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 Biélorussie : Témoignage de Mgr Kondrusiewicz

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MessageSujet: Biélorussie : Témoignage de Mgr Kondrusiewicz   Biélorussie : Témoignage de Mgr Kondrusiewicz Empty14/12/2010, 01:46

Biélorussie : Témoignage de Mgr Kondrusiewicz

ROME, Dimanche 12 décembre 2010 (ZENIT.org) - Avoir grandi dans une situation de discrimination à cause de sa foi catholique n’a fait que renforcer son amour de l’Eglise et a préparé l’archevêque Tadeusz Kondrusiewicz à son ministère auprès des chrétiens persécutés.

Dans cette interview accordée à l’émission de télévision « Là où Dieu pleure », l’archevêque de Minsk-Mohilev évoque l’histoire de sa vocation et les difficultés à vivre son ministère dans un milieu communiste.

Né en 1946 à Odelsk, près de Grodno, in Biélorussie, l’actuelle République de Bélarus, il a été ordonné prêtre en 1981. En 1989, il était consacré évêque. Mgr Kondrusiewicz est à la tête de l’archidiocèse de Minsk Mohilev depuis 2007.

Q : Vous avez grandi en Biélorussie sous un régime athée. Comment vivait-on sa vie de croyant dans un tel système ?

Mgr Kondrusiewicz : Eh bien, ce fut une période très difficile, surtout pour les croyants. Je me souviens à l’école, souvent le professeur me faisait me lever devant toute la classe et il me harcelait sans cesse, m’accusant d’aller à l’église, d’être croyant, de prier et de célébrer des fêtes religieuses etc. Ce n’était pas facile.

On savait que vous étiez chrétien, que vous étiez catholique ?

Oui, oui. Dans notre village, on était pratiquement tous croyants. J’étais enfant de chœur. Le curé était très actif, jouant au foot avec nous, et je l’aidais souvent dans l’organisation. Tout le monde pouvait voir que j’étais toujours avec le prêtre.

Et c’est pour cela que vous étiez l’objet de vexations et de discrimination ? Comment était-ce ?

Pour un jeune, il était difficile d’entendre ces accusations. En même temps, cela m’a préparé à mon futur rôle de prêtre durant la période soviétique - un temps de persécution. Un temps très dur. Vous devez croire et avez à servir l’Eglise en dépit des difficultés.

Et vos parents ? Quels sacrifices ont-ils dû faire en tant que croyants ?

Oh ! Combien de fois ont-ils été convoqués à l’école... Habituellement, les parents sont convoqués parce que leur fils ou leur fille a fait quelque chose de mal, ce qui est normal, mais mes parents étaient convoqués parce que j’étais croyant, que je parlais de l’Eglise à quelqu’un, un camarade, et que nous allions être enfants de chœur.

J’étais une sorte d’agent de l’Eglise et ils convoquaient sans cesse mes parents, pour les avertir que je ne me comportais pas bien à cause de mes croyances. Mes parents sont allés plusieurs fois à l’école et, pour finir, ont décidé de ne plus s’y rendre, et m’ont dit : « Si tu fais quelque chose de mal, oui, tu seras puni, mais pour ce genre de choses, nous sommes croyants, et nous n’irons plus ».

Votre père a-t-il souffert, par exemple, à cause de sa foi durant la période soviétique ?

Pendant très longtemps, nous n’avons pas eu de prêtre dans notre paroisse et dans notre village, et tout le monde en a souffert.

Mon père était très actif. Il se rendait souvent en Lituanie et en Lettonie, où il y avait davantage de prêtres ou de paroisses proches, à la recherche d’un prêtre qui pourrait célébrer la messe les jours de fêtes importantes. Tout le monde avait fini par lui demander de trouver un prêtre pour notre paroisse, car il savait où chercher. C’était commode. Mon père était un homme simple, il travaillait dans l’agriculture et les fonctionnaires ne pouvaient pas le punir. Il était déjà aux champs.

Il y avait une église dans votre village ? Comment célébrait-on la messe ?

