Le bienheureux Paul VI, serviteur souffrant, roseau dans les tempêtes

[size=34]Le bienheureux Paul VI, serviteur souffrant, roseau dans les tempêtes

C’est un homme fort de ses faiblesses qui aura subi un martyre non sanglant que l’Eglise béatifie ce 19 octobre. Alors que l’histoire, peu à peu, rend justice au pontife.

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PHILIPPE OSWALD (198)


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Le 6 août 1978, fête de la Transfiguration, Paul VI ne put prononcer devant les pèlerins de Castel Gandolfo  la prière qu’il avait préparée pour l’angélus. Le soir même, épuisé, miné par la maladie, il s’éteignait dans la résidence d’été des papes. Quelques années plus tôt, il avait écrit dans son testament : « Je fixe mon regard avec une humble et sereine confiance vers le mystère de la mort et de ce qui l’accompagne dans la lumière du Christ qui seul l’illumine. » (1)
Humble et confiant, Jean-Baptiste Montini le fut assurément tout au long de sa vie. Mais c’est sans doute dans la mort qu’il obtint la sérénité que son esprit inquiet et sa santé déficiente lui avaient dérobée depuis sa jeunesse. L’itinéraire largement méconnu de ce fils de notables de Brescia, devenu grâce à ses dons intellectuels et à son ardeur au travail au service d’une foi indéfectible, l’indispensable collaborateur de Pie XII (qui, pourtant, ne le ménagea pas), est opportunément retracé par Christophe Henning (2).

Comme saint Paul, « l’apôtre des gentils »,  sous le patronage duquel il plaça son pontificat, Paul VI fut fort dans la faiblesse. Plongé dans les tempêtes inouïes du XXe siècle, il éprouva jusqu’à l’extrême de sa sensibilité féminine les douleurs de l’enfantement du monde contemporain : « Paul VI sentait, s’angoissait, souffrait, comme les modernes » a écrit son ami Jean Guitton. Mais il épousa la souffrance au lieu de la fuir, prenant à la suite du Christ Jésus « courageusement la route de Jérusalem » : celle « du grand mouvement de l’humanité : elle va vers une destination …sans doute redoutable », commentait le cardinal Lustiger (« Paul VI à travers son enseignement » cité par Christophe Henning).  Aussi fut-il aussi, comme son patron de baptême, Jean-Baptiste, le précurseur traçant pour tous ses successeurs la voie de la papauté moderne. Premier pape à sortir du Vatican depuis un siècle pour voyager, premier pape à prendre l’avion, premier pape depuis  saint Pierre à se rendre en Terre Sainte, premier pape à s’exprimer à l’ONU, il inaugura une autre façon d’être pape jusque dans la symbolique : abandon de la tiare, adoption de la férule avec un crucifix qu’ont reprise ses quatre successeurs.
Il leur légua aussi l’ouverture au monde, l’œcuménisme, le dialogue interreligieux, les appels à la paix, voix criant dans le désert, inlassablement, chargées « de dire, non de faire croire », comme disait Bernadette.
Il hérita du Concile Vatican II qu’il savait prophétique, inspiré à saint Jean XXIII par l’Esprit Saint, mais mal préparé, et le mena à son terme, vaille que vaille (1962-1965), alternant enthousiasmes et accablements. Il assista douloureusement à l’enfumage du Concile par ce qu’il nomma lui-même « les fumée de Satan ». Pourtant ce diplomate se montra inflexible pour imposer une réforme  liturgique elle-aussi improvisée qui a laissé des plaies ouvertes dans l’Eglise -comme ne l’a pas caché Benoît XVI- spécialement en France d’où est partie la révolte lefebvriste qui ne s’est plus éteinte.

Trois ans après la fin du Concile, la France, encore elle, déclenchait une révolution sexuelle et sociétale toujours à l’œuvre dans un mortel engrenage (pilule, avortement, libéralisation du divorce, pacs, mariage homosexuel, euthanasie, car tout cela est lié).  Mais 1968 fut pour l’Eglise universelle et pour le monde, celle de la profession de foi d’un pape rectifiant ses frères égarés avec son Credo proclamé trois jours après l’hérétique Catéchisme hollandais (juin 1968), suivi de l’encyclique Humanae Vitae publiée au cœur de l’été.
Ce ne fut pas une tempête, mais un tsunami ! De bas en haut de l’Eglise, jusque dans l’entourage du pape, et bien sûr dans les medias, on cria son incompréhension, on propagea la révolte. Par une intense campagne d’opinion menée depuis des années, tout le monde ou presque, et nombre d’évêques, des épiscopats entiers, s’étaient persuadés que ce pape moderne allait dire oui à la pilule, concéder la pratique de la contraception. Même la commission de théologies, cardinaux et d’évêques chargés  par le pape de dégager l’avis majoritaire sur la licéité de la contraception venait de la déclarer conforme à la doctrine de l’Eglise.

