Michel Hubaut
Dans ses livres, ce franciscain cherche à rendre accessible à tous le contenu de la foi et, notamment, le mystère de la résurrection de la chair.
« Dieu m'invente chaque jour avec moi-même. » Ces mots du philosophe Emmanuel Mounier m'ont ouvert les yeux à 24 ans, alors que, jeune instituteur vivant à Lille, je m'étais détourné de l'Église. Dieu n'était donc pas ce juge implacable concurrent à ma liberté, mais un amour qui me structure, me libère et me réalise ! Peu de temps après, ébloui par la figure de saint François, je suis entré chez les Franciscains. Les « hasards » de la vie ont voulu que je participe plus tard à de grands médias chrétiens. Le rejet d'une foi mal comprise qui avait marqué ma jeunesse m'a donné le souci de trouver un langage adapté à mes contemporains pour transmettre l'Évangile.
Lorsque, en 1977, le livre d'un médecin américain sur les expériences de coma dépassé a suscité une vague d'intérêt pour les questions de l'au-delà, j'ai voulu expliquer l'originalité de l'espérance chrétienne. S'agit-il seulement d'une vie éternelle de l'âme ? Si le Christ a assumé un corps, ce n'est pas pour devenir un pur esprit : les apparitions du Ressuscité en témoignent. Mais comment rendre compte de façon intelligible de « la résurrection de la chair » que nous proclamons chaque dimanche ? Mon premier livre issu de cette interrogation, la Vie au-delà de la vie (DDB), a suscité l'intérêt d'un couple qui avait perdu un enfant. Ils m'ont demandé d'être l'accompagnateur spirituel d'une association, Jonathan Pierres vivantes, qu'ils venaient de fonder pour aider les parents vivant la même tragédie. Les échanges entretenus pendant plus de dix ans avec eux m'ont aidé à trouver les mots et les images pour parler du mystère de la vie à venir.
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À mesure que nous sortons de notre égocentrisme pour nous ouvrir à l'altérité et jusqu'au don de nous-mêmes, nous laissons l'Esprit nous faire naître à cette vie nouvelle. L'effort constant que nous avons à opérer pour passer de l'homme centré sur lui-même à l'homme en relation est cette « croix » que le Christ nous invite à prendre chaque jour pour le suivre. Ce n'est cependant qu'après la mort que nous entrerons pleinement dans ce royaume dont nous n'avons qu'une perception obscure. « L'Esprit qui a transfiguré le Christ transformera alors notre corps de misère en corps de gloire », écrit saint Paul. Nous avons du mal à imaginer ce qu'il sera. Mais comment quelqu'un qui n'aurait jamais vu un chêne pourrait imaginer ce que va devenir ce gland tombé en terre ? Comment deviner qu'une petite graine noire et fripée va donner une fleur fraîche et colorée ? De même nous ne pouvons imaginer ce corps de lumière qui naîtra de notre enfouissement dans la mort, selon des modalités qui correspondront à des conditions d'existence nouvelles. Pourtant, ce sera bien notre personne, aimée par Dieu du même amour singulier, qui, selon l'Évangile, « resplendira comme le soleil » (Matthieu 17, 2).
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