Montréal
Accommodement difficile pour un col bleu catholique
Première publication 24 mars 2011 à 11h32
TVA Nouvelles
Un col bleu catholique de la ville de Montréal qui désire avoir congé le dimanche en raison de sa religion a de la difficulté à obtenir un accommodement.
Sylvain Turcotte, qui travaille depuis dix ans au service des immeubles, à la division de la sécurité, se décrit comme un pratiquant qui va à l'église chaque semaine. Il tente ensuite de faire de bonnes actions. «On ne va pas au bar, on va visiter des amis ou des malades», a-t-il expliqué à l'émission Mongrain.
En 2008, il a rencontré deux employés de la municipalité, dont un juif qui bénéficiait du congé du sabbat, qui lui ont inspiré ses démarches. «Ils avaient entendu parler de moi, et ils trouvaient ça effrayant que je travaille le dimanche», s'est-il souvenu.
Il a alors demandé à la ville de Montréal d'avoir congé le dimanche. «On a commencé par rire de moi un peu, on ne me croyait pas, on m'a combattu un peu, mais avec quelques discussions et une lettre au contentieux, les avocats de la ville ont émis un avis juridique qui me donnait raison», a-t-il raconté.
Montréal a donc accordé à Sylvain Turcotte ses dimanches de congé, tout comme le 25 décembre et le 1er janvier. «S'il y avait une perte d'argent, je l'assumais, a-t-il précisé. Mais on remplaçait ma journée du dimanche par une autre journée. C'était un coût nul pour la ville et moi. J'ai peut-être perdu trois heures de travail.»
En août dernier, cette fragile entente a commencé à craquer. «Il y a des gens qui sont venus me voir pour me dire: "on en a assez de ton accommodement raisonnable"», s'est-il rappelé. Il se serait également fait insulter par certains de ses collègues.
Le col bleu a fini par prendre six mois de congé de maladie, à ses frais et sans salaire, avant de revenir au travail cette année. «On m'a dit qu'on allait régler le problème du harcèlement», a-t-il expliqué.
Le 2 février dernier, après s'être fait insulter de nouveau, il a porté plainte et ses supérieurs ont décidé de régler le problème: «on m'a dit, "on va te faire travailler trois jours au lieu de quatre".»
«Je leur ai dit: "C'est bête d'agir comme ça, continuons d'appliquer la même entente", a-t-il souligné. Ils sont allés voir le directeur de division, et il a écrit une lettre qui annulait mon accommodement.»
Son syndicat et son employeur en sont finalement arrivés à une entente en ce sens, sans le consulter.
Selon Sylvain Turcotte, cette nouvelle mesure n'apporte que des désavantages: soit il rate une de ses quatre journées de travail, et perd ainsi 25% de son salaire, soit il applique pour travailler une journée de plus en temps supplémentaire, et la ville doit le payer en temps double.
L'entente prévoit également que ce nouvel accommodement peut être annulé à dix jours d'avis si un autre employé se sent brimé, un élément que le principal intéressé déplore.
Pour Sylvain Turcotte, il n'y a aucun doute que son combat serait plus facile s'il était d'une autre confession. «La bataille que j'ai eue, c'est pour qu'on reconnaisse mes droits parce que je suis catholique», a-t-il résumé.
Le col bleu estime que ses problèmes s'inscrivent dans la perte des valeurs catholiques du Québec. «Un moment donné, il faut qu'on se réveille, a-t-il tranché. Il faut respecter les autres, mais il faut se faire respecter aussi.»
http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/regional/archives/2011/03/20110324-113259.html