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 Béatification de Jean-Paul II : Entretien avec Mgr Slawomir Oder

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MessageSujet: Béatification de Jean-Paul II : Entretien avec Mgr Slawomir Oder   Béatification de Jean-Paul II : Entretien avec Mgr Slawomir Oder Empty10/4/2011, 21:17

Béatification de Jean-Paul II : Le trésor le plus précieux du procès (I)

Entretien avec Mgr Slawomir Oder


ROME, Mardi 5 avril 2011 (ZENIT.org) - La question du Christ à Pierre - et à ses Successeurs - "M'aimes-tu?" est la « clef » de lecture du pontificat de Jean-Paul II, et « le trésor le plus grand » qu'a mis en lumière le procès de béatification, indique le postulateur de sa cause de béatification et de canonisation, Mgr Slawomir Oder, que deux journalistes de Zenit ont rencontré à Rome, au siège de la postulation, au palais du Latran. Voici le premier volet de cet entretien en forme de triptyque sur le procès de béatification, le pontificat, et la préparation à la béatification.

Zenit - En tant que prêtre, comment avez-vous vécu ce « procès » ? Ce fut une croix ou une joie ?

Mgr Oder - Dans la perspective de Pâques, la croix est toujours le prélude à la joie, et d'autre part, il n'y a jamais de joie, comme nous l'enseigne - encore dimanche dernier - la transfiguration de Jésus : il n'y a pas de vraie joie qui ne doive passer par la croix.

La charge qui m'avait été confiée avait ses aspects pascals, en particulier parce qu'elle s'est ajoutée au travail que je fais ordinairement en tant que vicaire judiciaire, qui s'ajoute à l'activité pastorale que j'ai comme recteur d'une église et en tant qu'aumônier d'un institut de sœurs.

Ainsi, tant de choses se sont ajoutées ces cinq dernières années et elles ont rempli mes journées. Et puis, bien sûr aussi, le procès lui-même présentait des éléments qui imposaient un gros effort, une grande implication y compris au niveau émotionnel. Les moments de difficulté n'ont donc pas manqué.

« Santo subito » a demandé la foule le jour de ses funérailles mais le pape Benoît XVI a dit en quelque sorte : « Non, faisons un procès normal ». Ensuite, les gens ont eu du mal à comprendre parce que l'on a parlé de « voie préférentielle » ou « d'accélération ». Le procès a-t-il été « normal » ?

Oui, absolument. La seule dispense qu'a obtenu la cause est la dispense d'attendre les cinq ans avant d'ouvrir le procès. Mais le procès lui-même s'est déroulé dans le plein respect des normes canoniques, avec tous les critères des autres procès canoniques : dans ce sens, il n'y a pas eu de vraie dispense, de voie préférentielle. Mais ce que l'on peut dire, c'est que la praxis de la congrégation est de faire avancer des causes qui, après l'héroïcité des vertus, ont déjà un « miracle », mais ce sont deux procès différents.

Le procès se déroule normalement ainsi : l'enquête diocésaine, puis la documentation est transmisse à la Congrégation pour les causes des saints, où l'on prépare la « positio ». La « positio » peut être confiée à la discussion théologique et ensuite aux cardinaux, à partir du moment où s'ouvre déjà la perspective du procès. Ou bien la « positio » attend, parce qu'on attend le « miracle ».

La « positio » de Jean-Paul II a avancé et elle a été soumise immédiatement à la discussion des théologiens et des cardinaux parce que le miracle qui devait « accréditer » la cause est survenu très tôt. Et le procès sur le miracle a été déposé à la Congrégation pour les causes des saints la veille du procès sur les vertus et ceci a en quelque sorte permis d'avancer immédiatement.

Combien de temps s'est-il écoulé entre la mort de Jean-Paul II, le 2 avril 2005, et la présentation du miracle ? Et quand a-t-il été reconnu ?

Le miracle reconnu comme tel a eu lieu le 2 juin 2005. Et le procès diocésain s'est achevé le 2 avril 2007, celui sur le miracle a été présenté la veille de la clôture du procès diocésain.

D'autres « miracles » présumés avaient été présentés ? De quels pays ?

