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 Ce qui s'est passé pour le Judaïsme peut-il se reproduire pour l'Islam de France?

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Pierre75




Messages : 1023
Inscription : 07/01/2009

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MessageSujet: Ce qui s'est passé pour le Judaïsme peut-il se reproduire pour l'Islam de France?   Ce qui s'est passé pour le Judaïsme peut-il se reproduire pour l'Islam de France? Empty30/7/2016, 18:02

Bonjour,
dans un ouvrage fondamental "La Démission de la République" (Puf, 2003) Shmuel Trigano proposait une voie pour résoudre les tensions autour de l'islam de France, inspirée de ce qui s'était fait pour le judaïsme. Voici son texte, qui me semble plus d'actualité que jamais :

Un islam français est-il possible ?
Par Shmuel Trigano *
Le Figaro, 7 mai 2003
(...) Il n'est pas normal que l'islam et les Arabes soient dispensés de ce qui fut exigé des juifs et des chrétiens, après la Révolution de 1789, pour entrer dans la nation française. Nicolas Sarkozy a beaucoup de mérites, mais son Conseil musulman de France repose sur du néant. Le problème n'est pas d'obtenir et d'imposer une entente entre les différents courants islamiques mais de réformer l'islam pour qu'il soit à même de pouvoir s'exercer dans le cadre français. Cette demande n'a pas été faite et c'est se préparer à des jours difficiles avec une telle institution qui se voit reconnaître et conférer un pouvoir considérable sans avoir fait, de son côté, l'effort suffisant pour s'ajuster à la réalité dont elle espère devenir partie prenante.

Puisque hommes politiques et leaders musulmans évoquent sans cesse le modèle juif, son exemple est justement plein d'enseignements ! L'entrée des Juifs dans la nation française, quoiqu'ils aient été déjà là, géographiquement, en France depuis des siècles, s'est faite sous l'égide d'une assemblée convoquée en 1807 par Napoléon pour répondre (de façon quasi comminatoire) à 12 questions extrêmement gênantes, destinées à jauger leur capacité (et leur désir) à devenir français. Ces questions couvraient tous les domaines de l'existence, depuis le statut personnel et les lois qui la régissaient au rapport à la France et aux Français, en passant par le pouvoir rabbinique et la morale économique du judaïsme. (...) Elles obligèrent les Juifs à faire un choix sur des problèmes cruciaux entre la loi juive et l'adhésion à la France. Elles les contraignirent à se réformer à la fois religieusement et civilement (...) Le judaïsme en France est passé par-là, au point d'en avoir gardé une marque indélébile. Ça change tout, même s'il arrive que cette histoire soit l'objet d'un regard critique. (...)

Quelles seraient les questions délicates à poser aux décisionnaires religieux de l'islam, investiguant la nature du rapport que celui-ci pourrait entretenir avec un État laïque d'identité française ? C'est la reconnaissance des non-musulmans qui pose, avant tout, problème avec l'islam. Il faudrait que les autorités de l'islam déclarent sous quelle catégorie elles considèrent la France comme territoire, à la fois géographique et symbolique.

On le sait, la théologie musulmane divise la planète en deux zones, Dar el Islam, la «Maison de l'islam» où doivent régner la paix et la loi coranique dans un univers qui doit être musulman et le Dar el Harb, la «Maison de l'épée» où règnent la guerre et la conquête islamique pour faire triompher le Coran sur les infidèles. C'est là que prend place le djihad, la guerre sainte. Dans cet espace, les non-musulmans n'ont aucun droit et leur avenir est de devenir musulmans (...). Il existe cependant une troisième catégorie d'espace, le Dar el Solh, la «Maison de la trêve» qui, comme son nom l'indique, ne fait que suspendre la guerre contre la «Maison de l'épée», les infidèles, lorsque les conditions de la guerre ne sont pas favorables aux musulmans.

On comprend qu'il y a là l'obstacle majeur à l'intégration de l'islam dans la République. Il faut donc que les autorités musulmanes européennes déclarent solennellement renoncer à la doctrine politique du djihad et donc à cette partition du monde qui empêche toute reconnaissance du non-musulman. Il ne suffirait pas en effet que ces autorités se prononcent sur la catégorie à laquelle appartient l'Europe, car la meilleure catégorie serait celle du Dar el Islam, ce qui impliquerait que l'Europe se soumette à la loi islamique. Déclarer que l'Europe relève de la «Maison de la trêve» comme le fit Tariq Ramadan dans l'émission «Ripostes» de Serge Moati, ne peut en aucune façon rassurer les Européens, on le comprend, car le propre d'une trêve est de finir (...).

