| | "Wall Street a détruit la merveille qu’était l’Amérique !" (atlantico.fr) | |
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Invité Invité
| Sujet: "Wall Street a détruit la merveille qu’était l’Amérique !" (atlantico.fr) 26/12/2011, 20:47 | |
| Et c’est Newsweek, le magazine américain tout ce qu’il y a de plus grand public qui le dit.
L’Amérique change décidément bien vite. Alors qu’il y a un an encore, il n’était pas rare de traiter de socialiste ou de communiste -injure suprême outre-atlantique- tout porteur d’un discours économique un peu sceptique sur les bienfaits du capitalisme financier, la crise a généré une onde de choc intellectuelle qui change les lignes du débat politique américain.
Dans un article du magazine hebdomadaire Newsweek, il est ainsi écrit que l’Amérique est dans le même état de dévastation qu’un champ jonché de cadavres après la bataille tandis que son commandement en chef a traversé la guerre (la crise) indemne. Wall Street contemple les ravages de la crise du haut de son balcon en ne se préoccupant que de ses bonus de fins d’années et pas du tout de l’état de l’économie réelle.
Et Michael Thomas, l’auteur de l’article, de rappeler que lui-même a fait une carrière de banquier d’affaires, commençant chez Lehman Brothers avant de s’embarquer dans 30 ans de "deals", de "léchages de culs" et de mensonges qui lui ont permis de s’habiller sur mesure et d’avoir le numéro privé de Madame Claude à Paris. Tout en parvenant pas à atteindre le sommet du management de Wall Street parce qu’il était incapable de développer vraiment une indifférence absolue à l’intérêt général, ce qui selon lui, est la clé de toute réussite dans l’industrie financière new yorkaise.
Dans les années 60, G. Keith Funston était le président de la bourse de New York et selon Michael Thomas avait l’habitude de répéter que "le grand public a toujours tort. Toujours". Et c’était avant même que ne s’installe à Wall Street dans les années 70 une culture du mensonge généralisé et de l’appât du gain sans scrupule quels que soient les moyens employés pour gagner de l’argent ! Et le papier de Newsweek de parler du grand mensonge de Wall Street, ce grand mensonge aussi vieux que le capitalisme lui-même, "tout ce qui ne va pas, tout ce qui a provoqué la crise, tout ça est de la faute des gouvernements", pas des banques ni des marchés.
Mais il se pourrait bien que les banquiers et hommes d’affaires new-yorkais voient leur arrogance se retourner finalement contre eux car la crise de 2011 est bien plus profonde que les récessions précédentes. Cette fois-ci la colère populaire ne pourra pas être détournée et malgré les réserves philosophiques ou politiques qu’on peut concevoir au sujet d’Occupy Wall Street, le mouvement a eu le mérite de lancer la boule de neige qui pourrait bien se transformer en avalanche. L’Amérique est en train de prendre conscience du processus sinistre par lequel les richesses ont été concentrées dans un nombre toujours plus réduit de mains. Et même si le gouvernement a pu laisser s’installer le phénomène, il n’a fait que l’accompagner mais c’est bien Wall Street qui l’a engendré.
Pour Thomas, il faut cependant que les 99% de protestataires apprennent à faire la part des choses entre ceux dans le 1% des plus riches qui sont de véritables créateurs de richesses dont l’action bénéficie à tous et ceux qui n’ont fait que prélever indûment des sommes énormes sur des richesses produites par d’autres au mépris de toutes les souffrances causées au passage.
Et Michael Thomas de souligner : l'ère de l'argent gagné pour rien doit se terminer. Et pas simplement au moyen d'impôts supplémentaires imposés aux plus riches ou de taxe Tobin sur les transactions financières mais en passant par des mises en accusation et des procès. Il faut établir les responsabilités de ce désastre humain qu'est la crise actuelle et faire condamner ceux qui sont en responsables.
A défaut, l'Amérique risque de s'enfoncer dans un ordre néo féodal. 1384 plutôt que le 1984 d'Orwell comme scénario du pire. Et le risque de soubresauts violents deviendrait plus grand que jamais. Et Michael Thomas de conclure : s'il y a 40 ans, on m'avait demandé si une révolution pouvait se produire en Amérique, j'aurais ri au nez de mon interlocuteur. Au regard de ce que Wall Street a fait depuis 30 ans, je n'en suis plus si sûr.
http://www.atlantico.fr/pepites/wall-street-detruit-amerique-newsweek-occupy-indignes-inegalites-254373.html?page=0,0 |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: "Wall Street a détruit la merveille qu’était l’Amérique !" (atlantico.fr) 27/12/2011, 17:44 | |
| Emmanuel Todd : "Annulons la dette du Vieux Monde !"