Il y a eu de nombreuses grâces présentées et des miracles présumés. Certains ont été approfondis, c'est la praxis. Parce qu'avant de faire une étude sur le miracle, il y a une étude préliminaire qui, d'une certaine façon, est une garantie pour le procès lui-même. Nous avons approfondi certains cas, dont les prémisses étaient bonnes, mais les enquêtes n'ont pas été lancées étant donné l'enquête sur celui qui avait été choisi.

Un autre cas est survenu en France, d'autres notamment aux Etats-Unis, en Allemagne et en Italie.

Et puis il y a eu une discussion médiatique sur le fait qu'il y ait eu ou non guérison inexplicable pour le cas retenu... Il y a eu besoin d'un nouvel approfondissement médical ?

C'est difficile d'en parler parce que cela a été tout un montage médiatique ! Mais c'est une chose normale, dans les procès sur le miracle, que l'on mène une enquête et que le matériel soit ensuite soumis à l'étude des médecins et il est évident qu'un médecin peut demander une nouvelle élucidation, quelque document, quelque analyse supplémentaire : c'est une chose tout à fait normale dans ce cas. On a fait toutes les enquêtes considérées comme opportunes par les médecins impliqués dans le procès.

Donc, il n'y a pas eu l'ombre d'un doute ?

(Rires)

Vous me posez des questions auxquelles je ne peux pas répondre, parce qu'elles sont couvertes par le secret du procès, et ensuite parce que je n'ai pas connaissance de ces détails : je ne fais pas partie des médecins !

Vous avez découvert des choses que vous ne saviez pas de Jean-Paul II ? Etait-il en privé très différent de l'homme « public » ?

Il est clair que le procès a été une très belle aventure parce que l'on ne connaît jamais une personne à fond. Et aussi parce que tant d'aspects concernent les détails de sa vie, ses activités, ses contacts avec les personnes. Je dirais que c'est une aventure que l'on pourrait faire avec toute personne, qui est un monde en elle-même. Mais pour ce qui est ressorti du procès de béatification, il n'y a pas eu de choses "étonnantes", dans ce sens qu'effectivement le Wojtyla que nous avons connu était le vrai Wojtyla, tel qu'il était vraiment. Il n'y a pas de dédoublement, mais une transparence parfaite du personnage, même si évidemment, le procès a mis en lumière de nombreux aspects de sa personnalité.

Il y a un aspect que vous ne connaissiez pas qui vous a davantage frappé ?

La chose qui m'a étonné, l'aspect le plus important, c'est la découverte de la source, de l'origine de cette activité extraordinaire, de cette générosité dans l'action, de la profondeur de sa pensée, c'est le rapport au Christ. Il en est ressorti un mystique, sûrement. Un mystique, dans ce sens : un homme qui vit en présence de Dieu, qui se laisse guider par l'Esprit Saint. C'est un dialogue constant avec le Seigneur qui fait lire sa vie avec cette question clef: "M'aimes-tu?" Sa vie est la réponse à cette question essentielle du Seigneur. Je pense que c'est là le trésor le plus grand de ce procès.

(à suivre)

Propos recueillis par Anita Bourdin et Sergio Mora

Avec le collaboration d'Isabelle Cousturié

http://www.zenit.org/article-27514?l=french
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MessageSujet: Re: Béatification de Jean-Paul II : Entretien avec Mgr Slawomir Oder   Béatification de Jean-Paul II : Entretien avec Mgr Slawomir Oder Empty10/4/2011, 21:18

Jean-Paul II : De l’élection à la grande retraite de la fin de sa vie (II)

Entretien avec le postulateur de la cause, Mgr Slawomir Oder


ROME, Mercredi 6 avril 2011 (ZENIT.org) - La question du Christ à Pierre - et à ses Successeurs - « M'aimes-tu ? » est la « clef » de lecture du pontificat de Jean-Paul II, et « le trésor le plus grand » qu'a mis en lumière le procès de béatification, indique le postulateur de sa cause de béatification et de canonisation, Mgr Slawomir Oder, dans cet entretien à Zenit. Voici le deuxième volet de cet entretien en forme de triptyque sur le procès de béatification, le pontificat, et la préparation à la béatification (Pour la première partie, cf. Zenit du 5 avril)

Zenit - Du fait de cette vie mystique, est-ce que Jean-Paul II ne se trouvait pas « seul », bien qu'il ait été un grand communicateur ?

