http://www.rcf.fr/sites/default/files/diffusions/RCFNational/RCFNational_HALGRAL_20120908_2300.mp3
Dieu justicier, Dieu opium, Dieu magicien, Dieu sadique... Notre perception de Dieu, influencée par un imaginaire foisonnant, déforme la réalité divine qui émerge de la Bible. Stan Rougier, prêtre, répond à Béatrice Soltner.
---
"Dieu fit l'homme à son image et l'homme le lui a bien rendu", disait Voltaire. On doit à de nombreuses erreurs d'interprétation de la Bible, mais aussi à l'histoire de l'art notamment, un imaginaire foisonnant sur Dieu.
- Le Dieu des athées, colérique et méprisant. Pour Stan Rougier, Dieu est l'exact opposé de l'image qu'en ont les athées. En réalité, il est dialogue et communion. Il cherche avec sa créature une rencontre d'amour, d'amitié et de paternité. Dieu est cette réalité nommée amour et que lui-même a révélée et a montrée comme étant le but de la vie humaine.
- Dieu instance de surveillance et entrave à la liberté. Pourquoi les interdits bibliques ? Si une chose n'était pas mauvaise, elle ne serait pas interdite. Dieu n'interdit que ce qui est mauvais pour le bonheur de l'être humain. Ce que nous nommons la morale... "Et te voilà contraint par l'amour d'un visage", écrit Saint-Exupéry ; l'amour ne permet pas de faire n'importe quoi ! Si Dieu existe, s'il donne une orientation à la vie, un sens est donné par Dieu. Sans sens, l'homme vient du néant et va vers le néant, tel "un bouchon qui flotte".
- "On lui reproche d'être l'
opium des opprimés, il est l'animateur de tous les sursauts de libération", dit Stan Rougier, qui met en garde contre les religiosités et les paganismes, des attitudes soi-disant religieuses qui sont des contrefaçons. Jésus est venu délivrer l'homme des contrefaçons. Il s'oppose à certaines traditions quand elles mutilent, quand elles enchaînent l'amour.
-
Un Dieu magicien. Ce n'est pas Dieu lui-même qui fait les choses à la place de l'être humain. Il tend la main, peut-être, mais par personne interposée. Sa baguette magique, ce sont les hommes. Dieu compte sur l'homme !
-
Un Dieu sadique, soupçonné d'avoir des connivences avec la mort. Ne lit-on pas sur des faire-parts de décès : "Dieu a rappelé à lui son serviteur" ? Or, Dieu entraîne avec lui dans son Royaume ceux qui sont tombés, il invite à entrer dans une vie nouvelle que nous nommons la mort mais qui s'appelle aussi la vie. Sur le plan spirituel, la mort est la cessation de cette vie trop limitée qui ne correspond pas à notre soif de liberté, de tendresse. Nous allons vers une vie cent fois plus belle que celle-ci !
-
Un Dieu indifférent au mal. Dieu donne à l'homme une tache de créativité, il veut que l'homme soit co-créateur. Il lui livre pour cela un monde inachevé. Au lieu de faire cesser le mal, beaucoup de croyants l'ont amplifié. Dans l'Evangile, Jésus ne cesse de guérir, de faire cesser les douleurs. Le mal, comme la souffrance, est une provocation : une occasion de se lever pour soulager les souffrances. La finalité du mal est de lutter contre.
-
Un Dieu initiateur de tous les fanatismes. Le fanatisme est un état d'esprit inquisitorial dont Dieu - Jésus - est la première victime. D'où vient cette rigidification du coeur humain qui semble comprendre de travers Dieu et les écritures ? L'homme ne cesse de tout projetter sur Dieu, y compris sa propre violence. Et s'il suffisait de se tourner vers le Christ et de lui demander qui il est ?
-
Un Dieu qui donne à la douleur une place privilégiée. On associe souvent la foi à la douleur. Or, si Jésus avait voulu de la douleur chez l'humanité, il n'aurait pas mit tant d'énergie à soigner les hommes. Chez l'être humain il existe de façon générale un lien très ambigü avec la douleur. Certes, le chemin qui mène à la vie est une porte étroite mais l'Evangile invite à la joie !
Source : http://www.rcf.fr/radio/rcfnational/emission/142341/415711