La retraite paisible de Benoît XVI 23 décembre 2013 : le pape François rend visite à Benoît XVI, au monastère Mater Ecclesiae, au Vatican.
© ServizioFotograficoOR/CPP/CIRICEn février 2013, Benoît XVI renonçait à sa charge.
Un coup de tonnerre vite apaisé dans le ciel du Vatican.
Que devient Benoît XVI, pape émérite ?
On se souvient du coup de tonnerre : le 11 février 2013, Benoît XVI annonce – en latin et à la surprise générale – qu’il n’a plus la force de suivre le cours trop rapide des affaires de l’Église et qu’il renonce à sa charge.
Le 28 février 2013, il quitte le Vatican en hélicoptère, pour se replier à Castel Gandolfo et laisser le collège des cardinaux élire son successeur. On connaît la suite : le 13 mars 2013, nouveau tremblement de terre : un jésuite d’Amérique du Sud devient le 266e pape de l’histoire de l’Église.
C’est une situation inédite : deux papes au Vatican, qui se rencontrent, échangent, ont même élaboré ensemble l’encycliqueLumen fidei.
Mais en fait, il n’y a qu’un pape, il s’appelle François.
Et les deux hommes ont l’intelligence d’un partage des rôles bien compris.
Benoît XVI vit comme un moine, dans la discrétion, confirme. C’est la vie qu’il a choisie et il n’interviendra pas dans les affaires de son successeur.
→ Nicolas Diat, auteur du livre L’homme qui ne voulait pas être pape, Éd. Albin Michel.
Un homme "libéré"Selon les rares informations qui sortent du Vatican, Benoît XVI, 86 ans, vit les jours bénis du premier pape à la retraite : « Il s’est très bien adapté à sa nouvelle situation, explique Jean-Louis de la Vaissière, vaticaniste. Il apparaît plus détendu, comme s’il était libéré. »
Ce n’est un secret pour personne : Benoît XVI craignait ce fardeau trop lourd. Lui qui, le 19 avril 2005, murmure dans son cœur : « Seigneur, pourquoi me demandes-tu cela, quelle est ta volonté ? C’est un grand poids que tu déposes sur mes épaules. »
On n’imagine pas la charge que représente pour un homme seul le gouvernement d’une Église avec 1,2 milliard de fidèles.→ Christophe Dickès, spécialiste du Vatican.
Un homme lucide et vigilantSoulagé donc, Benoît XVI installé depuis mai 2013au monastère Mater Ecclesiae dans l’enceinte du Vatican, s’occupe en écrivant.
Une retraite d’autant plus active qu’il se révèle extrêmement lucide et toujours très vigilant. Il se murmure que Benoît XVI travaille à une autobiographie, lui qui a passé plus de trente ans au cœur du Vatican.
Et c’est à l’ombre de la basilique Saint-Pierre que, selon toute vraisemblance, il achèvera son existence. Sous Jean-Paul II, le cardinal Ratzinger aurait bien voulu prendre sa retraite en Bavière. Son élection a changé la donne : « Il ne retournera pas en Allemagne, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité, et il ne devrait plus voyager », estime Jean-Louis de la Vaissière.
Benoît XVI n’est pas pour autant isolé, encore moins prisonnier comme le fut Célestin V, reclus par la volonté de son successeur Boniface VIII, il y a sept siècles. Joseph Ratzinger reçoit beaucoup, notamment son frère aîné Georg, âgé de 90 ans et pratiquement aveugle.
Parmi les visiteurs, le pape en exercice vient régulièrement à sa rencontre. François, dans l’avion le ramenant des JMJ de Rio en juillet 2013 confiait simplement : « C’est comme avoir un grand-père à la maison, le grand-père sage, vénéré, aimé et écouté… »
Un lien privilégié s’est noué entre les deux hommes, d’autant plus que Benoît XVI respecte scrupuleusement son engagement à ne pas s’immiscer dans la marche de l’Église.
Réduit au silence, il s’est juste autorisé une réponse au mathématicien anticlérical Piergorgio Odifreddi, lettre publiée dans le quotidien La Repubblica en septembre 2013, où le pape retraité défend « la grande trace lumineuse de bonté et de pureté que la foi chrétienne a laissée derrière elle au long des siècles ».
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