L'islam a en effet un problème de taille : il a toujours vécu en majorité même quand il fut dominé. Il a donc naturellement du mal à s'accepter et à se comporter en minorité. C'est tout un travail d'autoréforme qu'il a ainsi à accomplir. C'est ce que firent le judaïsme et le christianisme, en se repliant sur la mystique à défaut de pouvoir se poser dans l'étatique. Le messianisme juif, avec ses attentes dans l'historico-politique, avait constitué un obstacle lors de l'émancipation. Ses représentants trouvèrent une formule pour l'universaliser et le repousser à un avenir indéterminé.

Le deuxième ordre de questions doit concerner la façon dont les autorités de l'islam européen considèrent les autres religions, le judaïsme et le christianisme, si elles acceptent leur légitimité et si elles renoncent au prosélytisme actif. Si des non-musulmans veulent se convertir à l'islam, c'est leur droit (et l'inverse est aussi vrai) mais l'islam ne doit pas dans une République et un État démocratique partir à la conquête des âmes, à l'islamisation de la société civile car cela ne manquerait pas de réveiller en retour la guerre des religions et la surenchère concurrentielle entre elles.

Le troisième ordre de questions doit clarifier le système d'autorité de l'islam afin de désigner des responsables de la doctrine et du bon ordre de la vie religieuse. Avec une particulière attention pour les rapports avec les puissances musulmanes mondiales dont l'islam français comme religion devrait se séparer. (...)

Enfin, quatrième ordre de questions concernant le statut personnel et notamment celui de la femme. Un aspect capital qui commande le rapport à l'autre. Les autorités musulmanes européennes doivent confirmer qu'elles reconnaissent la liberté et les droits de la femme, son droit à divorcer, à contracter mariage avec qui bon lui semble. Elles doivent confirmer la prééminence du droit civil sur la charia.

Ces réponses à ces questions décideront si oui ou non un islam français est possible, si la République peut intégrer l'islam dans ses rangs et l'État avoir confiance dans la population qui se recommande de cette religion. Tout comme on l'a dit pour ce qui est de la décision de la France d'intégrer cette population, on ne peut imaginer de réponse négative à ces questions de la part de l'islam français sous peine d'une très grave crise.

Pourquoi ne pose-t-on pas ces questions ? Parce qu'on a peur que la réponse soit négative ? C'est justement ce qui empoisonne l'atmosphère et fait croître le soupçon, le racisme d'un côté et le ressentiment de l'autre. Qu'on les pose une fois pour toutes, et le problème sera réglé, pour le pire ou, je veux le croire, le meilleur !


*Philosophe. Enseigne la sociologie de la religion et de la politique à l'université de Paris X-Nanterre et dirige le Collège des études juives de l'Alliance israélite universelle. Le présent texte est extrait de son nouveau livre, La Démission de la République. Juifs et musulmans en France, à paraître le 9 mai 2003 aux Presses universitaires de France (coll. «Intervention philosophique»).

Presses universitaires de France, 2003.


Dernière édition par Pierre75 le 30/7/2016, 18:06, édité 1 fois
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Pierre75




Messages : 1023
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MessageSujet: Re: Ce qui s'est passé pour le Judaïsme peut-il se reproduire pour l'Islam de France?   Ce qui s'est passé pour le Judaïsme peut-il se reproduire pour l'Islam de France? Empty30/7/2016, 18:04

PS. J'ai posté le même message sur Cité-catholique, mais il n'a pas été publié pour l'instant. Y a-t-il quelque chose d'anti-catholique dans ce propos ?
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Ray




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MessageSujet: Re: Ce qui s'est passé pour le Judaïsme peut-il se reproduire pour l'Islam de France?   Ce qui s'est passé pour le Judaïsme peut-il se reproduire pour l'Islam de France? Empty30/7/2016, 18:52

Un concordat avec l'islam c'est une solution pour le politicien qui voit à court-terme et une étape pour l'islamiste qui voit plus loin.
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MessageSujet: Re: Ce qui s'est passé pour le Judaïsme peut-il se reproduire pour l'Islam de France?   Ce qui s'est passé pour le Judaïsme peut-il se reproduire pour l'Islam de France? Empty30/7/2016, 18:56