« Jamais comme en cette conjecture, nous n’avions senti le poids de notre charge » témoignait publiquement le pape trois jours après la promulgation de son encyclique (25 juillet 1968).  Pourtant, constatait trente ans plus tard le journaliste Michel Kubler, Humanae Vitae « redit simplement ceci : ce n’est pas parce que tout devient techniquement possible que tout est bon pour l’homme, pour la femme, pour la vie. » (Humanae Vitae trente ans après, La Croix, 27 juillet 1998).
Une grande partie du long pontificat de Jean Paul II allait ensuite développer,  expliciter, approfondir l’intuition prophétique de Paul VI sur le don de la vie, l’Evangile de la vie. Jean Paul II et Benoît XVI, tous deux créés cardinaux par Paul VI, lui ont à maintes occasions rendu un vibrant hommage : « Il est un vrai père pour moi » a confié Jean Paul II en s’inclinant devant son « martyre quotidien de sollicitude et de  travail » qu’il épousa lui-même.  Il fut le grand « avocat de la personne humaine », ajouta Benoît XVI : sa lumière fut « décisive pour comprendre le grand oui qu’implique l’amour conjugal ». « C’est avec le temps qu’on mesurera tout ce que nous lui devons » avait prédit son premier successeur, l’étoile filante que fut Jean Paul Ier (cité par Luc Adrian, Paul VI la sainteté tragique, Famille Chrétienne du 18/10/2014).

Oui, les familles, les époux, la société humaine et l’Eglise ont trouvé en Paul VI un avocat lucide dont la voix fut souvent celle, pathétique, d’un serviteur souffrant : « Paul VI a vécu pleinement l’enfantement de l’Eglise après Vatican II, les lumières, les espérances, les tensions. Il a aimé l’Eglise et s’est dépensé pour elle sans réserve, a résumé le pape François. Son témoignage nourrit en nous la flamme de l’amour du Christ, de l’amour de l’Eglise, de l’élan pour annoncer l’Evangile à l’homme d’aujourd’hui avec miséricorde, patience, courage, joie » (discours aux pèlerins du diocèse de Brescia, 25 juin 2013).
 
 
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[*]Prières de poche, Paul VI, Editions Artège, 112 pages, 4,90 €

[*]Petite vie de Paul VI, DDB, Desclée de Bouwer, 195 pages, 12,90 € 

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Son problème c'est qu'il avait nommer - ou laisser nommer- beaucoup d'évèques douteux!

RenéMatheux a écrit:

Son problème c'est qu'il avait nommer - ou laisser nommer- beaucoup d'évèques douteux!

comme Ratzinger  et Wojtyla ?

je pense plutôt qu'il représente le cas symétrique de Pétain au niveau Biographique :
Pétain était un héros avant guerre et un traitre après guerre, Paul VI ne présente au monde que sa biographie de Pape , alors que la majeure partie de la gestion des affaires courantes pendant la guerre et dans l'immediat après guerre passa par lui .
C'est donc une façon élégante de s'absoudre de toute érreur de gestion des affaires
de l'eglise pendant et après la 2ème guerre mondiale ...
Le terrain est donc dégagé pour Pie XII , c'est astucieux et il fallait y penser ...

Moi, je vous dit ce que j'ai vu!
A l'époque je défendais P6 disant qu'il ne pouvait faire autrement!
Et est arrivé JP2 qui a nommé des évèques plus sérieux!

RenéMatheux a écrit:

Moi, je vous dit ce que j'ai vu!
A l'époque je défendais P6 disant qu'il ne pouvait faire autrement!
Et est arrivé JP2 qui a nommé des évèques plus sérieux!

quels sont les évêques pas sérieux que Paul VI a nommé ? qu'ont-ils fait de spécial ?

C'est trop vieux!
Par contre je sais que c'était la catastrophe grave dans l'Eglise de France! Mais depuis j'ai oublié!

A l'époque je me souviens de Matagrin qui était mon évèque et qui lui croyait!. Seulement, au séminaire de grenoble en première année on enseignait essentiellement l'amour libre and co! Inutile de dire où étaitent allés les séminaristes en 2-ème année. A cela Matagrin ne mettait pas le holà!


Par contre JP2 a nommé des évèques comme brincard que je connais et dont je suis sur de la foi! Rey aussi!