L'État est au service d'une oligarchie liée aux marchés, assure Todd, le "prophète certifié".http://www.lepoint.fr/economie/emmanuel-todd-annulons-la-dette-du-vieux-monde-13-12-2011-1406951_28.php Introduction Le Point : Les États sont-ils en guerre contre "les marchés" ?Emmanuel Todd : Ne soyons pas dupes de ces concepts mystificateurs, Bruxelles, les marchés, les banques, les agences de notation américaines : ces faux nez camouflent la prise du pouvoir politique, à l'échelle mondiale, par les plus riches. Sous couvert de protéger l'argent des petits épargnants, les marchés, ce sont tout simplement les plus riches jouant avec les États. Les riches ne se battent pas contre les États, ils se battent pour les contrôler encore mieux (voir "L'État prédateur", de James Galbraith). Il suffit d'observer les parcours de certains individus entre la haute administration, les firmes américaines, Bruxelles et, désormais, les gouvernements pour comprendre qu'ils y parviennent. Si une même caste contrôle les marchés et les États, l'opposition entre les uns et les autres n'a plus aucun sens. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: "Wall Street a détruit la merveille qu’était l’Amérique !" (atlantico.fr) 27/12/2011, 17:50 | |
| Valéry Giscard d'Estaing - Nous sommes manipulés par des banques et des officines
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| | | joker911
Messages : 3032 Inscription : 22/11/2009
| Sujet: Re: "Wall Street a détruit la merveille qu’était l’Amérique !" (atlantico.fr) 3/1/2012, 15:00 | |
| Le samedi 31 décembre 2011, Barack Obama a promulgué la tristement célèbre National Defense Authorization Act (NDAA) conférant au Président des Etats-Unis des prérogatives anticonstitutionnelles similaires aux pleins pouvoirs donnés à Hitler en 1933. La NDAA contient des articles permettant la détention militaire sans limite et sans procédure judiciaire de toute personne, y compris de citoyens américains, suspectée d’être en relation de près ou de loin avec des groupes terroristes ou toute organisation leur étant liée. Dénoncée par de nombreux hauts gradés de l’armée américaine et par l’Union américaine pour les libertés civiques, cette loi va encore plus loin que les lois Patriotde l’ère Cheney-Bush et confère de véritables pouvoirs dictatoriaux à un Président qui avait promis d’effacer les abus de ses prédécesseurs. En même temps qu’il a promulgué cette loi, Obama l’a accompagné d’une déclaration présidentielle (« signing statement ») émettant de « sérieuses réserves sur certaines provisions réglementant la détention, l’interrogation et le jugement de terroristes présumés ». Se référant à la section 1021 de la NDAA, Obama affirme que « cette loi ne doit pas être interprétée comme affectant les lois ou les autorités existantes sur la détention de citoyens des Etats-Unis, de résidents étrangers légaux ou de toute personne arrêtée aux Etats-Unis ». Non seulement c’est ce qu’autorise expressément la NDAA, mais c’est l’administration Obama qui est intervenue pour s’assurer que ce soit bien le cas, alors qu’un groupe de législateurs mené par le sénateur démocrate Carl Levin, président de la Commission des services armés, avait fait supprimer ces passages. Le texte de la NDAA a désormais force de loi et la déclaration présidentielle n’y change rien, à moins de vouloir croire à cette promesse de ne pas y recourir. Mais alors pourquoi l’avoir fait adopter puis promulguer ? Souvenons-nous que quand Adolf Hitler avait promulgué sa propre Loi de protection du peuple et du Reich le 24 mars 1933, il avait promis au Zentrum, le parti catholique allemand dissout en juillet, de ne pas s’en servir contre ses opposants. De surcroît, Obama écrit dans sa déclaration que « certains au Congrès continuent d’insister sur la restriction des options disponibles pour nos spécialistes de l’antiterrorisme et de vouloir interférer avec les opérations mêmes qui ont assuré notre sureté ». Donc, au nom de « la sécurité et de la liberté du peuple américain », le Président décrète, dans la plus pure tradition de Carl Schmitt et de la doctrine d’exécutif unitaire, que son gouvernement ignorera certaines dispositions de la loi, celles qui justement doivent assurer un minimum de sauvegardes. En voici quelques exemples :
- La section 1024 a été insérée par le Congrès pour spécifier que le
secrétaire à la Défense, dans les 90 jours de l’entrée en vigueur de la NDAA, soumettra un rapport établissant les procédures « déterminant le statut des personnes détenues en application de la Authorization for Use of Military Force » en vigueur (la loi de 2001 promulguée par Bush). Lors du débat au Sénat, le sénateur républicain Lindsey Graham avait déclaré : « Je veux pouvoir dire à tous ceux qui sont concernés, qu’aucune personne détenue dans une prison américaine, qu’elle soit civile ou militaire, comme membre présumé d’Al Qaida, ne le sera sans examen judiciaire. Nous ne permettons pas à la branche exécutive de prendre cette décision sans contrôle. » Dans sa déclaration qui a force de décret-loi, Obama dit « accorder au secrétaire à la Défense toute discrétion pour déterminer quelles décisions de statut des prisonniers d’Afghanistan sont sujettes aux conditions de cette section de la loi » ; l’exécutif crée ainsi une exception affaiblissant le contre-pouvoir.