Mgr Oder - La rencontre avec le Seigneur est toujours un chemin solitaire. Il est clair que nous sommes soutenus par l'Eglise, par nos frères dans la foi, mais ensuite, chacun doit faire le chemin. Très souvent, les personnes racontent qu'elles percevaient clairement qu'elles se trouvaient en présence d'un moment, pourrait-on dire, « d'extase mystique » dans laquelle il était en dialogue profond avec le Seigneur et que la seule chose que l'on pouvait faire était de se retirer et de le laisser vivre ce moment.

Comment portait-il les souffrances du monde ?

Voyez-vous, un homme d'une si grande sensibilité ne pouvait pas être indifférent devant les souffrances du monde. Pratiquement, nous l'avons vu, il était très vigilant, attentif à tout ce qui se passait dans le monde. Il ne craignait pas de hausser la voix et de dire aussi les choses qui n'étaient pas selon le mode de penser commun. Il suffit de penser à son appel fervent à la paix à la veille du conflit du Golfe, lorsqu'il disait : « J'appartiens à la génération qui a connu la guerre ». C'étaient des paroles très fortes. Sûrement, cette pensée n'était pas « politiquement correcte » ! Voilà comment il réagissait.

Il a aussi certainement toujours eu dans le coeur la pensée du génocide silencieux qui se produit par l'avortement. La question de la richesse de la vie humaine depuis sa conception, cela oui, c'était sûrement une croix et une douleur constantes dans sa vie.

Jean-Paul II a manifesté publiquement sa colère devant l'objectif des télévisions, une fois pour défendre la famille, et une fois à propos de la mafia, en Sicile. Parce que ce qui est en jeu, c'est la vie humaine ?

Certainement, parce que c'est la vie, mais aussi la vérité sur l'homme. C'est un pape qui a envisagé son pontificat en clef humaniste, au sens évangélique. Sa première encyclique « Redemptor Hominis », donne la juste perspective pour comprendre le caractère central de l'homme mais un homme qui place au centre de son existence le Christ lui-même, et donc un humanisme chrétien. Sa préoccupation pour la vie humaine - dans toutes ses dimensions -, partait du concept chrétien qu'il avait de la vie pour laquelle le Sauveur a donné sa vie.

Les autorités polonaises, toute la Nomenklatura, n'ont pas vu arriver Jean-Paul II... Ils n'ont pas compris...

Ils le craignaient. On en a des traces dans les documents des services secrets polonais qui parlent du danger représenté par Karol Wojtyla. Il était dangereux parce qu'il était un intellectuel sublime, un homme de dialogue, du point de vue moral il était irréprochable. Justement pour cela, il était dangereux. Parce qu'il était un homme d'un bloc : un bloc d'homme de Dieu, un homme de dialogue, d'ouverture, intellectuellement absolument préparé, supérieur. Et, oui, ils le craignaient. Mais je pense que comme toujours le Seigneur est plus grand. Le malin faisait ses calculs, Dieu aussi. Karol Wojtyla n'a pas échappé à l'attention des communistes.

Certes, il craignaient peut-être davantage le cardinal Wyszynski parce que, justement, c'était un homme différent. Et dans le monde, où il se plaçait face à l'autorité, il était différent. Et pourtant, la Providence a conduit l'histoire de Wojtyla de cette façon-là.

Je me souviens, lorsqu'il a été élu, de l'embarras des journalistes, qui ne savaient pas comment transmettre cette nouvelle pourtant vitale pour la Pologne. Ce fut l'une des informations parmi d'autres au cours du journal télévisé. Mais ils ont été obligés d'annoncer cette nouvelle.

Et puis je me souviens du premier voyage qu'il a fait, c'était bouleversant ! Ils ne savaient pas comment l'inviter, qui devait l'inviter. Il était invité par l'Eglise mais aussi hôte du gouvernement. Ils ont trouvé un subterfuge diplomatique pour le faire venir, parce que lui, de toute façon, en tant que Polonais, il pouvait revenir. Il l'a voulu et il est revenu pour apporter vraiment le ferment de la révolution de l'Esprit. Au cours de ce premier voyage, on a vu comment les media polonais ont été manipulés. Lorsqu'on voit les prises de vue de la transmission, on n'aperçoit que le premier plan du pape ou quelque personne âgée, sans voir les millions de personnes qui entouraient le pape : pas de jeunes, pas de familles.

