Je n'ai lu que des extraits des écrits de Massignon, mais j'ai lu les ouvrages de personnes qui dénoncent sa récupération dans le dialogue interreligieux avec l'islam.
Certains (comme le SRI) pensent que la mystique de Massignon est un pont entre les deux religions, alors que d'autres (comme l'islamologue Marie-Thérèse Urvoy) pensent qu'elle est un "cheval de Troie" à l'islamisation des catholiques.
Massignon était fasciné par les courants de pensée tournant autour de l'idée de la "réversibilité des mérites" développée au 19e siècle dans les romans de Léon Bloy et Huysmans (lui-même influencé par le sataniste et prêtre défroqué Boullan).
Cette "réversibilité des mérites" permettrait de sauver des âmes en souffrant (ce qui ressemble au processus "co-rédempteur" de vrais mystiques chrétiens), mais cela va encore plus loin, en faisant le mal soi-même, voir en participant à des messes noires !
(A ce sujet , le livre à paraître en novembre : Les enlumineurs de cauchemars de Damien Saurel, éditions Docteur angélique)
Massignon inventa le terme de "substitution" (badaliya en arabe) qui est le coeur de sa mystique.
Les chrétiens sont donc, pour lui, appelés à s'offrir, par compassion, en victimes pour sauver les musulmans,
indépendamment de toute rencontre avec le Christ.
A partir de là, il n'est plus nécessaire d'annoncer la Bonne Nouvelle aux musulmans.