G8: l'Europe sous la pression des Etats-Unis Arrivée le 24 juin 2010 à Toronto du Premier ministre japonais Naoto Kan et de sa femme Nobuko © AFP Japan Pool |
HUNTSVILLE (AFP) - Les huit pays les plus industrialisés de la planète
devaient se retrouver vendredi à Huntsville (Canada), loin des regards,
sous la pression des Etats-Unis déterminés à éviter que leurs
partenaires européens n'étouffent la reprise économique naissante.
Le
président américain Barack Obama a appelé vendredi ses collègues du G8
mais aussi du G20, qui rassemble pays riches et émergents, à agir
ensemble pour éviter une nouvelle crise économique alors que
l'inquiétude renaît sur la solidité de la reprise mondiale.
"Nous
devons agir de concert pour une raison simple: cette crise a prouvé -et
les éléments continuent de le démontrer- que nos économies nationales
sont inextricablement liées", a-t-il dit.
"Et la tourmente
économique peut facilement se propager", a affirmé M. Obama, arrivé au
Canada renforcé par l'accord trouvé dans la nuit au Congrès sur un
projet de réforme de la régulation financière.
Ce nouvel
avertissement, quelques jours après une lettre dans laquelle il
appelait déjà ses partenaires à "renforcer la reprise", apparaît comme
une nouvelle mise en demeure des Etats-Unis aux Européens. Le
secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a ainsi appelé vendredi
l'Europe à "faire le choix de mettre en oeuvre des réformes et des
politiques susceptibles de déboucher sur des taux de croissance plus
élevés à l'avenir".
Le monde "ne pourra pas dépendre des
Etats-Unis autant que dans le passé", a-t-il prévenu, alors que les
chiffres de la croissance américaine au 1er trimestre ont été revus à
la baisse.
Les Européens, mis au pied du mur, ont cherché à se
défendre, assurant que les politiques d'austérité décidées ces derniers
mois en Allemagne, Grande-Bretagne ou France, ne remettaient pas en
cause la reprise.
L'Europe est certes d'accord pour renoncer
aux plans de soutien lancés au plus fort de la crise, mais elle le fera
sans "changement brusque d'une journée à l'autre", a assuré jeudi
devant la presse le président de la Commission européenne Jose Manuel
Barroso.
Et si l'Europe entend bien réduire ses déficits, elle
le fera en donnant "la priorité à des stratégies favorisant la
croissance", a assuré de son côté le président du Conseil européen
Herman Van Rompuy, ajoutant que c'était "la confiance" qui assurerait
la croissance en Europe.
Les Etats-Unis et l'Europe n'ont pas de
divergences sur la stratégie à adopter pour préserver la reprise
économique mondiale, a affirmé de son côté le porte-parole du Premier
ministre britannique David Cameron à Huntsville (Canada).
Invités
de Stephen Harper (Canada), Barack Obama, Dmitri Medvedev (Russie),
Nicolas Sarkozy (France), Angela Merkel (Allemagne), Silvio Berlusconi
(Italie), et les deux nouveaux du groupe, Naoto Kan (Japon) et David
Cameron, devaient déjeuner et dîner à huis clos à Huntsville, lieu de
villégiature de l'Ontario niché dans la forêt canadienne, au bord d'un
lac, où le dispositif de sécurité est omniprésent.
Dans le grand
hôtel qui les accueille à 220 km au nord de Toronto, où a été regroupée
la presse internationale, les huit chefs d'Etat et de gouvernement
devaient être rejoints dans l'après-midi par six chefs d'Etats
africains et trois de pays d'Amérique centrale et du sud.
Toronto sous surveillance policière le 25 mai 2010 © AFP/Getty Images Jemal Countess |
Lors
de leur déjeuner, les huit évoqueront la situation économique mondiale,
lors de leur dîner, la nouvelle gouvernance en gestation de la planète.
Les
détails, comme les projets de taxe bancaire ou de contribution sur les
transactions financières, seront abordés samedi soir et dimanche par le
G20, qui se tiendra à Toronto.
Londres, Paris, Berlin et
Washington ont invité le G20 à accepter une taxe bancaire, mais le
Canada, la Russie, la Chine, l'Inde et l'Australie y sont opposés.