Espérance a écrit:

RenéMatheux a écrit:

Moi, je vous dit ce que j'ai vu!
A l'époque je défendais P6 disant qu'il ne pouvait faire autrement!
Et est arrivé JP2 qui a nommé des évèques plus sérieux!

quels sont les évêques pas sérieux que Paul VI a nommé ? qu'ont-ils fait de spécial ?

Une quantité importe d'évêques interprétant Vatican II avec le point de vu strictement humaniste horizontal de Hans Küng ou de la théologie de la libération. Une catastrophe dont il ne fut pas entièrement responsable. C'était une vraie crise.

Je pense à ce pape comme à un "pape courage". C'est lui qui a affronté la contestation des intégristes et est aussi, je crois, le premier pape a être sorti du Vatican pour des voyages dans le monde.

Et "Il a perçu avec une intuition prophétique les espoirs et les craintes des hommes de son temps en s'efforçant d'en mettre en valeur les acquis positifs et de les éclairer à la lumière de la vérité et de l'amour du Christ", disait de lui Benoît XVI.

Malheureusement, Espérance, certains ne voient jamais que l'aspect négatif des choses, et des gens. Surtout quand il s'agit des meilleurs d'entre nous !

Moi, je vous dit les choses comme je les ai vécu.
Je vous signale que faisais partie des pélerins qui ont acclamé follement Paul 6 lors de sa dernière apparition en Juillet 1978!
Je n'avais donc aucun préjugé contre lui!

Mais, force est de constater que les évèques nommés par JP2 était bien meilleur!

Quant à d'autres commentaires sur les évèques de ce temps allez lire les écrits d'André frossard que l'on peut difficilement qualifier d'intégriste forcené!

RenéMatheux a écrit:

Moi, je vous dit les choses comme je les ai vécu.
Je vous signale que faisais partie des pélerins qui ont acclamé follement Paul 6 lors de sa dernière apparition en Juillet 1978!
Je n'avais donc aucun préjugé contre lui!

Mais, force est de constater que les évèques nommés par JP2 était bien meilleur!

Quant à d'autres commentaires sur les évèques de ce temps allez lire les écrits d'André frossard que l'on peut difficilement qualifier d'intégriste forcené!

Je ne pense pas qu'il faut généraliser non plus

si non, à votre avis, pourquoi il serait béatifié s'il n'a rien fait de bien ?

Et je n'ai pas dit qu'il a rien fait de bien!
Ainsi il avait eu une révélation mystique : le 15 Aout 1977, il avait dit qu'il ne serait plus là dans un an! C'est sans doute pourquoi il avait proposé de prendre la place des otages, Aldo Moro et les otage de la lufthansa! Finalement il est mort naturellement le 6 Aout 1978.
Bon mais, certes, les visions mystiques, ce n'est pas une preuve! Mais quand même!

Ceci dit, cela me semble faire suite à la canonisation de Jean 23 sans miracle,:les 2 papes du concile. Par contre Jean 23, non! Il n'a pas fait de miracle. Et les vertus heroiques = l'oecuménisme! Non! Dans ce cas, il y aurait beaucoup beaucoup de saints canonisés!
Surtout que Jean 23, selon le témoignage d'Antoine Pinay, dans les receptions ils remplissait ses poches de petit gateau! Ah si! si! Pinay avait dit "si il est canonisé c'est rassurant pour tout le monde"!

Mais il se peut très bien que la beatification de Paul 6 soit tout à fait classique.

Là je ne parle que des évèques qu'il a nommé!
Bon JP2 que je considère comme un très grand pape avait bien embrassé le coran!
Et Paul 6, à part le coup des évèques, j'ai rien à lui reprocher.

Ainsi c'est lui qui a mis fin à tout rapprochement avec le parti communiste italien au moment où celui ci essayait de s'infiltrer vers le pouvoir!

Attention, il y a eu miracle pour leur béatification.

D'autre part, l'Eglise dans son autorité suprême est épouse du Christ. Elle peut prendre les décisions qu'elle veut au service de Dieu. Dieu lui fait confiance.

Oui!
Mais depuis Vatican 2, on a dit que l'Eglise peut se tromper, d'où les repentances!
Donc elle peut aussi se tromper pour jean 23 par exemple!
Logique non?

L'Eglise comme Magistère infaillible ne peut pas se tromper dans la définition de la doctrine du salut.

Pour tout le reste, elle est faite de pécheurs.

Ben justement : "hors de l'Eglise point de salut"??
(Notez bien que je n'y crois pas sous cette forme en tout cas).