Ray a écrit:
Un concordat avec l'islam c'est une solution pour le politicien qui voit à court-terme et une étape pour l'islamiste qui voit plus loin.

salut

Trèves et traités

La nature perpétuelle du djihad est soulignée par le fait, soutenu par les juristes, que 10 ans est la durée maximale de paix pour les musulmans avec les infidèles. Une fois que le traité a expiré, la situation doit être réévaluée. Ils s'appuient sur le traité de paix d'Hudaybiya ratifié en 628 par Mahomet et ses ennemis Quraysh à la Mecque. L'exemple de Mahomet qui brisa ce traité au bout de deux ans (en prétextant une infraction des Quraysh) montre que la seule fonction d'une trève est de permettre aux musulmans s'ils sont affaiblis de gagner du temps et de se regrouper avant une nouvelle offensive (33) :

« Par leur nature même, les traités doivent avoir une durée temporaire, car, dans la théorie juridique musulmane, les relations normales entre territoires musulmans et non-musulmans ne sont pas pacifiques mais guerrières » (34).

En se fondant sur ce point,

« les fuqaha [juristes] sont d'accord pour considérer une trève illimitée comme illégitime, si les musulmans sont en position assez forte pour repartir en guerre contre les non-musulmans » (35).

Bien que la chariah demande aux musulmans d'honorer les traités, il existe donc une sortie possible qui est propice aux abus : si les musulmans pensent, même sans preuves solides, que leurs ennemis vont rompre le traité, ils peuvent le briser les premiers. De plus, certaines écoles de droit islamique, comme celle des Hanafites, affirment que les responsables musulmans peuvent abroger les traités tout simplement si cela semble être à l'avantage de l'islam (36). Cela n'est pas sans rappeler le hadith canonique suivant :

« si tu fais serment de procéder à une action et que tu te rends compte, plus tard, qu'une autre action est meilleure, alors tu devras renier ton serment et faire ce qui est mieux » (37).

Et qu'y a-t-il de mieux et de plus altruiste que de rendre la parole d'Allah dominante en déclenchant à nouveau le djihad dès que possible ? Traditionnellement, les dirigeants musulmans lançaient un djihad au moins une fois par an. Ce rite est particulièrement remarquable chez les sultans ottomans, qui passaient la moitié de leur vie sur le champ de bataille (38). Le devoir de djihad était tellement important, que les sultans n'avaient pas le droit d'effectuer le pèlerinage à la Mecque - qui est pourtant un devoir individuel pour chaque musulman. C'est leur prise en main du djihad qui a permis à ce rite collectif de perdurer, autrement, il serait tombé en désuétude (39).

Pour résumer, le prérequis pour la paix ou la réconciliation est que les musulmans aient l'avantage. C'est ce que démontre un texte sunnite qui fait autorité, Umdat as-Salik, écrit par un érudit égyptien du XIVe siècle, Ahmad Ibn Naqib al-Misri :

« On doit trouver un bénéfice [maslaha] à la trève, autre que le seul status quo, car [il est écrit] :

"Ne soyez pas pusillanimes en offrant la paix à l'ennemi quand vous êtes les plus forts !" [Coran, 47:35] » (41).

On rappellera un épisode plus récent, et qui est d'une importance majeure pour les dirigeants occidentaux qui recommandent la coopération avec les islamistes. Yasser Arafat venait de négocier un traité de paix qui avait été vivement critiqué comme concédant trop de choses à Israël. Il s'adressa alors à une assemblée musulmane dans une mosquée de Johannesburg, et se justifia en ces termes :

« Je considère cet accord au même titre que l'accord signé par notre prophète Mahomet et les [Banei] Quraysh de la Mecque » (42). En d'autres termes, comme Mahomet, Arafat n'avait donné sa parole que pour la renier une fois que la situation le permettrait, c'est-à-dire quand les Palestiniens seraient à nouveau en position de passer à l'offensive et de reprendre la route de Jérusalem. Dans d'autres contextes, Hudaybiya a fait figure de mot-clé pour les islamistes radicaux. Le Moro Islamic Liberation Front avait trois camps d'entraînement au sein du complexe d'Abu Bakar dans les Philippines et l'un d'eux s'appelait Camp Hudaybiya (43).

http://www.meforum.org/2577/taqiyya-regles-guerre-islamique
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