Bonne préparation de Noël

L'amour du Père nous est insupportable et seul le Verbe peut le supporter. Violent dans sa douceur, sauvage et fou dans sa raison. C'est l'amour rugissant jaillissant du désert. Comme une jeune maman qui dirait à une femme stérile : prends mon bébé je te le donne. Comme un fiancé qui dirait à un SDF ivrogne et dégoûtant : Prends la virginité de ma fiancée je te la donne. Mon Dieu quelle angoisse d'avoir et de ne pouvoir t'accueillir.
Et l'esprit Saint qui donne l'infini ? On peut aimer l'infini; aimer l'idée de l'infini. Mais expérimenter un tant soit peu l'infini ? C'est l'horreur absolu pour toute créature finie qu'elle soit ange ou homme. C'est l'épouvante suprême. Si l'on savait ? Le moindre signe de croix, la moindre prière est une épouvante de l'infini. Et jusqu'à la pauvre petite Marie qui apparaît comme une tigresse, si on savait la gloire divine? Alors quoi, choisir l'enfer pour échapper à cette splendeur infiniment insupportable ?
Même si Adam et Ève n'avait pas péché, il aurait fallu un rédempteur aux anges et aux hommes pour nous sauver de ….....Dieu.

Car oui. il y a un rédempteur. Il y a un Dieu infini qui descend; Qui se fait tout petit, tout petit. Infiniment petit dans le petit bébé de la crèche. Tout mignon et tout gentil. Alors là on n'a plus peur et l'épouvante divine disparaît. Mon Dieu merci. Tu ne sait pas de quel désespoir, de quelle détresse tu nous sauves. Ou plutôt, si, tu sais. Mais de quelle détresse définitive tu m'as sauvé. Mon Dieu j'en pleure. Mon Dieu quel douceur en toi. Ha ! Quel joie quel bonheur ! Et tu temporises pour nous l'amour terrible du Père. Il suffit de t'aimer, d'accueillir ton amour, et ça c'est tout à fait possible.
Car, des anges et des hommes, nul ne pourra supporter la splendeur de la gloire divine, s'il ne commence par adorer l'enfant Dieu dans la crèche.

Bonne préparation de Noël à tous.

Merci Philippe pour votre prose délicieuse sur l'Enfant-Dieu, l'Emmanuel, Sourire du Père manifesté aux hommes pour leur salut ! Vous rejoignez ainsi Ste Thérèse de Lisieux qui dans une lettre s'écriait :

«Je ne puis craindre un Dieu
qui s'est fait pour moi si petit...
je l'aime!...
car Il n'est qu'amour et miséricorde!»
(LT 26)

Je note au passage que vous soutenez l'hypothèse théologique de Duns Scott qui, contrairement à St Thomas d'Aquin, pensait que Dieu aurait visité l'humanité dans la chair, qu'il se serait fait homme, indépendamment du péché originel...

[quote="philippe"] Et jusqu'à la pauvre petite Marie qui apparaît comme une tigresse EN QUOI ?
Alors quoi, choisir l'enfer pour échapper à cette splendeur infiniment insupportable ? QUEL ENFER ?





[i]

Bonsoir Christophore,

Moi aussi les formules-choc de Philippe m'ont surpris, mais je pense qu'il faut les voir comme des figures de style, qui mettent en valeur le saisissant contraste entre l'Infini de Dieu écrasant pour notre pauvre humanité, et la petitesse rassurante du nouveau-né Jésus dans la paille de Bethléem...

Quant à Marie comparée à une tigresse, cela est évidemment provoquant, mais pas dans l'esprit de son propos, dans sa logique, cela vise à manifester la nécessité pour Dieu de se faire petit et simple bébé, pour pouvoir chasser définitivement toute nos peurs métaphysiques inconscientes et ancestrales de sa Majesté Glorieuse.

Marie selon lui, ne suffirait pas à nous attirer à Dieu en toute confiance , à nous arracher radicalement à notre enfer intérieur, lieu temporaire de solitude et de tristesse, que nous aurions fabriqué en nous, afin de nous protéger de sa Gloire intimidante. Peut-être parce que Marie pourrait aussi encore nous impressionner du fait de sa sainteté céleste...