Et cette élection a retardé votre l'ordination !

Oui, c'est vrai, c'était une période où j'étais en train d'évaluer ma réponse au Seigneur, que j'entendais dans mon cœur. Mais il me semblait un peu trop risqué de jouer toute ma vie sur cette vague d'enthousiasme, si forte, qui traversait la Pologne. C'est pourquoi j'ai préféré attendre un peu que les eaux se calment, et faire un discernement encore plus profond. Mais le Seigneur s'y est retrouvé !

Lorsque Jean-Paul II est élu, l'Eglise doit affronter une série de problèmes qui semblent sans issue : la théologie de la libération, la question de Mgr Lefebvre, etc. A la fin du pontificat, on se rend compte de tous les pas faits...

Oui, sûrement, ce fut un pape qui a apporté à son ministère pétrinien une grande énergie : c'était un pape jeune. C'était aussi un pape habitué à vivre une situation de confrontation avec l'hostilité vécue par l'Eglise en Pologne, face au communisme. Un pape très préparé, intellectuellement et culturellement, scientifiquement, un pape d'une grande sensibilité, esthétique même, attentif à tant de valeurs.

Et lui, il a su redonner de la fraîcheur à l'Eglise, en se référant toujours à la fraîcheur de Vatican II. Il est le pape qui a mis en œuvre et transmis la pensée du concile Vatican II. Et dans ce sens, il a fait tant de pas, il a entrepris tant d'activités qui ont pu fortifier la barque de l'Eglise. Il y a certainement eu un renouveau de la foi, de l'enthousiasme évangélique.

Il était pape parce qu'évêque de Rome : comment a-t-il vécu cette dimension ?

Son séminaire, comme il l'appelait, parce qu'essentiellement il a apporté ses sentiments d'archevêque de Cracovie, il se sentait très « évêque de Rome ». Et il le redisait souvent : je suis pape parce que je suis évêque de Rome. Et cela manifeste sa façon d'envisager son pontificat. Il a toujours maintenu cet intérêt particulier pour son diocèse, comme en témoignent ses visites pastorales. Et son rapport avec le séminaire romain.

Dans cette préoccupation, il manifeste sa paternité spirituelle. Il a aussi parlé de l'importance de son père : n'était-il pas une figure extraordinaire ?

Absolument. Voyez-vous, en regardant cette famille, on constate comment le Seigneur a travaillé. Jean-Paul II disait toujours que son père a été son premier maître de spiritualité, son premier guide dans la vie spirituelle, le premier séminaire qu'il ait fait. Il avait cette image de son père, de ce militaire, de ce soldat, qui s'agenouillait et priait devant l'icône de la Vierge. Ce sont des choses qui restent dans le cœur d'un jeune. Un homme qui avait accompagné son enfant en le tenant par la main en pèlerinage à Czestochowa et à Kalwaria Zebrzydowska. Il l'a initié à la prière. Mais il y a aussi la figure de son frère médecin, Edmund, lui aussi, une figure peu commune. Il s'est mis complètement au service de la charité, et il l'a payé de sa vie.

Il a béatifié les époux Quattrocchi et voulait la béatification des parents de sainte Thérèse de Lisieux, Louis et Zélie Martin. Pensez-vous que c'est de sa famille qu'il a reçu ce sens que des époux peuvent être béatifiés ?

Il a sûrement eu un exemple extraordinaire dans sa propre vie. Et en tous cas, il a donné des signes très clair qu'il était convaincu de ce qu'affirme le concile Vatican II, à savoir la vocation universelle à la sainteté de tous les chrétiens, et avec ces béatifications et canonisations, qui balayent tous les milieux de l'Eglise, il a donné un signe tangible que c'est possible pour tous.

Vers la fin du pontificat, comment a-t-il vécu la révélation du scandale de la pédophilie de la part de prêtres ?

Il suffit de penser à sa réaction lorsque le problème s'est présenté : la convocation des évêques américains à Rome pour affronter le problème. C'est pourquoi ces situations douloureuses qu'il venait à connaître directement le poussaient, avec détermination, à donner des réponses adéquates.

C'est lui qui a promulgué les nouvelles règles concernant ce type de crimes, comme un instrument juridique pour résoudre ces situations.