- La section 1028 de la NDAA limite la capacité à « transférer des détenus vers un pays étranger »,
une pratique mise en place par l’administration Cheney-Bush afin de délocaliser la torture vers des prisons secrètes en Egypte, en Libye, en Syrie et en Pologne. Pour Obama, cette limitation « entrave la capacité de l’exécutif à mener ses activités militaires, de sécurité nationale et de relations étrangères », ainsi que sa « capacité à agir promptement dans la conduite des négociations avec des pays étrangers ». Obama déclare donc que son gouvernement ne sera pas tenu de respecter la section 1028.
- La section 1029 de la NDAA requiert que « le Procureur des
Etats-Unis consulte le directeur du renseignement national et le secrétaire à la Défense avant de déposer des charges criminelles ou de mettre en accusation certains individus ». Dans son décret-loi, Obama écrit que cela diminuerait « l’intégrité et l’indépendance du ministère de la Justice » et qu’en conséquence, son gouvernement ne s’y soumettra pas.
Il est on ne peut plus clair, pour ceux qui n’ont pas voulu voir la réalité en face jusqu’ici, que le syndrome narcissique aigu de Barack Obama en fait un dictateur en puissance. Alors qu’il avait attaqué tous les errements légaux de l’administration Bush-Cheney et qu’il s’était engagé lors de sa campagne électorale à les réparer, il est désormais plus fasciste que les fascistes, déterminé à utiliser le pouvoir de la Maison Blanche et de l’armée des Etats-Unis pour assouvir ses illusions de puissance et compenser ses frustrations intérieures par des conflits militaires à l’extérieur. Tel est le rôle qu’il joue pour le compte de l’empire financier de la City et Wall Street, pour qui la guerre est désormais le seul moyen d’éviter la faillite. http://www.solidariteetprogres.org/Obama-surpasse-Hitler-avec-son-decret-loi-sur-le-NDAA_08453 | |
| | | Philippe Fabry
Messages : 13954 Inscription : 31/01/2009
| Sujet: Re: "Wall Street a détruit la merveille qu’était l’Amérique !" (atlantico.fr) 3/1/2012, 15:21 | |
| - Alexis232 a écrit:
- Et le papier de Newsweek[/b] de parler du grand mensonge de Wall Street, ce grand mensonge aussi vieux que le capitalisme lui-même, "tout ce qui ne va pas, tout ce qui a provoqué la crise, tout ça est de la faute des gouvernements", pas des banques ni des marchés.