Mais avec l'Enfant-Dieu : non ! Face à la fragilité et à la douceur d'un bébé désarmé, on ne peut que déposer les armes de nos frayeurs et de nos doutes, et entrer enfin sans crainte dans une relation filiale avec notre Père du Ciel...

Voilà l'exégèse libre que je fais de la prose de Philippe, que j'ai appréciée dans sa dimension poétique et lyrique, autant que théologique, même si cette dernière n'est pas au-dessus de toute critique, loin s'en faut !


On ne finira jamais de méditer avec fruit sur le Mystère de Noël ! Lâchons les armes de nos systèmes de défense psychologique ! Laissons nous enfin aimer par le Père !

Joyeux Avent !

Vive le net, car je peux parler ici dans l’anonymat sans tomber dans l'orgueil.
Je donne l'info pour si ça arrivait à quelqu'un.... ça peut aider.

En fait je suis tombé dans ce que le renouveau charismatique appelle un esprit d'épouvante.
Un monstre comme dans les tableaux de Broeguel. Un œuf, mais tourné de l’intérieur : la peau est à l’extérieur et le visage à l’intérieur (mais les esprits n'ont pas de corps......). Au milieu d'eux il y a un puits qui représente la confiance en Dieu qui leur est présenté, mais éternellement ils refusent de plonger dedans.
Ce sont des anges de l'ordre des chérubins, mais qui on mal tourné.
alors qu'ils auraient dû être des sortes de planeurs volant dans l'Esprit Saint, là ils sont en cale sèche. Et toute leur éternité, ils contemplent dans l'épouvante absolue la splendeur divine qui les fait suffoquer de terreur. Pour un peu on aurait pitié d'eux.

Parfois les démons inférieurs leur apportent une âme, et comme ils ont la capacité de percer la puissance contemplative d'un être, ils partagent avec cette âme l'épouvante de tout ce qui est divin en celle-ci : le signe de croix me terrifiait. Le rosaire était insupportable. L'Eucharistie beaucoup moins........ma communion doit être médiocre je suppose. Mais la pauvre petite Marie que j'aime beaucoup me terrifiait comme une tigresse, et j'en ai encore de la peine. Rien, rien de ce qui porte la trace de l'infini du Seigneur n'est supportable à la créature fini. Seul la lourdeur bénie de notre chair nous rend inconscient de cela.

Le premier pas pour sortir de cette épouvante, c'est la confiance. Et immédiatement on se rend compte que SEUL l'adoration de l'enfant Jésus nous fera supporter dans la douceur, l'infini de la splendeur divine.
Marie nous conduit à cela, Mais SEUL Jésus.........

Mais ensuite ? Et bien tient ! maintenant que j'ai fait le pas, avec toute mes inperfections, je préfère encore me retrouver en présence du Père Éternel que face au trône de la sagesse qui est Marie. Le trône de la sagesse c'est redoutable. Oui je sais, c'est pas logique; Et alors?

Dernière petite chose : Je préfère oublier tout ce coté fantastique et ne garder que l'essentiel qui me donne l'amour :

Refugium peccatorum !
La vraie dévotion à Marie par ex à la manière de st Louis-Marie Grignion de Montfort (qui aimait l 'invoquer comme ND de la Sagesse), et la totale confiance en Elle, est un signe de prédestination. Le démon fait tout ce qu'il peut donc pour en détourner le plus grand nombre.
Que votre maman puisse vous obtenir la grande grâce de toujours vous tourner vers Marie, car Elle vous apaisera, vous unira à Jésus, en toute confiance.

Oui bien sûr Christophore. Si, Dans l'épreuve dont je parle, j'ai pu malgré tout me tourner vers la confiance, c'est Marie qui, le plus doucement qu'elle pouvait m'inspirer, m'y a inviter. Elle m'a d'abord inviter à surmonter ma terreur pour faire un signe de croix, puis:
"maintenant fais confiance à mon fils Jésus et jette-toi dans le puits de la confiance"
Et là, tout s'est arrêté.

Je confie tout mon chemin à Marie, sans me soucier d'où elle veut me mener.

..........Mais je viens de me rendre compte que, surtout ce qui pouvait avoir une relation avec Marie me terrifiait .....Tient donc ?????