Il y a eu un cas très douloureux, celui du Père Marcel Maciel Degollado, fondateur des Légionnaires du Christ, à la fin de son pontificat...

Nous avons fait toutes les enquêtes qui, naturellement, visaient à approfondir ce cas très douloureux pour l'Eglise, qui a explosé, concrètement, après la mort de Jean-Paul II. Mais on doit se souvenir que les enquêtes ont été mises en route durant son pontificat. Et en tous cas, il ressort des enquêtes que nous avons menées et de la documentation, que l'on peut exclure toute implication personnelle du Saint-Père dans cette affaire, dans le sens où, effectivement, sa connaissance, au moment de sa mort, ne dépassait pas la connaissance commune.

Pour le pape, cela a dû être une grande souffrance : c'était une épreuve dans la maison, pas comme le communisme qui était un ennemi extérieur ?

Vous avez vous-même donné la réponse, au moins lorsqu'il avait connaissance de ces crimes. Nous devons nous souvenir que la gravité et l'ampleur de certaines situations n'ont été connues qu'avec le temps. Il n'avait pas même connaissance de certaines d'entre elles. Ou au moins de toute la profondeur et de toute la gravité de la situation. En tous cas, face aux situations d'une certaine gravité, qui le touchaient personnellement, du fait des décisions et des mesures à prendre, il utilisait les instruments dont il disposait, à côté de ceux que lui imposaient sa charge et son pouvoir de gouvernement dont il usait. En tant que prêtre, il jeûnait, il priait et il se mortifiait. Tels sont les instruments que l'on a face aux situations qui ne dépendent pas de nous, mais dans lesquelles nous ne pouvons répondre qu'en augmentant le bien qui s'oppose à la réalité du mal.

Ses sacrifices étaient évidents dans sa vieillesse, mais lorsqu'il était plus jeune ?

La souffrance causée par la maladie a été un aspect qui, à la fin de ses jours, est devenue quasi une icône de son pontificat, mais ce n'était pas la seule dimension de la mortification dans sa vie.

Dès sa jeunesse il a été initié à la spiritualité carmélitaine. Il était fasciné par le Carmel, au point que lorsqu'il était jeune, il avait pensé à une vocation carmélitaine. Il était fasciné par saint Jean de la Croix, sainte Thérèse, sainte Thérèse de Lisieux, et c'est ainsi que les pratiques de pénitence personnelle faisaient partie de sa vie. C'est un aspect que personne ne connaissait, que nous n'avons connu que dans le contexte du procès et je me souviens que cela en a bouleversé beaucoup, lorsqu'on en a parlé. Et pourtant, c'est cela qui a été un signe de sa foi profonde, de sa vie spirituelle.

Ce sont les personnes les plus proches qui l'on fréquenté quotidiennement qui se sont rendu compte de cela.

A propos de la souffrance, dès le début de son épiscopat à Cracovie, l'archevêque Wojtyla a écrit une lettre aux malades pour confier son ministère à leur intercession. Est-ce que c'est aussi une clef de la fécondité de ce pontificat : non seulement le pape malade qui participe à la croix, mais qui s'appuie sur toutes les souffrances offertes dans l'Eglise ?

Oui, absolument, mais c'est là le sens chrétien de la souffrance. Non seulement il a confié aux malades son ministère d'évêque de Cracovie, mais à l'époque des débats du concile Vatican II, il demandait leur soutien aux malades pour la bonne réussite du concile. Il les faisait participer à cet événement extraordinaire. Je pense que la lettre « Salvifici Doloris » met en perspective cette vision de Jean-Paul II sur le sens chrétien de la souffrance, même lorsqu'elle parle de la souffrance du Christ, mais aussi lorsqu'elle parle de l'Evangile du Bon samaritain qui est écrit pratiquement autour de cette réalité de la souffrance.

Et il a voulu, au terme du Jubilé de l'An 2000, une Fondation du Bon Samaritain pour les malades du sida...

Il faut aussi rappeler que pour ce qui concerne le monde de la souffrance, c'est lui qui a créé le Conseil pontifical pour la pastorale de la santé.