Le mythe des ressources sous-utiliséesAux USA le Federal Open Market Committee a annoncé le 3 novembre son intention d’acheter, en « imprimant » de la monnaie, 600 milliards de dollars d’obligations d’État à long terme au cours des 6 prochains mois. Le président Bernanke assure que cet « assouplissement quantitatif » est nécessaire pour aider une économie qui souffre d’un « niveau très élevé de sous-utilisation des ressources ». En d’autres termes, il y a beaucoup de sous-emploi, du travail comme du capital, et il faudra un choc énorme de relance monétaire pour que ces « ressources inactives » redeviennent productives. Cette injection massive d’argent est censée fonctionner comme suit : l’achat de bons du Trésor fera augmenter le cours de ces derniers et baisser leur rendement – et donc les taux d’intérêt à long terme en général. (Rappelons que la relance monétaire précédente a déjà poussé les taux à court terme à un niveau proche de zéro.) Des taux d’intérêt plus bas signifient que le capital d’investissement sera encore moins cher qu’il ne l’est déjà, orientant ainsi des ressources financières oisives dans des activités productives génératrices d’emploi. Et parce que tout l’argent frais commence sa vie comme réserves de banque, les banques seront en mesure d’accorder de nouveaux prêts. Les keynésiens insistent sur le fait que ce genre de relance massive est la dernière arme dont disposent les autorités monétaires dans leur lutte pour remédier au chômage. Il s’agit d’une solution à court terme : tous les économistes se rendent compte que faire tourner la planche à billets ne donne pas vie à de nouveaux produits ou services, et même pas Keynes lui-même ne dirait que faire tourner la planche à billets est une recette pour la prospérité à long terme. Mais l’impression d’argent frais peut-elle induire les entrepreneurs à augmenter leur production? Peut-elle rendre des ressources non-employées soudainement employables? La réponse dépend des raisons pour lesquelles ces ressources étaient au départ devenues non-employées – ou « sous-utilisés » dans le langage de la Fed. C’est précisément la question que les économistes autrichiens se posent : qu’est-ce qui a cloché dans l’économie, à tel point que tant de ressources ne sont aujourd’hui pas utilisées? En abordant cette question cruciale, seule la perspective autrichienne parvient à disséquer correctement le concept même de « sous-utilisation » et d’offrir une critique cohérente de cette relance monétaire. Sous-utilisées, ou tout simplement inutiles ? Déconstruisons cette notion de « sous-utilisation » de ressources. Les ressources ne sont telles que dans la mesure où elles ont une valeur ou une utilité pour quelqu’un. Les ressources, à proprement parler, sont des composantes d’un vaste plan d’action entrepreneurial qui donne vie à des marchandises en plus grande quantité ou de meilleure qualité que les gens peuvent utiliser pour améliorer leur vie. Toutes les choses ne sont pas des ressources – des choses qui ne peuvent être utilisées pour améliorer la vie ne sont pas les ressources, mais seulement des objets ; des choses qui étaient autrefois des ressources, mais sont maintenant usées, obsolètes, ou ont perdu leur utilité ne sont pas les ressources, mais simplement du rebus. Le contexte compte quand nous parlons de ressources. Le simple fait qu’un bien a été produit à un moment donné et vendu à un certain prix ne signifie pas qu’il est toujours aussi précieux que ce qui était initialement prévu. Par exemple, si j’ai pris la peine d’engraisser 100 bouvillons dans l’espoir de vendre 50 tonnes de viande de bœuf, pour découvrir par la suite que tout le monde est devenu végétarien entre temps, la viande que j’ai produite, ne sera pas une ressource économiquement parlant ! Pas plus que le matériel de production de viande bovine, les outils et les connaissances dans lesquels j’ai investi, n’ont la même valeur pour moi une fois que j’ai découvert l’état véritable des préférences alimentaires des gens. Alors que certains équipements d’élevage pourraient être convertis à d’autres usages, la majeure partie – comme les barrières de contention utilisées pour soigner et marquer le bétail – est très spécifique à la production bovine et ne vaudrait pas plus que sa valeur de ferraille dans un monde où personne ne voudrait pas consommer du bœuf. Mon projet de devenir un éleveur s’est avéré une grosse erreur entraînant une perte sur investissement. Perdre sur un investissement signifie qu’un gaspillage économique a eu lieu – dans une certaine mesure, des ressources ont été transformées en rebus. Cet exemple peut sembler ridicule, mais est-il vraiment tiré par les cheveux? Il était hautement improbable que les préférences des gens allaient changer si radicalement, ou que les entrepreneurs soient si mauvais à prévoir les tendances du marché. Mais une influence externe