Nous avions une église. L’Eglise était ouverte, mais pendant cinq à six ans, nous n’avons pas eu de prêtre. Nous en avions un qui est mort et n’a pas été remplacé.

Grâce à la foi forte de mes grands-parents, de mes parents et à la mienne, notre foi a résisté, et il en a été de même pour les autres. Le dimanche, nous avions coutume d’aller à l’église, même s’il n’y avait pas de messe.

Et qu’y faisiez-vous ?

Nous priions le chapelet, les litanies, le chemin de croix etc.. J’ai grandi dans cet environnement et avec l’idée que, le dimanche, je devais aller à l’église.

Comment se déroulait la vie de prière à la maison ?

Nous priions tous les soirs avec nos parents C’était devenu une habitude. Puis nos grands-parents et nos parents nous faisaient le catéchisme. Sous une forme très simple de questions-réponses, et il en était ainsi chaque soir. Cela a été excellent, cela a été ma formation.

Aujourd’hui je demande ouvertement aux parents et aux enfants : « Priez-vous ensemble ? Allez-vous ensemble à l’église ? Pratiquez-vous et recevez-vous les sacrements et vos enfants en sont-ils témoins ? » Question difficile.

Vos vexations ne se bornaient pas à paraître devant la classe. Une année à l’université vous a également coûté. Etait-ce le département de physique et mathématiques à l’université ? Que s’est-il passé ?

J’ai commencé à l’université des études de mathématiques et de physique. Ce sont des matières que j’aime énormément.

Plus tard, des papiers, des articles de journaux ont été écrits sur moi (...). J’ai alors compris que je ne pouvais pas terminer mes cours. Ils ont trouvé mille prétextes, mille reproches à me faire. J’aimais l’université, les professeurs et le recteur, je ne voulais pas les mettre en difficulté. J’ai pris mes papiers et me suis mis à travailler pendant une année. Je suis ensuite allé à Leningrad - l’actuelle St. Petersbourg - et me suis inscrit à l’université polytechnique.

Et là vous avez terminé vos études ?

Oui. La situation était différente à Leningrad. Je l’ai ressenti plus tard aussi, en tant qu’évêque.

Leningrad est une ville de tolérance religieuse, et l’était aussi durant la période soviétique. En fait, ma première étape en m’inscrivant à l’université polytechnique aurait pu être la dernière. J’avais emporté tous mes papiers, je ne les avais pas envoyés par la poste. Quand je suis arrivé à l’école polytechnique, j’ai sorti mes papiers de ma veste et les ai présentés à la dame qui était là. Elle m’a regardé et m’a demandé de lui tendre la main. Je n’ai pas compris. J’ai fait comme elle disait et elle a mis dans ma main quelque chose en me disant de ne la montrer à personne. C’était la croix que j’avais dans la poche. Je ne sais pas comment, mais elle était mêlée à mes documents et en était sortie. Elle aurait pu me renvoyer sur-le-champ.

Vous avez eu une vocation relativement tardive. Vous êtes entré au séminaire à 30 ans. Quand avez-vous ressenti pour la première fois cette vocation ?

Les temps étaient durs et le nombre de prêtres en Biélorussie était en baisse. Je connaissais beaucoup de prêtres et j’ai commencé à réfléchir et à prier.

Un jour, je suis rentré à la maison à Grodno. J’ai pris un livre de prière qui était là et suis allé à l’église. Je pensais que c’était mon livre de prières, mais je me trompais. Les livres avaient tous le même aspect car ils venaient de Pologne. C’était le livre de prières de ma mère. Je l’ai ouvert et ai trouvé une petite icône et une prière de ma mère pour la vocation de prêtre de son fils. Ma mère ne m’en a jamais parlé. Pas un mot. Mais j’ai compris qu’elle priait à cette intention.

Mon père m’avait dit plusieurs fois que je ne marierais pas et que peut-être je serais prêtre, mais ma mère ne m’avait jamais rien dit. J’ai découvert qu’elle priait toujours pour ma vocation.

J’ai prié, moi aussi, et un jour à Vilnius, dans la chapelle de Notre-Dame de la Miséricorde, j’ai pris ma décision. Plus tard, je suis revenu comme vicaire dans cette même chapelle.

