| | La joie de l'âme | |
| | Auteur | Message |
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Michael
Messages : 766 Inscription : 04/02/2011
| Sujet: La joie de l'âme 26/6/2012, 16:26 | |
| La joie de l'âme La joie est chose rare. Ses visites sont éphémères. Certains, de tempérament plus euphoriques, prennent la vie par le bon côté. D’autres, toujours sombres, n’arrêtent pas de broyer du noir. Quoi qu’il en soit, la joie n’est pas un état permanent et stable du cœur humain. Tôt ou tard, elle est agressée par les épreuves douloureuses de la vie : un amour brisé, la maladie, un échec, un deuil, etc. La liste pourrait être allongée. Entre joie et tristesse, la balance semble à jamais inégale. Rien n’est plus fragile que nos joies humaines. Augustin le savait. Ou plutôt, il l’a appris d’expérience. « Ô ma joie lente à venir ! » (Conf. II, 2, 2). Ce n’est pas faute de l’avoir cherchée. Il s’est lancé à sa poursuite à corps perdu, mais sans trouver nulle part cette joie qui aurait pu combler son cœur. Jusqu’au jour où il se décida à changer de vie. Après sa conversion, les joies sensibles ne lui paraitront même plus dignes de mention. La balance penche désormais du côté des joies durables, dont les racines plongent en Dieu.
La vraie joie est un don. C’est pourquoi, avec le psalmiste, il faut la demander : « Répands la joie sur l’âme de ton serviteur, ô mon Dieu, car j’ai levé mon âme vers toi. » (Ps 85, 6). Augustin commente : « Donne-lui la joie (à l’âme), parce que je l’ai élevée vers toi. Elle était sur la terre et en ressentait les amertumes. Afin qu’elle ne dessèche pas dans l’amertume…, je l’ai élevée vers toi : fais-lui goûter quelque joie. Car toi seul es la joie, et le monde est plein d’amertume. »
Seule cette joie en Dieu est indestructible. On est en droit de se demander si Augustin ne la place pas trop haut. En assignant à la vraie joie sa demeure en Dieu, il semble la réserver à ceux qui sont capables d’élans mystiques. Et que deviennent alors nos joies humaines ? Seraient-elles condamnables ? Augustin n’est-il pas en train de brûler ce qu’il avait adoré ? Non. Mais désormais, il subordonne toute joie humaine à la joie en Dieu. Seul un tel placement est assuré de ne pas les perdre.
Il n’y a donc aucun mépris chez Augustin pour les joies humaines. Il reste lui-même sensible en particulier aux joies de l’amitié. Mais la vraie joie, il la trouve désormais en Dieu et au service de ses frères en humanité. Il n’y a de joie que partagée : la vraie joie dilate le cœur, élargit la tente, fait de l’espace. Une telle joie nous est déjà anticipée dans le Christ. Et c’est elle qu’Augustin cherche à transmettre dans son activité pastorale. Il dira à ses auditeurs dans un sermon : « Notre joie, c’est votre salut. »
Marcel NEUSCH Augustin de l’Assomption
Notre joie, c’est votre salut (Textes d’Augustin)
En vous expliquant les saintes Ecritures, c’est comme si nous rompions du pain devant vous… Ce que je vous distribue n’est pas à moi. Ce que vous mangez, je le mange ; ce dont vous vivez, j’en vis. Nous avons notre cellier commun au ciel ; car c’est de là que vient la Parole de Dieu (S. 95, 1) Les lectures divines, qui nous nourrissent spirituellement, nous indiquent ce que nous avons à vous distribuer, à vous qui attendez pleins d’attention, et que, du cellier du Seigneur dont nous sommes les intendants, nous vous présentions quelque chose pour votre faim (S. Dolbeau, 21, 1)
Assurément notre couronne, c’est votre édification spirituelle, et notre joie, c’est votre salut (S. 212) … Tous ceux qui, par nos efforts, progressent dans le Christ sont notre joie et notre couronne (Cf Phil. 4,1), car il nous revient de distribuer fidèlement, non pas notre argent, mais l’argent du Seigneur ; il vous revient de le recevoir avec soin et sollicitude. Moi, en effet, je puis être le donneur, pas le percepteur ; et le donneur, non de quelque bien qui serait mien, mais du bien de Dieu, dont je vis, moi aussi ; car tous nous appartenons à une unique grande maison, nous avons le Seigneur pour seul Père de famille. Il a un ample cellier, duquel nous pouvons vivre et vous et nous. Vnde uiuo, inde dico. C’est de ce que je vis que je parle ; c’est de ce dont je me nourris que je sers. Notre richesse commune, c’est notre Dieu, notre vie à tous heureuse et éternelle. Donc qui se glorifie, qu’il se glorifie dans le Seigneur (cf. 1 Cor 1, 34), qui vit et règne dans tous les siècles des siècles ; amen ».Cf. Augustin prédicateur (395-411). Actes du Colloque International de Chantilly (5-7 septembre 1906) édités par Goulven Madec. Institut d’Etudes Augustiniennes, Paris, 1998. Pages 14-15. http://www.assomption.org/Ressources/ItinerairesAugustiniens/IA43/Editorial.htm | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La joie de l'âme 26/6/2012, 17:57 | |
| - Michael a écrit:
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La joie de l'âme La joie est chose rare. Ses visites sont éphémères. Certains, de tempérament plus euphoriques, prennent la vie par le bon côté. D’autres, toujours sombres, n’arrêtent pas de broyer du noir. Quoi qu’il en soit, la joie n’est pas un état permanent et stable du cœur humain. Tôt ou tard, elle est agressée par les épreuves douloureuses de la vie : un amour brisé, la maladie, un échec, un deuil, etc. La liste pourrait être allongée. Entre joie et tristesse, la balance semble à jamais inégale. Rien n’est plus fragile que nos joies humaines. Augustin le savait. Ou plutôt, il l’a appris d’expérience. « Ô ma joie lente à venir ! » (Conf. II, 2, 2). Ce n’est pas faute de l’avoir cherchée. Il s’est lancé à sa poursuite à corps perdu, mais sans trouver nulle part cette joie qui aurait pu combler son cœur. Jusqu’au jour où il se décida à changer de vie. Après sa conversion, les joies sensibles ne lui paraitront même plus dignes de mention. La balance penche désormais du côté des joies durables, dont les racines plongent en Dieu.
