Jésus en agonie jusqu'à la fin du monde...

Saint Léon le Grand écrivait que Jésus est en agonie jusqu'à la fin du monde. Manière de dire que les évènements dont le Triduum pascal constitue le mémorial, ont à la fois une dimension historique, celle dont témoignent les Apôtres, et une dimension transhistorique, qui permet à chacun d'entre nous de dire : "Je regarde celui que j'ai transpercé", "C'est moi qui l'ai crucifié".

Si le Christ est en agonie jusqu'à la fin du monde, ce que saint Luc entend clairement nous montrer dans son récit de Gethsémani, alors il faut en conclure que Jésus vit sa Passion et sa Pâques jusqu'à la fin du monde, et qu'Il est, en quelque sorte, simultanément en agonie, crucifié, aux enfers et ressuscité.
Ce qui, d'ailleurs, explique pour quoi la mystique latine est riche de configurations au Christ agonisant et crucifié (l'Eglise latine a été instituée, semble-t-il, gardienne de cet aspect) et la mystique orthodoxe riche de configurations au Christ ressuscité, ainsi par exemple les transfigurations de saint Silouane (et l'Eglise orthodoxe a été instituée gardienne de cet autre aspect). Jésus est à la foi agonisant, crucifié et ressuscité.

Dès lors, la logique incline à penser qu'il est également "aux enfers" jusqu'à la fin du monde. Dans ses catéchèses christologiques, Jean-Paul II explique que "les enfers" désignent la mort, le "schéol" des hébreux, et non l'état de damnation qu'est l'enfer.
En y descendant par sa mort, le Christ ouvre un Chemin à l'intérieur de ce Shéol, un chemin qui conduit au Père en vertu de sa Résurrection. Il est Lui-même ce chemin. Et si Jésus est aux enfers jusqu'à la fin du monde, s'Il est présent au Schéol jusqu'à la fin du monde comme il est en agonie et crucifié jusqu'à la fin du monde, alors voilà la confirmation de la théologie de l'heure de la mort établie par simple prolongement d'une certitude mystique présente dès les premiers temps de l'Eglise : le caractère transhistorique des évènements pascals...

Qu'en pensez-vous ?

Citation :

alors voilà la confirmation de la théologie de l'heure de la mort établie par simple prolongement d'une certitude mystique présente dès les premiers temps de l'Eglise : le caractère transhistorique des évènements pascals...

C'est vrai que c'est fort.

Mais je mettrais cette objection:

Le Christ n'est pas REELLEMENT mais MYSTIQUEMENT en agonie jusqu'à la fin du monde. Il ne souffre plus lui-même, comme personne, mais à travers nous ses membres chéris.

Alors que Jésus revient REEELLEMENT, selon moi, à l'heure de notre mort, lors de notre passage dans le shéol. Il se montre dans sa gloire et de nos yeux nous le voyons.

Comment distinguer ces deux mystères?

Qu'en pensez-vous?

L'Ecriture nous enseigne que les Douzes sont établis juges d'Israël, et également que les saints jugeront le monde.

N'y aurait-il pas la une piste de réflexion ?

Olivier JC a écrit:

L'Ecriture nous enseigne que les Douzes sont établis juges d'Israël, et également que les saints jugeront le monde.

N'y aurait-il pas la une piste de réflexion ?

Il ne revient pas seul mais accompagné des saints et des anges. N'est ce pas cela?

Il me semble que l'Ecriture va plus loin que cela. Elle ne dit pas que Jésus va revenir avec les saints, mais en quelque sorte, que les saints vont revenir en Jésus.

Jésus est notre juge. Mais les saints sont aussi les juges.

Plus exactement, il faudrait donc dire que le retour de Jésus est nécessairement le retour de tous ceux qui sont membres du Christ, les saints. Là où est le Christ, là sont les saints, et là où sont les saints, là est le Christ. L'emploi du terme "avec" ne me semble pas rendre justice à ce que nous enseigne l'Ecriture.

Dès lors, si Jésus est en agonie jusqu'à la fin du monde en son Corps mystique, on pourrait envisager la possibilité qu'il en va de même concernant "les enfers".

Dès lors, à l'heure de la mort, ce n'est pas le Christ accompagné des saints qui se manifestent, mais les deux ensembles et l'un dans l'autre, si l'on peut dire. Ou, pour dire les choses autrement, il s'y manifeste avec son Corps mystique.

Ou bien, on peut regarder les choses autrement. Puisque le Christ a ouvert le Schéol, qu'il en a "déchiré le plafond", celui qui meurt, "levant les yeux", aperçoit le Christ à travers la déchirure des Cieux, qui l'appelle à le suivre.

Qu'en pensez-vous ?

Citation :

Dès lors, à l'heure de la mort, ce n'est pas le Christ accompagné des saints qui se manifestent, mais les deux ensembles et l'un dans l'autre, si l'on peut dire. Ou, pour dire les choses autrement, il s'y manifeste avec son Corps mystique.

Ou bien, on peut regarder les choses autrement. Puisque le Christ a ouvert le Schéol, qu'il en a "déchiré le plafond", celui qui meurt, "levant les yeux", aperçoit le Christ à travers la déchirure des Cieux, qui l'appelle à le suivre.

Oui, je suis d'accord. Ils font un. C'est comme une famille, même si, concrètement, selon la vie de chacun, je pense que certains saints sont plus mis en avant que d'autres, le tout étant d'attirer vers le Ciel.