Jean-Paul II a en quelque sorte fait « scandale » dans ce sens où, à une époque marquée par la peur de vieillir, de ne plus être efficace, il a porté sa maladie jusqu'au bout, sans vraiment la cacher. C'était audacieux. Et des milliers de personnes sont ensuite accourues Via della Conciliazione : qu'est-ce qui, dans Jean-Paul II âgé, a le plus frappé les foules ?

C'est cette incapacité de parler, lorsqu'il est resté muet, qu'il ne pouvait plus rien dire, mais persévérait simplement, restait, exprimait sa proximité, son amour son « me voici » devant le Seigneur, sans cacher cela. Et là, vraiment, peut-être, il nous a fait faire la retraite spirituelle la plus grande, simplement en tant que témoin. Parce qu'il a porté de façon très sereine cette réalité qui fait partie de l'expérience humaine, nous pouvons dire que c'est une perspective de la vie chrétienne, la souffrance et la mort aussi font partie de la vie, naturellement, comme un passage. Mais lui, par ce témoignage, par le fait qu'il n'avait pas honte, a redonné espérance à tant de personnes, surtout aussi leur dignité aux personnes, qui, si souvent, sont marginalisées, enfermées, et cachées, comme une honte, parce qu'elles sont porteuses d'une maladie, de la vieillesse.

Nous sommes dans une civilisation qui veut en quelque sorte, exorciser la mort, comme aux Etats-Unis où il existe toute une industrie pour embellir la mort, pour qu'elle n'apparaisse pas comme la mort. Lui, il a avancé avec ces signes de souffrance, de l'approche de la mort, en faisant comprendre que c'est une saison de la vie.

(à suivre)

Propos recueillis par Anita Bourdin et Sergio Mora

Avec la collaboration d'Isabelle Cousturié

http://www.zenit.org/article-27522?l=french
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MessageSujet: Re: Béatification de Jean-Paul II : Entretien avec Mgr Slawomir Oder   Béatification de Jean-Paul II : Entretien avec Mgr Slawomir Oder Empty10/4/2011, 21:19

Pour Mgr Oder, « Jean-Paul II est un don pour l’humanité » (III)

Entretien avec le postulateur de la cause de béatification


ROME, Jeudi 7 avril 2011 (ZENIT.org) - « Jeunes, soyez exigeants avec vous-mêmes » : cette recommandation de Jean-Paul II aux jeunes d'hier, d'aujourd'hui et de demain est l'un des messages que ceux qui l'ont connu auront à transmettre aux nouvelles générations, fait observer le postulateur de sa cause, Mgr Slawomir Oder, dans ce troisième volet de cet entretien à propos de l'après béatification. Car pour Mgr Oder, « Jean-Paul II est un don pour l'humanité » (Pour la première partie de l'entretien, cf. Zenit du 5 avril, pour la deuxième partie Zenit du 6 avril).

Zenit - Mgr Oder, vous vous sentez au chômage maintenant ? Ou la cause de canonisation continue-t-elle tout de suite avec un miracle présumé déjà documenté ?

Mgr Oder (en riant) - Comme je l'ai déjà dit, ce travail de la postulation s'ajoute aux autres choses, et je ne pense donc absolument pas être au chômage ! En tous cas, oui, maintenant, on prépare la béatification, ce qui, naturellement, implique aussi la figure du postulateur pour certains aspects. Et puis, oui, le mandat que le cardinal vicaire m'a confié est un mandat pour le procès de béatification et de canonisation. Et cela veut dire qu'une fois l'étape de la béatification atteinte, le procès continue, jusqu'à son accomplissement par la canonisation.

Comment se préparer à participer à la béatification ?

C'est sûr que ce temps qui nous est donné - comme tout le temps du procès de béatification - a été pour moi personnellement un temps de retraite spirituelle qui m'a permis d'approfondir à la fois les raisons de ma foi et l'enthousiasme de ma réponse à l'appel du Seigneur à être prêtre, parce que ce fut une rencontre splendide avec un exemple de prêtre réalisé, accompli, heureux, qui a donné sa vie pour le Christ et pour l'Eglise. Et je pense que ce temps dont nous disposons maintenant coïncide heureusement avec le temps du carême : faisons notre chemin spirituel, notre chemin de conversion, notre chemin d'approfondissement de la foi et de l'amour du Christ, pour vivre vraiment une expérience particulière avec la Pâque du Seigneur, qui, d'une certaine façon, se prolongera par cet événement de la béatification. En fin de compte, la Pâque du Seigneur est la référence pour la vie de tous les chrétiens et doit se réaliser dans la vie de chacun de nous. La conclusion de la vie chrétienne, cette Pâque heureuse, est, justement, l'arrivée à la sainteté, arriver au Ciel. Jean-Paul II est un témoin splendide de cette Pâque.