Q : Comment avez-vous vécu votre vie de prêtre à l’époque du communisme ?

Mgr Kondrusiewicz : Il fallait faire très attention à ce qu’on disait ou même pensait, mais pendant plusieurs années, j’ai servi comme prêtre en Lituanie. La situation n’était pas la même qu’en Biélorussie et en Russie. Il y avait davantage de liberté.

Nous avions aussi beaucoup plus de prêtres dans des villes comme Vilnius où j’exerçais mon ministère. Nous étions dix prêtres, ce qui n’était pas mal. Aujourd’hui, il y en a moins.

Les services liturgiques dans l’église étaient autorisés, mais l’exercice du service pastoral dans les hôpitaux était difficile ; les visites étaient interdites. Fréquemment, les médecins nous les refusaient. Nous invitions alors les patients à nous rejoindre dehors, dans notre voiture, et nous entendions leur confession. Cela n’était possible que si le malade pouvait marcher. Pour ceux qui ne pouvaient pas, nous les visitions dans les hôpitaux, en tant que visiteurs. Nous avions tout dans les poches. Nous entendions les confessions de tous. Ce n’était pas commode, mais nous devions être à leur service.

Plus tard quand vous étiez en Russie comme évêque, vous avez eu à bénir une pierre de l’église, alors qu’il ne restait plus d’église. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

Une histoire très intéressante et très émouvante, qui s’est passée dans une petite ville appelée Marx. L’église avait été détruite et nous avions reçu l’autorisation d’en construire une nouvelle.

J’y suis allé parce que je devais bénir la pierre angulaire de la nouvelle église. On m’a présenté une simple brique en me priant de la bénir pour en faire une pierre angulaire. J’ai accepté la requête, très surpris pourtant car il s’agissait d’une vieille brique rouge, plate, ordinaire. Normalement, on fait venir des pierres de Rome ou de Fatima pour en faire des pierres d’angle.

On me raconta l’histoire : quand l’église a été détruite, les gens ont ramassé les briques, qu’ils ont emportées chez eux. Cette brique rouge particulière est devenue le symbole de l’église détruite et, au fils des ans, les gens ont prié, allumé des bougies et déposé des croix et des fleurs à côté. Ils voulaient une sorte de continuation entre l’ancienne église et la nouvelle en construction.

Voici une autre anecdote, cette fois à Grodno. Le gouvernement a voulu fermer une église. Mais quand les fonctionnaires sont entrés dans l’église, ils ont trouvé les gens couchés sur le sol, disposés en forme de croix. Les fonctionnaires n’ont pas pu fermer cette église. Pendant 28 ans, il n’y a pas eu de prêtre dans l’église. J’ai été le première prêtre affecté à cette église, après 28 ans. Les gens ont longtemps réclamé un prêtre permanent, ce qu’on leur a toujours refusé. Les fonctionnaires disaient : « L’herbe aura poussé sur la paume de ma main avant que vous ayez l’autorisation d’avoir un prêtre dans la paroisse ». Maintenant, nous avons une cathédrale et un évêque. Les gens ont toujours eu une grande foi en Dieu.

Une autre histoire, en Biélorussie. Un prêtre desservait plusieurs paroisses, c’était pendant le Carême. Le prêtre n’est pas venu. Les gens se sont demandé ce qu’ils allaient faire. Une femme leur a dit : « Nous allons confesser nos péchés au nom de Jésus ».

Elle a pris une croix et l’a portée à la place habituelle du confessionnal. Tout le monde s’est confessé à la croix, convaincus que leur confession était valable parce qu’ils avaient attendu plusieurs heures et que, dans ces conditions, la confession était valable. On pourrait raconter beaucoup d’histoires semblables, qui témoignent de leur amour pour l’Eglise et de la force de leur foi.

Le communisme est tombé. Rétrospectivement, quel est selon vous l’effet le plus dommageable du communisme sur le cœur des gens ?

Soixante-dix ans de communisme marqués par la persécution ont eu des effets très dommageables sur le cœur et l’âme des gens.

