes grands-parents et mes parents ont été chassés de chez eux. La maison où je suis né appartient aujourd'hui à une autre famille. Chaque année, j'y reviens. Les habitants m'invitent à entrer mais c'est trop difficile. Je voudrais avoir cette liberté d'y vivre.

Les chrétiens ont-ils une liberté de mouvement ?

C'est extrêmement compliqué. La soeur de mon épouse habite Ramallah. Lorsqu'elle va la voir, c'est simple. Pour revenir, c'est une attente d'environ deux heures au check point. De la même façon, entre Bethléem et Jérusalem, lorsque deux personnes souhaitent se marier, c'est possible, mais ils ne peuvent vivre ensemble.

Craignez-vous pour votre vie ?

Nous vivons dans un quartier très exposé où il y a souvent des affrontements, donc nous savons que nous ne sommes jamais en sécurité. Mais je suis croyant, ma foi me porte. Être chrétien, c'est accepter la souffrance comme Le Seigneur a souffert pour nous. Je ne partirai pas. Je préfère mourir sur cette terre. En revanche, les Français peuvent venir en pèlerinage. Eux ont beaucoup plus de liberté de mouvement.

Pourquoi êtes-vous venus en France ?

Pour la nuit de la Terre Sainte. Cette soirée à Sainte-Anne-d'Auray, à l'invitation du père Frédéric Fagot, le président de l'association les Veilleurs de la paix, nous a permis, avec mon épouse, de nous rendre compte que nous n'étions pas seuls. Lorsque l'on est chrétien à Jérusalem, on a très souvent cette impression d'être oublié de tous. Cette soirée, où il y avait un millier de personnes dont beaucoup de jeunes est aussi un formidable espoir. La paix passe par l'éducation et cette petite fille de 10 ans qui a demandé pourquoi tant de sang versé, cela m'a beaucoup ému. Je repars avec une grande force en moi.


Ghada et Tewfic Habesch, un couple de Chrétiens de Jérusalem est venu apporté son témoignage samedi soir à Sainte-Anne-d'Auray lors la " Nuit de la Terre sainte". Cette soirée organisée par les Veilleurs de la paix, association présidée par le Père Frédéric Fagot, en soutien aux chrétiens d'Orient a été l'occasion d'une belle rencontre.

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