Le pape Jean-Paul II a parlé de la miséricorde comme en quelque sorte son héritage spirituel. Qu'est-ce qu'il entendait par miséricorde ?

Il y a de très nombreuses interventions de lui sur la miséricorde, la magnanimité, la capacité d'imiter la grandeur de l'amour de Dieu qui se penche sur l'homme faible et fragile. Lui-même disait que le pardon - et cela, il l'a dit dans la lettre qu'il pensait publier, la lettre ouverte à Ali Agça après l'attentat, et qui ensuite n'a pas été publiée - il disait que le pardon est le fondement de tout vrai progrès de la société humaine. La miséricorde, essentiellement, signifie la compréhension pour la faiblesse, la capacité de pardonner. Cela signifie aussi l'engagement à ne pas recevoir en vain la grâce que le Seigneur donne, mais produire dans sa vie des fruits dignes de qui a été « grâcié », et revêtu de la miséricorde de Dieu.

Il voyait dans le pardon aussi un instrument politique, un moteur de l'histoire des Nations ?

Oui, absolument, parce qu'il avait une vision chrétienne - théologique - de l'histoire, où tout ne peut pas être réduit à un simple jeu économique ou politique, où les éléments d'humanité - la compassion, la compréhension, le repentir, le pardon, l'accueil, la solidarité, l'amour -, deviennent des élements fondamentaux pour faire une vraie politique de Dieu.

La Pologne s'est sentie en quelque sorte orpheline lorsqu'il nous a quittés. Il est maintenant redonné à tous comme bienheureux : quel est l'impact de la béatification sur l'Eglise de Pologne ?

C'est sûr, pour la Pologne, il a été une pierre miliaire de notre histoire, et c'est un moment très fort, très important, mais Jean-Paul II n'est pas un « phénomène polonais ». C'est quelque chose d'extraordinaire qui m'a beaucoup frappé, et qui est l'un des éléments du charme de Jean-Paul II : il n'avait pas peur de parler de sa patrie, de son histoire, d'user sa langue, de s'identifier avec la religiosité populaire de la Pologne, de parler de ses compatriotes. Et donc cet homme qui ressentait si fortement l'appartenance à sa Nation, a su aussi être un don pour les autres : Jean-Paul II est un don pour l'humanité. La Pologne n'a pas été la seule à le pleurer - elle s'est réjouie d'abord, ensuite, elle a pleuré -. Il suffit de penser au Mexique, mais pas seulement..., le monde entier ! Il est vraiment devenu un don pour l'humanité. Sa grandeur, c'est justement cela : tout en gardant son identité, il a su communiquer un souffle universel, accueillir les gens du monde entier. C'est là un aspect qu'il me semble très important de souligner : lié et en même temps libre. Et c'est peut-être parce qu'il était tellement authentique dans l'amour de sa patrie qu'il a su donner aussi une forte incitation pour que chacun puisse reconnaître son identité, son histoire, ses racines, et, d'une certaine manière, y apporter la réalité de l'humanité, de l'Eglise, cette richesse, pour créer une qualité nouvelle, un sentiment d'être tous enfants de Dieu, ou de se sentir tous frères.

Et un second aspect concerne aussi la Pologne : je dois dire que j'ai été très édifié au moment de l'élection du pape Benoît XVI. Place Saint-Pierre, parmi la foule, il y avait de très nombreux Polonais venus aux funérailles et restés parce que pendant toutes ces années, pour nous, les Polonais, Rome était devenue comme pour Jean-Paul II, un peu une seconde patrie, et justement grâce à l'esprit romain, qui est si hospitalier, généreux. Au moment de l'élection, la foule a crié dans les deux langues, en italien, « Viva il Papa » et en polonais : « Niech żyje Papież ». Vraiment, cela m'a fait comprendre la foi de ces personnes, de cette Eglise. Elle avait vraiment grandi, mûri, aux côtés de ce grand Pape qui a su vivre son ministère avec une personnalité aussi forte, aussi charismatique, et en même temps, qui a su donner sa juste valeur à sa charge, à Pierre vicaire du Christ. Et donc, lui n'était plus, mais il y avait l'Eglise, Pierre, le nouveau pape, un pape allemand, et la foule acclamait en polonais et en italien : « Vive le Pape ». Pour moi, c'est une chose magnifique.