D’un autre côté, nous assistons actuellement à un processus de sécularisation, qui arrive aussi jusqu’à nous. Les effets sont encore plus dévastateurs. Nous cherchons maintenant une réponse pour contrer ce processus. Qu’allons-nous faire ?

Auparavant, il s’agissait d’une interdiction imposée de l’extérieur à l’Eglise et à la foi chrétienne. Mais, maintenant, ce sont les gens qui, de leur propre gré, rejettent leur foi. C’est plus dangereux.

Vous êtes l’archevêque catholique de Minsk-Mohilev. Qu’en est-il de la population catholique ?

La Biélorussie (Bélarus) compte quelque 10 millions d’habitants, dont 15%de catholiques, soit environ un million et demi. Nous avons quatre diocèses, deux séminaires, 450 paroisses et 440 prêtres, dont environ 270 prêtres indigènes ou locaux. Nous avons encore besoin de prêtres, de religieuses, et un grand besoin de bâtiments d’église.

La ville de Minsk avant 1917 n’était pas aussi grande qu’aujourd’hui, où elle compte deux millions d’habitants. En 1917, c’était une petite ville, pourtant nous avions 17 églises catholiques - alors que maintenant nous n’en avons que quatre et deux chapelles pour 300.000 catholiques. Avant, il était très difficile d’obtenir le permis de construire de nouvelles églises et d’acquérir le terrain. Mais, aujourd’hui les choses ont changé.

Actuellement, j’ai environ six lopins de terre pour construire une église et un autre lopin pour un presbytère. L’année dernière, j’ai reçu des permis de construire pour quatre bâtiments. Construire n’est pas un problème, le problème est le financement.

Il y avait une seule église, qui a été convertie en cinéma. Combien de messes y avez-vous célébré ?

Elle s’appelait l’église St. Simon et St. Helen, mais tout le monde l’appelait l’église rouge. Le dimanche, nous y célébrions une quinzaine de messes et parfois il y avait trois messes en même temps.

De toute façon, nous avons besoin de petites églises. A présent j’ai le permis pour construire de petites églises, pas de grandes églises qui coûtent des millions, mais des petites de € 300.000-€ 400.000 ($408,300-$544,400) dans chaque quartier ou faubourg de la ville.

Que peut offrir l’Eglise de Biolérussie à l’Eglise universelle ?

Notre expérience de la persécution nous a permis de préserver notre foi et de la transmettre aux jeunes générations.

Nos gens essaient aujourd’hui de ne pas adhérer aux idéaux de sécularisation, de relativisme moral ou à cette philosophie de post-modernisme, qui ne reconnait pas la vérité absolue et dans laquelle tout est relatif.

Quand le Saint-Père nous a demandé de recevoir la communion à genoux, nous n’avons pas eu de problème pour nous plier à cette règle parce que nous l’avons toujours reçue à genoux.

Donc, c’est la force de la foi ?

Oui, la force de la foi.

Ils n’ont pas rejeté non plus les anciennes traditions de prières, le chapelet, le chemin de croix, les litanies, les processions comme celle du Corpus Domini. L’année dernière, pour la fête du Corpus Christi, environ 10,000 personnes ont défilé dans la rue principale de Minsk. La cérémonie a duré en tout trois heures et demie, du début à la fin. Cela n’arrive pas dans d’autres pays.

C’est l’expression de l’amour de Dieu pour les Biélorusses, et beaucoup d’entre eux se souviennent encore du temps où il n’y avait qu’une église à Minsk.

Propos recueillis par Mark Riedemann, pour l’émission télévisée « La où Dieu pleure », conduite par la Catholic Radio and Television Network (CRTN), en collaboration avec l’association Aide à l’Eglise en Détresse (AED).

Sur le Net :

Aide à l’Eglise en détresse France

www.aed-france.org

Aide à l’Eglise en détresse Belgique

www.kerkinnood.be

Aide à l’Eglise en détresse Canada

www.acn-aed-ca.org

Aide à l’Eglise en détresse Suisse

www.aide-eglise-en-detresse.ch

http://news.catholique.org/33607-bielorussie-temoignage-de-mgr-kondrusiewicz
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