assez forte peut induire assez d’entrepreneurs à avoir une lecture erronée de l’état réel du marché, de telle sorte qu’ils deviennent trop optimistes et investissent trop. Si, par exemple, les politiciens ont pour but de relancer l’industrie du bœuf et de promouvoir la consommation de bœuf, et lancé politique sur politique durant des décennies – un labyrinthe mêlant subventions, allégements fiscaux et crédit bon marché, ils pourraient générer un boom d’investissement en production de viande bovine. Le boom, cependant, serait destiné à se terminer dès que la politique change ou, plus probablement, que la sursaturation du marché est devenue évidente. À ce stade, avec la baisse des prix du bœuf et une capacité excédentaire de production de viande bovine désormais apparente, les forces du marché évinceront les producteurs marginaux du secteur et induiront même les grands opérateurs bien établis à réduire leur production. Quant aux ressources désormais « sous-utilisées », il faudra un certain temps et beaucoup de travail supplémentaire pour recycler les barrières de contention excédentaires, pour convertir les pâturages pour le bétail en d’autres cultures, et pour que les éleveurs réticents finissent par accepter des emplois à la ville comme laveurs de carreaux, téléopérateurs, vendeurs etc. La valeur du capital – à la fois les biens d’équipement, c’est à dire le capital physique, et les connaissances, l’expérience et la formation, c’est à dire le capital humain – dépend de manière cruciale de la façon dont il s’intègre dans la structure des demandes réelles des consommateurs et dans la structure du capital complémentaire existant ( à la fois physique et humain). C’est précisément ce type d’interdépendances entre les différents types de ressources que les économistes mainstream ont tendance à négliger. Pourtant, l’ampleur des pertes économiques révélée par la récente crise financière et la récession rend le mal-investissement (gaspillage) des ressources difficile à ignorer. Même à la Fed, certaines personnes paraissent comprendre la pertinence de la structure des ressources en capital, par opposition à de simples quantités ou des valeurs exprimées en dollars. Comme Naranya Kocherlakota, président de la Fed de Minneapolis, l’a récemment déclaré: « la Fed n’a pas les moyens de transformer la main d’œuvre du BTP en main d’œuvre d’usine … La plupart du chômage existant représente un mésappariement qui ne peut être facilement résolu par la politique monétaire. » En d’autres termes, aucune quantité de monnaie nouvellement imprimée ne changera la relation réelle d’un objet particulier de son contexte économique. Mais le terme « mésappariement » implique que des erreurs ont été commises – des erreurs d’entrepreneurs – et pose ainsi la question : qu’est-ce qui a mal tourné pour causer des erreurs si importantes en premier lieu ? Encore une fois, la théorie autrichienne du capital fournit la réponse : la Fed elle-même, avec son argent bon marché, couplé à une foule de politiques publiques du « logement abordable », a sévèrement sur-stimulé le marché de la construction de logements dans les années du boom. Le boom du logement et les ressources inutilisées Les entrepreneurs ont toujours de nombreuses options pour employer leur temps, leur travail et leur capital. Pendant le boom immobilier, l’augmentation extraordinaire des prix des logements par rapport aux coûts de construction a transformé des projets comme la construction de maisons neuves ou l’achat puis la revente d’appartements en une occasion de profit évidente. Suivant les signaux de prix, les gens ont élargi leurs investissements de manière appropriée : de jeunes entrepreneurs ont appris la gestion des biens immobiliers et de la construction, et les nouveaux travailleurs ont appris les métiers de la construction ; des sociétés de construction ont été lancées et les entreprises existantes se sont étendues, achetant des nouveaux équipements, comme les pistolets de scellement, des scies circulaires, ou des camionnettes ; en amont les fournisseurs ont de même augmenté leurs investissements dans des choses comme les cimenteries, les plantations de bois, scieries, etc. Indépendamment du fait que ces travailleurs et ces entrepreneurs étaient conscients de la nature temporaire de ce boom, induit par le crédit bon marché et par les subventions, l’attrait des prix élevés et des profits élevés s’est avéré irrésistible. Rétrospectivement, il est facile de voir comment la politique d’argent bon marché de la Fed, couplée à une série de subventions du gouvernement pour les acheteurs et les prêteurs, ont ouvert la voie à un boom insoutenable – un boom qui ne correspondait pas à la demande réelle des consommateurs à long terme et dont le crédit qui la finançait n’était pas entièrement compensé par de l’épargne réelle. Néanmoins, la flopée d’interventions politiques