La vraie joie est un don. C’est pourquoi, avec le psalmiste, il faut la demander : « Répands la joie sur l’âme de ton serviteur, ô mon Dieu, car j’ai levé mon âme vers toi. » (Ps 85, 6). Augustin commente : « Donne-lui la joie (à l’âme), parce que je l’ai élevée vers toi. Elle était sur la terre et en ressentait les amertumes. Afin qu’elle ne dessèche pas dans l’amertume…, je l’ai élevée vers toi : fais-lui goûter quelque joie. Car toi seul es la joie, et le monde est plein d’amertume. »
Seule cette joie en Dieu est indestructible. On est en droit de se demander si Augustin ne la place pas trop haut. En assignant à la vraie joie sa demeure en Dieu, il semble la réserver à ceux qui sont capables d’élans mystiques. Et que deviennent alors nos joies humaines ? Seraient-elles condamnables ? Augustin n’est-il pas en train de brûler ce qu’il avait adoré ? Non. Mais désormais, il subordonne toute joie humaine à la joie en Dieu. Seul un tel placement est assuré de ne pas les perdre.
Il n’y a donc aucun mépris chez Augustin pour les joies humaines. Il reste lui-même sensible en particulier aux joies de l’amitié. Mais la vraie joie, il la trouve désormais en Dieu et au service de ses frères en humanité. Il n’y a de joie que partagée : la vraie joie dilate le cœur, élargit la tente, fait de l’espace. Une telle joie nous est déjà anticipée dans le Christ. Et c’est elle qu’Augustin cherche à transmettre dans son activité pastorale. Il dira à ses auditeurs dans un sermon : « Notre joie, c’est votre salut. »
Marcel NEUSCH Augustin de l’Assomption
Notre joie, c’est votre salut (Textes d’Augustin)
En vous expliquant les saintes Ecritures, c’est comme si nous rompions du pain devant vous… Ce que je vous distribue n’est pas à moi. Ce que vous mangez, je le mange ; ce dont vous vivez, j’en vis. Nous avons notre cellier commun au ciel ; car c’est de là que vient la Parole de Dieu (S. 95, 1) Les lectures divines, qui nous nourrissent spirituellement, nous indiquent ce que nous avons à vous distribuer, à vous qui attendez pleins d’attention, et que, du cellier du Seigneur dont nous sommes les intendants, nous vous présentions quelque chose pour votre faim (S. Dolbeau, 21, 1)
Assurément notre couronne, c’est votre édification spirituelle, et notre joie, c’est votre salut (S. 212) … Tous ceux qui, par nos efforts, progressent dans le Christ sont notre joie et notre couronne (Cf Phil. 4,1), car il nous revient de distribuer fidèlement, non pas notre argent, mais l’argent du Seigneur ; il vous revient de le recevoir avec soin et sollicitude. Moi, en effet, je puis être le donneur, pas le percepteur ; et le donneur, non de quelque bien qui serait mien, mais du bien de Dieu, dont je vis, moi aussi ; car tous nous appartenons à une unique grande maison, nous avons le Seigneur pour seul Père de famille. Il a un ample cellier, duquel nous pouvons vivre et vous et nous. Vnde uiuo, inde dico. C’est de ce que je vis que je parle ; c’est de ce dont je me nourris que je sers. Notre richesse commune, c’est notre Dieu, notre vie à tous heureuse et éternelle. Donc qui se glorifie, qu’il se glorifie dans le Seigneur (cf. 1 Cor 1, 34), qui vit et règne dans tous les siècles des siècles ; amen ».
Cf. Augustin prédicateur (395-411). Actes du Colloque International de Chantilly (5-7 septembre 1906) édités par Goulven Madec. Institut d’Etudes Augustiniennes, Paris, 1998. Pages 14-15. http://www.assomption.org/Ressources/ItinerairesAugustiniens/IA43/Editorial.htm
Merveilleux textes. Effectivement, même en l'absence de "joie sensible" (dirait-on surtout), celle de l'âme émerge et demeure en définitive la seule digne de mention. |
| | | Michael
Messages : 766 Inscription : 04/02/2011
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