Lorsqu'il a convoqué les jeunes pour la Journée mondiale de la jeunesse, il y avait des méfiances ?

Mais ce n'était la méfiance ni du Pape ni des jeunes mais de qui pensait à la façon ancienne. Lui, pensait de façon très moderne. C'était un prêtre qui sentait cela. Il a dit que le don du sacerdoce est « un mystère » et que le prêtre ne doit pas chercher à être « à la mode », parce qu'il est toujours à la mode, il est toujours à jour, parce que celui que le prêtre représente c'est le Christ, et le Christ est toujours le même. Ainsi, la vraie nouveauté qui porte le prêtre, c'est le Christ. Et lui a su convoquer ces jeunes justement en misant sur la nouveauté qu'est le Christ.

Lors de la première JMJ, on n'a pas hésité à héberger les jeunes jusque dans les couloirs du Conseil pontifical pour les laïcs, au Palais San Callisto, c'était une révolution ?

Qui aurait pu imaginer une telle révolution ? Mais cela, on l'a vu dès le premier jour, dès le début du pontificat, lorsqu'il a élevé la croix - contre tout protocole - lorsqu'il s'est approché de la foule, contre toute tradition. On voyait déjà sa nouveauté dès son élection, lorsque de la loggia de la basilique Saint-Pierre, alors qu'il ne devait rien faire de plus que la bénédiction, il a parlé ! On imagine le bouleversement !

Qu'est-ce que nous devrons transmettre de lui aux jeunes qui n'auront pas connu Jean-Paul II ?

Je pense que ce seront les jeunes de la génération Jean-Paul II qui parleront à leurs enfants de ce Père parce qu'effectivement, la figure de Jean-Paul II incarnait pour cette génération la paternité. C'était un père, ils l'ont aimé, ils se sont bagarrés avec lui. Je me souviens, je crois que c'était au Mexique, d'une rencontre dans laquelle le pape dialoguait avec les jeunes et demandait : « Vous renoncez à la richesse ? », « Oui, nous y renonçons », « Renoncez-vous à la domination ? » « Oui, nous y renonçons », « Renoncez-vous au sexe ? ». Ils ont hurlé : « Cela, noooon ! » Il a eu un dialogue que je dirais quasi dialectique avec les jeunes, et pourtant, ils l'ont aimé. Ils n'ont pas mis tout en pratique, mais ils ont voulu l'écouter, et pour moi, voilà le mystère de cette paternité. Ce n'était pas seulement le fait de savoir être avec les jeunes, quand il jouait avec sa canne, quand il se balançait avec eux, quand il chantait, quand il se mettait à les prendre par la main, qui sont des gestes très beaux. Mais la vraie paternité qu'il a su aussi exercer c'est de leur présenter des objectifs, parce qu'un père qui aime ses enfants ne peut pas se contenter du fait qu'ils vivent dans la médiocrité. Comme il connaît ses enfants, il sait qu'ils ont un potentiel, une richesse. C'est un père. Il ne peut pas ne pas exiger, ne pas prétendre, vouloir, stimuler, et lui, il le faisait. Même si parfois eux ne répondaient pas, ils savaient pourtant que lui avait confiance en eux, que pour eux il était un père qui vraiment comptait sur eux. Il me semble que c'était un aspect très important.

Et moi, personnellement, il y a une pensée qui m'a frappé, qui est restée en moi dès la première fois que je l'ai rencontré en Pologne, lorsqu'il nous a parlé, à nous, jeunes de Pologne. Dans cette grisaille communiste, il a été le premier rayon de soleil lorsqu'il est venu et nous a dit : « Vous, les jeunes, souvenez-vous que vous devez exiger beaucoup de vous-mêmes, même si personne n'exige rien de vous. Soyez exigeants avec vous-mêmes ». Ce sont les paroles d'un père.

Propos recueillis par Anita Bourdin et Sergio Mora

Avec la collaboration d'Isabelle Cousturié

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