sur le marché du logement a orienté ces entrepreneurs pendant des années avant que la correction inévitable du marché ne se produise. Le résultat net a été que des capitaux d’investissement trop importants se sont dirigés vers la construction de maisons, et pas assez dans d’autres activités économiques – une erreur de proportion importante. La crise de l’immobilier a révélé que la plupart des investissements en capital de la période du boom – des camions de béton aux vendeurs spécialistes d’immobilier – étaient en fait des « malinvestissements » dont la valeur s’est avérée être moindre (dans certains cas beaucoup moindre) que prévu. Les ressources en capital créées pour construire des maisons sont, à des degrés divers, mal adapté à d’autres tâches. Elles seront nécessairement sous-utilisés par rapport à l’ère du boom, précisément parce qu’elles ont perdu de la valeur (utilité) à la lumière de la nouvelle réalité économique. En effet, la réalité économique dans l’effondrement du marché indique que beaucoup de ces ressources devront être réaffectées d’autres façons pour être productives, comme l’atteste le marché du logement surdimensionné. (Selon les chiffres de la National Association of Realtors, il y avait entre 1,02 et 1,77 millions de maisons en trop en Septembre sur le marché américain.) Mais cet ajustement prend du temps, et plus la ressource est spécialisée, plus longue est l’attente. Certains camions bétonniers peuvent être envoyés à l’étranger ou convertis à d’autres usages industriels, mais nombreux seront simplement mis au garage, en attendant le prochain boom, ou alors envoyés à la casse. En effet, dans certains cas, lorsqu’une ressource particulière perd de son utilité, la laisser oisive peut devenir son « utilisation » optimale. De même, la main-d’œuvre de construction peu qualifiée et excédentaire peut peut-être trouver un emploi en faisant la plonge, mais les artisans qualifiés, les ingénieurs et les gestionnaires de chantier doivent se recycler pour trouver des emplois différents qui correspondent à leurs gains de l’époque du boom. Il n’est pas surprenant que certains choisissent d’attendre (et de recevoir des prestations de chômage) plutôt que de risquer le recyclage. Pour ceux qui ont jeté l’éponge sur une carrière dans la construction, la reformation et le réemploi peuvent prendre des années. Aucune quantité de monnaie imprimée ne peut changer cette réalité. Implications pour la politique monétaire Les efforts politiques pour « stimuler » l’activité économique vont nécessairement modifier la structure du capital de l’économie. La relance publique pour le secteur Z détourne nécessairement les ressources que le marché aurait fournies aux secteurs A à Y. Même une relance non-spécifique, si tant est que cela soit possible, ne relancera que la mode d’investissement du jour : une politique publique « neutre » n’existe pas. L’implication politique majeure de la théorie autrichienne du capital est que toute tentative visant à relancer l’économie, en stimulant le mal-investissement, condamne des ressources à devenir superflues. D’un point de vue statistique cela peut ressembler à une sous-utilisation ; d’un point de vue économique cependant, cela est tout simplement le gaspillage résultant de trop nombreux plans d’investissement qui ont mal tourné. Tenter de remédier au gaspillage par une relance de plus ne fera qu’exacerber le problème : davantage de relance, davantage de mal-investissement, davantage de ressources gaspillées. Alors, que doivent faire les sages et généreux planificateurs centraux de la politique monétaire ? De manière ironique, la politique monétaire optimale est de ne pas en avoir ! Mais de laisser le processus de marché concurrentiel fonctionner pour la monnaie et de crédit comme ils le font pour d’innombrables autres produits. Si nous devons avoir une banque centrale, la politique idéale est simple: d’abord, ne pas nuire en s’abstenant de sans cesse trifouiller les taux d’intérêt et la masse monétaire dans une tentative de relance perpétuelle. En dépit de la logique séduisante des médecins keynésiens, imprimer de la monnaie tient du charlatanisme breveté, et fait plus de mal que de bien au patient. Cet article de Tyler Watts est paru initialement en anglais dans The Freeman. Tyler Watts enseigne l’économie à Ball State University aux USA. Repris d’Unmondelibre avec l’aimable autorisation d’Emmanuel Martin. http://www.contrepoints.org/2010/11/26/7852-le-mythe-des-ressources-sous-utilisees _________________ "Les désastres nous enseignent l'humilité" Saint Anselme de Canterbury « N’attendre de l’État que deux choses : liberté, sécurité. Et bien voir que l’on ne saurait, au risque de les perdre toutes deux, en demander une troisième. » Frédéric Bastiat Pensez à visiter mon blog : http://www.historionomie.com
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